27 nov 2014

Congrès européen «Le réveil des nations» : du cosmopolitisme sur toute la ligne

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le nationalisme se prétend relever des « traditions », alors qu'il est un produit politique réactionnaire du XIXe siècle, sur une base cosmopolite. Rien n'est plus étranger au nationalisme que la culture nationale, les masses populaires réelles ; ce qui compte, c'est le romantisme, la mobilisation des masses contre une « oligarchie ». Mais la culture réelle ? Versailles, le Louvre, Honoré de Balzac, Charles Baudelaire ? Cela ne compte pas.

Le « congrès européen » intitulé « Le réveil des nations » qui s'est tenu à Nanterre ce 22 novembre, en banlieue parisienne, s'est révélé tout à fait conforme à cet esprit. Les nationalistes français n'y ont pas parlé de Molière ou de Jean Racine, de Versailles ou de Richelieu, ni même d'ailleurs de leurs figures historiques qu'ont été Charles Maurras ou Maurice Barrès.

Non, les nationalistes français sont nationalistes, mais leur base idéologique n'est pas la « nation », simplement la réaction : c'est une réaction décadente contre la décadence. La culture française ne les intéresse pas, sauf dans une version baguette-pinard des bistros bourgeois, ou bien dans une version punk de droite version hipster : les barbes touffus étaient un signe de reconnaissance de fascistes « branchés ».

Par conséquent, c'est la lecture cosmopolite du site Zentropa qui a triomphé. Réalisé par un Français italien (ou un Italien français), ce site mélange tout et n'importe quoi d'extrême-droite, tentant de synthétiser ou de réaliser un syncrétisme qui ressemble à quelque chose et qui soit proche de l'extrême-droite italienne de Casapound, dont le dirigeant était présent bien sûr comme figure tutélaire du congrès.

600 personnes ont donc écouté des représentants invités par le « GUD » parisien, dans une démarche qui est celle de Caspound. Étaient donc présents les Français du GUD, mais aussi ceux du « Mouvement d'Action Sociale » (idéologiquement particulièrement proches de Caspound).

Il y avait « Synthèse Natonale », puis de l'étranger des gens de l'extrême-droite grecque « Aube Dorée » (Chrysi Avgi), de l'extrême-droite chypriote « Front Populaire National » (Ethniko Laiko Metopo), de l'extrême-droite belge « Nation » et enfin de l'extrême-droite espagnole « Mouvement Social Républicain » (Movimiento Social Republicano), qui pratique désormais les « squats » comme Casapound et a dû faire face à une scission récemment suite à cette nouvelle ligne.

Dans le public, on trouvait également des gens de « Réseau identités », « Terre et peuple » ainsi que Thomas Joly du « Parti de la France ». La fin du congrès a été marqué par les concerts des Français de « Baignade Interdite » et des Italiens de « Blind Justice » et « Bronson ».

Tout ce mélange improbable au nom du « nationalisme » montre à quel point la France ne compte pas pour ces gens ; elle n'est pas leur moteur, ni même leur identité. C'est le romantisme qui est leur étalon de mesure, même pas l'idéalisme, car pareillement pour l'idéalisme il faut de la culture.

Cependant, la culture demande de la raison et donc la classe ouvrière, et cela est intolérable pour des réactionnaires qui veulent un retour en arrière, et pas un Etat socialisant l'économie et faisant triompher la culture démocratique et populaire.

C'est le grand paradoxe : ce « congrès des nations » n'avaient rien de « totalitaire » ; il n'y avait aucun grand projet « national », simplement le nationalisme comme « style ». C'est dire ici l'absence d'envergue morale, intellectuelle, sociale.

Les propos du responsable du « Mouvement d'Action Sociale » furent éloquents ; en voici un extrait représentatif :

« Aux victimes de la crise, aux petits blancs, aux sans-dents comme dirait le comique en scooter de l’Elysée, il reste les grandes banlieues quand elles ne sont pas totalement occupées, les zones périurbaines et la ruralité plus ou moins sinistrée. Ce grand exode, massif et silencieux est une véritable révolution sociologique des territoires et appelle toute notre attention.  La hausse brutale et surprenante des résultats du FN (quoi que l’on pense de ce parti) aux élections européennes dans l’Ouest de la France - autrefois terre de mission - en est un indicateur patent.

Ces oubliés des territoires périphériques, délaissés par les structures étatiques mais écrasés par la fiscalité et les mesures vexatoires (éloignement, proximité forcée avec les masses immigrées) se retrouvent dans l’obligation de trouver des solutions par eux-mêmes et font émerger de nouveaux modes d’organisation qui débouchent sur des formes de reprise de pouvoir, de souveraineté.

Ne pas les voir c’est passer à côté d’un levier de combat. Ne pas s’engager avec nos compatriotes dans ce processus, c’est manquer d’esprit révolutionnaire et surtout, passer à côté d’une occasion historique de diffuser nos idées.

Nous avions l’habitude de penser que nous étions en quelque sorte les détenteurs légitimes de la révolte des paroles et des actes (sorte d’autopromotion injustifiée que nous partageons avec une partie de l’ultra-gauche).

Mais une fois de plus, l’histoire nous surprend et, des bonnets rouges aux coopératives ouvrières, des paysans qui s’organisent pour vendre eux-mêmes leur récoltes aux initiatives décroissantes, localistes, écologiques et anti-consommation toute une frange de notre peuple réagit et construit parfois inconsciemment les outils de contre-pouvoir.

J’irai même jusqu’à dire et affirmer que les ZAD font partie de ce mouvement d’ensemble. Je n’ai aucune espèce de sympathie pour les clowns à dreadlocks qui dansent devant les gendarmes, mais j’avoue en avoir encore moins pour les forces de « l’ordre », chiens de garde du Système. »

Le style contre le système ? Ces gens veulent une CNT d'extrême-droite, ils veulent des hipsters de droite, ils ne veulent aucunement changer de fond en comble la France. Comment le pourraient-ils ? Pour eux elle est un territoire où projeter leur romantisme, voilà tout.

On retrouve le même schéma que la petite-bourgeoisie « gauchiste », mais en mode réactionnaire ; on retrouve le transvasement de la critique romantique petite-bourgeoise gauchiste à celle d'extrême-droite, avec le même anticommunisme, le même culte petit-bourgeois de la petite entreprise « autogérée », la critique idéaliste de « l'argent », l'antisémitisme larvé, etc.

Une preuve finale de cet cosmopolitisme, s'il en fallait une, est la non-présence de nationalistes des pays de l'Est, et surtout d'Ukraine. S'il est un pays où la question nationale est brûlante, c'est bien là-bas, où le pays est dépecé par une extrême-droite vendue aux impérialistes américains et des forces socialisantes vendues à l'impérialisme russe.

Seulement, il aurait alors fallu poser la question de l'histoire de la nation ukrainienne, de sa culture (voir Ukraine : ou bien Shevchenko et Vasnetsov, ou l'inévitable chute dans une situation semi-coloniale). Ce serait exiger d'avoir ici une perspective matérialiste dialectique – et c'est précisément ce qui est insupportable au romantisme.

Le « congrès européen » pouvait donc passer sous silence le drame ukrainien, non adopté à leurs exigences purement cosmopolites d'un « lifestyle » romantique combattant une « oligarchie » pour mieux trahir les masses populaires et leur culture… nationale.

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