16 Jan 2017

Second débat des «Primaires citoyennes» : une gauche uniquement sociétale

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le second débat des « primaires citoyennes » a montré parfaitement qu'un seuil de basculement a été atteint ; désormais, seuls les thèmes post-modernes ont le dessus, c'est-à-dire ceux qu'on appelle « sociétaux », qui relèvent d'une philosophie de la « modernisation » de la société, au moyen de la conquête de « droits » nouveaux.

Quels sont ces « droits » ? Leur nombre est réduit, ce sont toujours les mêmes qui reviennent.

Il y a le droit à l'éducation, qui permettrait d'abolir les inégalités, celui aux énergies renouvelables, ce qui est une manière de se prétendre soucieux de l'environnement.

Il y a le droit aux aides sociales, avec le refus de « l'austérité » comme levier électoral dans les masses populaires.

Il y a le droit à l'immigration, qui a une double fonction : mettre en avant l'individualisme petit-bourgeois et ses rêves d'un capitalisme libéral donnant sa chance pour faire carrière, mais évidemment satisfaire le capitalisme en lui approvisionnant une main d'œuvre malléable.

Enfin, petite nouveauté qui n'étonnera personne, il y a le droit au cannabis, moyen d'apparaître comme anti-répressif tout en relançant à l'occasion le capitalisme.

Le second débat des « primaires citoyennes » a donc consisté en une guerre des nuances entre les candidats. 

Pour résumer :

* Arnaud Montebourg est un adepte d'un social-chauvinisme virulent et se situe à la droite du PS, mais est parvenu à donner l'illusion qu'il est à son aile gauche, au moyen d'un éloge de la relance keynésienne.

Le ton est lyrique, mais sans contenu :

« Rien n'est impossible, il suffit de décider de le faire »

* Manuel Valls est un radical-socialiste qui s'est retrouvé par hasard au PS et qui tente de légitimer sa place en assumant un discours républicain à la Jean Jaurès.

Comme il sait le résumer simplement :

« Une république forte dans une France forte »

* Benoît Hamon est un acharné du post-modernisme universitaire, avec toute sa logique de clientélisme communautaire et sa théorisation de la « raréfaction du travail », avec son revenu universel individualiste et son soutien au cannabis, élargissement de la PMA aux femmes seules, etc.

Il a trouvé une formule pour ne pas dire gauche sociétale ou post-moderne :

« Il faut une gauche totale face à une droite totale »

* Vincent Peillon est la doublure de François Hollande, sans la carrure. Pour l'anecdote, François Hollande est simplement allé au théâtre hier soir, au lieu de suivre ce second débat télévisé des « primaires citoyennes ».  

Le slogan de Vincent Peillon est représentatif de cette ligne de continuité :

« Une gauche bien ancrée dans ses valeurs »

* François de Rugy est la doublure de François Hollande, avec une teinture de vert.

Son slogan est représentatif de cette ligne de continuité, mais avec lui en plus :

« La gauche est forte quand elle s'empare d'idées neuves »

* Sylvia Pinel est une anarcho-capitaliste présentant les choses proprement.

Ce qui donne, en toute politesse :

« Mon projet, c'est celui de la gauche des libertés »

* Jean-Luc Bennahmias est un anarcho-capitaliste présentant les choses de manière embrouillée.

Mais il sait qu'il est juste là pour donner le change et faire semblant de rassembler sous le drapeau du modernisme :

« Il faut une majorité progressiste »

Il ne serait pas juste de dire qu'il n'y a là presque rien, car il y a bien quelque chose : le reflet d'intellectuels et d'élus pourrissant sur pied, car en-dehors de tout rapport au peuple, car totalement corrompus par le capitalisme.

Ce constat est révolutionnaire en soi et rien ne sert de jeter de la farine sur Manuel Valls, comme l'a fait quelqu'un à Strasbourg à la fin décembre 2016 en criant « Le 49-3, on n'oublie pas ! ».

Ce qu'il faut, c'est partir de ce constat pour développer des points d'ancrage permettant de développer la démocratie populaire comme antagonisme à la réaction et à ses alliés objectifs « modernistes ».

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