5 juil 2013

Défense et illustration de la langue française - 1re partie : L'affirmation culturelle de l'Ordonnance de Villers-Cotterêts

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La Deffence, et Illustration de la Langue Francoyse, écrite en 1549, est une œuvre maîtresse de la formation de la nation française.

Écrite par Joachim du Bellay (1522-1560), elle est l'affirmation culturelle de ce qui a été énoncé idéologiquement par l'Ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539.

Dans « La Deffence », Joachim du Bellay salue la valeur et l'importance de la langue française ; dix années auparavant, l'Ordonnance de Villers-Cotterêts faisait du français la langue juridique et administrative.

L'écrit de Joachim du Bellay est donc une œuvre progressiste ; elle unifie les masses, sous la bannière de la culture, alors nationale. La nation englobe des masses et les fait avancer à une nouvelle étape de civilisation.

Joachim du Bellay était conscient de la nature de ce processus, puisqu'il n'oppose pas une langue à une autre. Il insiste sur ce point, dès le départ :

on ne doit ainsi louer une langue et blâmer l'autre : vu qu'elles viennent toutes d'une même source et origine, c'est la fantaisie des hommes, et ont été formées d'un même jugement, à une même fin : c'est pour signifier entre nous les conceptions et intelligences de l'esprit.

Télécharger Défense et illustration de la langue française de Joachim du Bellay au format PDFOn a là une valeur propre à l'époque du capitalisme grandissant, ce qui a été appelé l'humanisme. On en retrouve d'ailleurs l'exigence de travail et d'amélioration. Cela ne veut pas dire ici qu'il faille considérer la langue comme une superstructure, qu'on pourrait modifier comme bon nous semble.

Joachim du Bellay souligne bien la dimension nationale de la langue, sa réalité est par nature la même partout, mais elle se réalise dans un cadre bien précis – ce qui est pour nous l'infrastructure.

C'est le hasard des différentes situations qui a amené les êtres humains à parler diverses langues. C'est tou tà fait correct ; dans une période future, à un stade avancé de socialisme, les masses parleront une langue commune sur l'ensemble de la planète.

Voici ce que dit Du Bellay :

Il est vrai que, par succession de temps, les unes, pour avoir été plus curieusement réglées, sont devenues plus riches que les autres ; mais cela ne se doit attribuer à la félicité desdites langues, mais au seul artifice et industrie des hommes.

Ainsi donc toutes les choses que la nature a créées, tous les arts et sciences, en toutes les quatre parties du monde, sont chacune endroit soi une même chose ; mais, pour ce que les hommes sont de divers vouloir, ils en parlent et écrivent diversement.

Télécharger Défense et illustration de la langue française de Joachim du Bellay au format ePubPour cette raison, et en raison de ce principe, Du Bellay considère qu'il y a lieu de se préoccuper de sa propre langue. Il exprime ici le reflet du mouvement historique de la matière. A partir du moment où une nation prend forme, sa langue se développe.

Du Bellay arrive exactement à ce moment-là et, reflétant les exigences des poètes de la « Pléiade » à laquelle il appartenait, il demande que le processus d'affirmation de la nation soit accompagné.

De fait, l'affirmation de la langue française au 16e siècle sera un triomphe, et les notables occitans assumeront une tendance déjà largement commencée et passeront au français pour leur registre, happés par le poids culturel et de civilisation.

Comment Du Bellay concevait-il d'accompagner cette émergence du français? En faisant en sorte que la langue soit conforme au processus de développement, en procédant à ce qu'il appelle son « amplification. »

Le terme est son leitmotiv, sa ligne idéologique, elle-même fondée sur la perception d'une croissance en cours. Voici comment il présente la chose :

Ainsi puis-je dire de notre langue, qui commence encore à fleurir sans fructifier, ou plutôt, comme une plante et vergette, n'a point encore fleuri, tant s'en faut qu'elle ait apporté tout le fruit qu'elle pourrait bien produire.

Cela certainement non pour le défaut de la nature d'elle, aussi apte à engendrer que les autres, mais pour la coulpe de ceux qui l'ont eue en garde, et ne l'ont cultivée à suffisance, mais comme une plante sauvage, en celui même désert où elle avait commencé à naître, sans jamais l'arroser, la tailler, ni défendre des ronces et épines qui lui faisaient ombre, l'ont laissée envieillir et quasi mourir.

La langue, qui relève de l'infrastructure, accompagne son développement général.

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