19 juil 2017

La revendication nationaliste et militariste de Jean-Luc Mélenchon

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Suite à la cérémonie honorant la terrible rafle du Vel d'Hiv, Jean-Luc Mélenchon s'est lancé sur son blog dans une diatribe ultra-nationaliste et militariste.

L'ensemble des médias se gaussent d'ailleurs de son populisme contradictoire. Il y a peu, durant la campagne des élections présidentielles, Marine Le Pen avait nié que la France ait un rapport avec la rafle, Jean-Luc Mélenchon critiquant alors ce positionnement, expliquant alors :

« La République française n'est pas coupable mais la France l'est. »

Il vient de faire un retournement à 180°, dans le prolongement de sa tendance toujours plus grande au nationalisme le plus outrancier. Il nie en effet que la France, en tant que nation, ait un quelconque rapport avec la rafle.

Il nie que la France ait collaboré avec l'occupant, affirmant qu'elle ne serait responsable de rien dans l'Holocauste. Il y a là un déni complet de la réalité du poison antisémite, de sa vigueur en France alors.

« Déclarer que la France est responsable de la rafle du Vel’ d’Hiv’ est là encore un franchissement de seuil d’une intensité maximale.

En effet, nul ne peut contester que des Français ont été personnellement responsables du crime comme ce fut le cas, notamment, dans la police qui opéra la rafle sans exprimer la moindre protestation ni acte de résistance, mais aussi de la part de toutes les autorités de tous ordres qui se rendirent complices, soit activement, soit par leur silence, soit parce qu’elles avaient renoncé à s’y opposer de quelque façon que ce soit.

Mais dire que la France, en tant que peuple, en tant que nation est responsable de ce crime c’est admettre une définition essentialiste de notre pays totalement inacceptable.

La France n’est rien d’autre que sa République. À cette époque, la République avait été abolie par la révolution nationale du maréchal Pétain. Dans cette vision de l’Histoire, la France, à cette époque, était à Londres avec le général De Gaulle et partout des Français combattaient l’occupant nazi.

Sur le territoire national, il n’y avait rien d’autre qu’une nation dirigée par un régime de fait dans un pays dont la moitié était occupée par les armées nazies et l’autre moitié dirigée par des gens qui avaient imposé de force une idéologie jumelle.

Jamais, à aucun moment, les Français n’ont fait le choix du meurtre et du crime antisémite ! Ceux qui ne sont pas juifs ne sont pas tous, globalement et en tant que Français, coupables du crime qui a été commis à ce moment-là !

Tout au contraire, par sa résistance, ses combats contre l’envahisseur et par le rétablissement de la République dès que celui-ci a été chassé du territoire, le peuple français a prouvé de quel côté il était réellement. Il n’est pas au pouvoir de Monsieur Macron d’assigner tous les Français à une identité de bourreau qui n’est pas la leur ! Non, non, Vichy ce n’est pas la France ! »

Il est vrai qu'ici, Jean-Luc Mélenchon ne fournit pas une position originale. Il a la position traditionnellement plus qu'à la limite de l'antisémitisme qui a prédominé en France après 1945, position historiquement combattue par Bernard-Henri Lévy dans « L'idéologie française » ainsi que par les écrits de l'historien israélien Zeev Sternhell.

La France serait « extérieure » à l'antisémitisme, elle n'aurait rien à se reprocher. C'est là une fable abandonnée en pratique par la bourgeoisie elle-même… comme nous le constations il y a deux jours, en soulignant par contre l'antisémitisme diffusé par la petite-bourgeoisie dans les masses populaires.

Jean-Luc Mélenchon, sans aucun doute, converge ici avec le populisme plébéien, l'anticapitalisme romantique qui rejette formellement toutes les traditions de la Gauche. Jean-Luc Mélenchon a par ailleurs de manière sordide joué sur le tableau du communautarisme, dans la même veine que Dieudonné et Alain Soral :

« L’invitation du chef du gouvernement d’extrême droite en Israël a suscité des haut-le-cœur de tous côtés pour les raisons politiques que l’on comprend sans difficulté quand on n’est pas d’extrême droite. Mais c’est surtout les prises de position du président français dans cette circonstance qui posent problème.

Lier l’antisionisme et l’antisémitisme est une thèse très ancienne des milieux communautaristes. Mais c’est la première fois que cette thèse est rendue officielle par le président de notre République.

