2015, une année charnière
Submitted by Anonyme (non vérifié)Notre pays a connu en 2015 des événements importants, tout comme il a connu en son sein des échos puissants de ce qui a pu se passer ailleurs. D'une certaine manière, tout le monde sait désormais que plus rien ne pourra être comme avant.
La fin de l'année a ainsi été marquée par les grands succès électoraux du Front National lors des élections régionales de décembre 2015. Le PCF(mlm) a considéré qu'il fallait appeler à bloquer à tout prix le Front National et c'est ce que l'opinion publique de gauche a également considéré qu'il était juste de faire, quitte à soutenir des candidats réactionnaires, mais au moins n'étant pas fascistes. Ce fut un événement plein d'amertume, avec une profonde inquiétude pour l'avenir.
Tout dépendra, sans doute, de comment l'esprit Charlie se catalysera. Cela fut le grand paradoxe : malgré les succès du Front National, l'opinion publique a réfuté en bloc le racisme à la suite tant de l'opération armée de fondamentalistes islamiques contre Charlie hebdo et un magasin cacher au début de l'année, que celle menée par un autre groupe de fondamentalistes islamiques dans de multiples endroits de Paris et de la région parisienne en novembre, avec notamment le massacre du Bataclan.
20 ans après la mort de Khaled Kelkal, les fondamentalistes islamiques reprenaient leurs actions et les réactionnaires auraient pu très largement en profiter ; mais ils n'ont pas pu. L'année 2015, c'est donc ainsi surtout Je suis Charlie, qui a été l'expression d'une opinion publique démocratique très volontaire, avec notamment la plus grande manifestation de masse depuis 1945, bloquant nettement le progrès du fascisme.
C'est évidemment la raison pour laquelle il a été refusé en bloc à la fois par l'extrême-droite et l'ultra-gauche, qui n'ont cessé de le calomnier, alors que le PCF(mlm), à juste titre, a analysé la signification historique que cela signifiait au sein de la société française (notamment dans la Déclaration 66 - Front Populaire, guerre d'Espagne et manifestations du 11 janvier 2015).
Un autre événement ayant provoqué le trouble fut la grande vague migratoire de 2015, avec la gauche catholique et post-moderne faisant la grande promotion de la migration, niant la nature impérialiste des processus migratoires (nous avons réalisé un dossier clair à ce sujet). Les masses ont, naturellement, eu très peur des conséquences sociales qu'aurait une arrivée massive de migrants ; malheureusement ici le Front National a pu récupérer l'inquiétude populaire.
Il aurait pu d'ailleurs y avoir, en place du Front National, une option nationaliste de gauche. L'opinion publique a été fortement marquée par la victoire électorale en Grèce de SYRIZA, proposant une sorte de radicalité de gauche sur le plan économique et tentant de faire face aux créanciers de la dette de ce pays. Rien n'en est toutefois sorti, au grand dam des Mélenchon, Autain et Laurent qui ont tenté de manière désespérée de faire vivre un Front de gauche moribond ; l'échec de la grève à Radio France a été un exemple terrible de la faiblesse culturelle et idéologique existant à gauche.
La fin de l'année a d'ailleurs été marquée par un dédain complet, à gauche comme dans les masses, pour la COP 21 s'étant tenue en décembre à Paris, un événement pourtant capital dans l'histoire du rapport de l'humanité à la Biosphère.
Cela témoigne que la gauche, en France, souffre de deux plaies historiques : l'opportunisme des dirigeants socialistes et l'apolitisme syndicaliste révolutionnaire de l'extrême-gauche anarcho-trotskyste. Cela a donné un nivellement par le bas absolument terrible. La publication de nos dossiers visent justement à reconstruire idéologiquement et culturellement une analyse progressiste de la société française, ce qui passe par un esprit d'avant-garde, une loyauté et une fidélité exemplaire au matérialisme dialectique.
La bataille qui se joue en France actuellement est, c'est une évidence, culturelle. La société, bien qu'elle devienne de plus en plus apolitique et d'esprit corporatiste, a encore des secteurs très vivants, qui peuvent relancer des processus de luttes de classe. L'année 2015 aura été une année turbulente et dramatique ; on peut être certain que l'année 2016 sera dans la même tendance.