26 sep 2016

Le dilemme face au risque de Marine Le Pen au second tour des élections présidentielles de 2017

Submitted by Anonyme (non vérifié)

C'est un sujet qui n'existe pas à l'ultra-gauche, pour qui tout se vaut. Mais c'est la hantise des progressistes, ainsi que des gens d'« esprit Charlie » en général. Que faire au second tour des élections présidentielles si Marine Le Pen y est présente ?

Car, naturellement, nous savons toutes et tous qu'elle est bien partie pour accéder au second tour, tout en ayant une difficulté énorme à dépasser les 40 %. Elle le sait et modernise sa ligne, avec l'option nationale-républicaine. Peut-être même qu'elle espère perdre en 2017, pour être d'autant plus prête dans la foulée en cas de crise politique.

Paradoxalement, cela rend la question non pas plus facile, mais plus difficile. Il s'agit non seulement, en effet, de barrer la route demain à Marine Le Pen, mais également de prévoir comment lui barrer la route après-demain.

C'est là que c'est un cauchemar et que tout se complique vraiment. Fort logiquement, personne de progressiste ne voit de possibilité réelle de barrer la route à Marine Le Pen en soutenant François Hollande, Emmanuel Macron ou Nicolas Sarkozy : on sait bien que cela la renforcerait encore plus à moyen terme.

Et pourtant, il faut bien en même temps empêcher Marine Le Pen et ses cadres de s'installer politiquement, institutionnellement, socialement, culturellement, idéologiquement. De là toutefois à espérer la présence d'Alain Juppé au second tour face à elle (afin d'essayer de l'empêcher de faire plus de 40% et ainsi espérer ralentir voire casser sa dynamique), il y a un pas que seule une ultra-minorité d'idéalistes fait.

Si, en plus, on veut la révolution, comme c'est notre cas, le dilemme devient plus que complexe. En théorie, participer aux élections, c'est, en l'absence d'un authentique mouvement révolutionnaire puissant dans certaines situations très particulières, toujours soutenir le capitalisme et son État.

Seulement, ne pas mobiliser contre Marine Le Pen revient en pratique à de l'anarchisme. C'est le choix justement des faux maoïstes et des vrais trotskystes, toutefois cela ne saurait être le nôtre...

Alors, comment faut-il comprendre les choses ? On voit bien, finalement, qu'il y a ici deux mondes.

Il y a le monde fantasmagorique de « Nuit debout », des anarchistes, de tout ce qui tourne autour du syndicalisme CGT ou CNT, qui raisonne uniquement en termes sociaux et ne perçoit nullement la menace Marine Le Pen. Pour ces gens, le fascisme est un concept qui n'a pas de sens.

Et il y a le monde concret, mais déboussolé, des progressistes qui se doute de ce qu'est le fascisme et qui est profondément tourmenté par la situation.

Si François Hollande compte d'ailleurs se présenter, malgré des sondages lamentables, c'est parce qu'il dispose de l'appareil du Parti Socialiste et qu'il table sur l'émergence d'une ligne « culturelle » anti-Marine Le Pen pour gagner. Il pense que cela brassera plus large que l'option « sociale » à tendance chauvine de Jean-Luc Mélenchon.

De son côté, le Parti « Communiste » français de Pierre Laurent est d'accord avec cette évaluation, mais se retrouve coincé, perdant le « culturel » dans le « social » de Jean-Luc Mélenchon ou bien le « social » dans le « culturel » de François Hollande.

Tout cela est d'une grande signification.

La gauche en général est un tel chantier que, en évitant tout rapport avec l'ultra-gauche, il y a le moyen d'affirmer un véritable courant progressiste, profitant des apports du matérialisme dialectique, refusant les travers des thèses « post-modernes », impulsant une dynamique réelle dans les masses, la classe ouvrière.

Plutôt que de partir de l'inéluctabilité du dilemme du second tour des élections présidentielles de 2017, prenons la situation d'aujourd'hui telle qu'elle est et bataillons dans la guerre de positions qui existe.

Il n'y a de fait que deux options possibles : soit la société bascule dans le nationalisme et le corporatisme, l'apolitisme et l'individualisme, soit elle penche du côté de la raison et de la planification, de la paix et de la culture.

L'alternative est la même que celle qui s'est posée symboliquement à l'exposition universelle de Paris en 1937, où les pavillons nazi et soviétique se faisait face.

Un ordre nouveau est inéluctable et soit on participe à l'affrontement entre tendance au fascisme et tendance à la démocratie populaire, soit on se place en-dehors de l'Histoire.

Il faut donc frapper fort idéologiquement et culturellement, afin d'orienter le plus de progressistes possibles, d'éviter à des secteurs de progressistes de se précipiter dans le réformisme, par dépit. Il faut étudier nos dossiers, les diffuser, contribuer à leur amélioration et à de nouvelles productions. Il faut motiver, mobiliser, organiser, sur la base de la rationalité, de la culture.

C'est cela, le sens du refus de la spontanéité, le sens de la bataille des idées, la base du socialisme scientifique.

Rubriques: