Arnaud Montebourg : un candidat «socialiste, mais pas seulement»
Submitted by Anonyme (non vérifié)C'est tout un symbole de l'effacement intellectuel et culturel des valeurs de gauche, contre quoi il faut se dresser.
Il y a quarante ans, Pierre Joxe avait donné naissance à une « fête de la rose » à Frangy-en-Bresse ; quoi qu'on en pense, il y avait un contenu, une vraie démarche cherchant à aller à gauche.
Cette année, cela s'est vu transformer en « fête populaire » organisée par Arnaud Montebourg (qui a récupéré à son compte la fête depuis les années 2000) se pavanant devant les journalistes. Si auparavant il évitait à tout prix les grosses voitures – pour « faire peuple » – cette fois c'est une berline qu'il a utilisée.
C'est qu'Arnaud Montebourg tente d'apparaître comme l'homme providentiel, conformément à l'idéologie de mobilisation populiste que représente les élections présidentielles de la Ve République.
Peut-on chercher à faire avancer les choses, en jouant ainsi la carte du populisme, en niant tout contenu intellectuel et culturel ? Absolument pas.
Arnaud Montebourg y a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle, tout en ne précisant pas s'il participerait aux primaires socialistes ! Et il a bien souligné que son projet était « socialiste, mais pas seulement ».
Ce qu'on voit, c'est qu'Arnaud Montebourg n'est pas quelqu'un mettant en avant des valeurs de gauche, de rupture par la gauche avec François Hollande, mais quelqu'un cherchant, parmi bien d'autres, à faire une rupture social-chauvine avec François Hollande.
Le Huffington Post n'a pas hésité d'ailleurs, fort justement, à résumer l'idéologie d'Arnaud Montebourg à un tétraptyque « VIe République, démondialisation, nationalisation, made in France ».
C'est-à-dire un tableau en quatre parties visant à la mobilisation populaire permettant de renouveler les institutions en profitant d'un élan nouveau, renforçant la perspective impérialiste de la France dans le jeu de la concurrence capitaliste internationale.
Au lieu de dénoncer la bourgeoisie qui, en tant que classe sociale, conduit la société à la décadence tout en renforçant ses profits en pressurisant toujours davantage les larges masses, on a avec Arnaud Montebourg l'option d'une sortie « par en haut », par le renforcement du capitalisme français de manière agressive.
L'une des mesures « phares » proposée par Arnaud Montebourg est d'ailleurs de réserver pendant huit années 80% des marchés publics aux PME, ainsi que de lancer un programme de soutien à l'accession à la propriété pour les 4,5 millions de locataires d'un logement social.
C'est là véritablement se tourner vers le capitalisme comme moyen de « sortir de la crise » !
Arnaud Montebourg n'est donc nullement quelqu'un avec des valeurs de gauche. C'est un opportuniste, coupé de toute tradition de gauche au sens large. Il a, d'ailleurs, pour parvenir à exister politiquement, trahi Martine Aubry en 2012 lors des primaires socialistes, afin de soutenir François Hollande, travaillant ensuite à couler Jean-Marc Ayrault pour que Manuel Valls devienne premier ministre.
C'était le prix tactique à payer après avoir échoué précédemment à avancer, alors qu'il avait été porte-parole de Ségolène Royal pour l'élection présidentielle en 2007, et alors qu'il y a deux ans, alors qu'il était ministre du Redressement productif de François Hollande, il s'était fait éjecté après sa provocation d'une « cuvée du redressement de 2014 ».
Il est important de s'intéresser à ce que propose Arnaud Montebourg, afin de dénoncer sa tentative de formuler par la gauche un « gaullisme social » qui, naturellement et le fait est significatif, ne parle aucunement d'écologie.
C'est le reflet d'une position de classe liée à la bourgeoisie et incapable d'affronter les problèmes de notre époque.