Ce n’est pas un petit sujet que de lier une opinion politique à un délit puni par la loi en France. Qui pourrait admettre qu’une telle option soit prise au nom du pays tout entier sans une seconde de discussion par qui que ce soit, du seul fait que le Prince l’a décidé ? »

Qui sont ces « milieux communautaristes » dont il est parlé ? Le flou est ici habilement laissé, par machiavélisme et jeu avec l'antisémitisme. Pas un mot sur l'Holocauste, pas un mot sur les enfants de la rafle, mais encore et toujours ce jeu sordide, typiquement français dans son hypocrisie catholique et judéophobe.

Ce nationalisme ignoble – le nationalisme français est pétri d'une culture du sous-entendu, d'un goût cynique pour le sordide – converge bien entendu avec un militarisme abject. Jean-Luc Mélenchon défend la fronde du chef d'état-major des armées, il appelle à un vrai budget militaire, il veut une armée puissante et non le « bradage généralisé » !

Ce militarisme se masque derrière le refus du fait qu'Emmanuel Macron aurait le droit de prendre des choix tout seul (alors que c'est la base du régime de la Ve République), qu'il ne faudrait pas d'alliance avec l'Allemagne, etc.

Jean-Luc Mélenchon s'affirme toujours plus clairement comme un équivalent social-impérialiste de la ligne de Marine Le Pen.

« Il va de soi que le devoir des militaires est de servir et d’obéir. Aussi longtemps que la règle posée ne leur reconnaît ni le droit de se syndiquer ni celui d’exprimer une opinion politique, cette règle s’impose et il n’appartient à aucun de ses chefs de la violer. Pour autant, au cas précis de l’intervention du Général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, la violence du recadrage et son caractère inutilement humiliant font réfléchir. Pierre de Villiers s’est exprimé dans le cadre de questions qu’on lui posait à la commission Défense de l’Assemblée nationale.

Son devoir devant la représentation nationale est donc de répondre avec franchise et sincérité aux représentants du peuple. Dans un tel contexte, on ne peut lui reprocher d’avoir dit ce qu’il pense et ce qu’il croit juste à propos de la situation des armées. Dès lors, le président n’est pas fondé à dire que ce serait là « étaler en public » les problèmes qui se posent. Je précise ce point, car sur un sujet aussi délicat que celui des rapports d’autorité entre l’armée et les responsables politiques du pays, il faut fonctionner dans la plus grande rigueur et le respect de l’esprit des lois qui les organisent.

Dans ces conditions, si fermement que je sois attaché à l’autorité supérieure du politique sur les militaires et à leur devoir de stricte obéissance, je désapprouve, après y avoir sérieusement réfléchi, l’admonestation à laquelle s’est livré le président de la République.

Je la désapprouve pour la raison de fond que je viens d’évoquer : le général devait dire ce qu’il pense vraiment et sincèrement dans les mots qui lui paraissaient les plus adaptés pour décrire son état d’esprit. Mais aussi parce que la préoccupation qu’il exprime est trop délicate pour être seulement réglée par un rappel à l’ordre.

Les armées sont bel et bien placées dans une situation extrêmement tendue. Impliquées sur quatre fronts dans des conditions de pénurie de moyens bien connues, elles se voient annoncer par la presse une nouvelle série de coupes budgétaires extrêmement mutilantes.

Quoi que l’on pense de la valeur de la dépense militaire, quoi que l’on pense des conflits dans lesquels nos forces armées sont engagées, le devoir du pays reste d’assumer ses décisions. On ne peut ouvrir quatre fronts sans savoir qu’il faudra les financer.

Refuser de le faire au moment où des hommes et des femmes sont engagées dans le combat est de nature à disloquer tout le système en lui donnant la preuve que ses chefs eux-mêmes ne croient pas à la valeur de ce qu’ils ont décidé. C’est donc une très grave faute politique. Si particulier qu’il soit, le commandement sur les militaires ne s’est pourtant jamais réduit à des aboiements. Les militaires, comme toutes les autres communautés de fonctionnaires, ne sont pas exempts des exigences du consentement à l’autorité dans un pays démocratique.

À cela s’ajoute d’autres impératifs à prendre en compte. Le président qui décide des coupes budgétaires est aussi celui qui ne cesse de répéter qu’il consacrera 2 % de la richesse du pays au financement des armées. Tout le monde a relevé l’incohérence de cette situation !

Mais il faut surtout montrer le soubassement qui est à l’origine de ces comportements erratiques. À quoi bon parler de dépenses quand on n’a pas parlé des objectifs ni la stratégie pour les atteindre ! Quel est le niveau de dépenses nécessaires ? Celui qui permet de financer les objectifs que l’on se donne ! Quels sont ses objectifs ?

Voilà ce qu’on a du mal à savoir en écoutant et en regardant se comporter le président Macron. C’est ce qui met à nu le caractère purement autoritaire et démonstratif de l’admonestation qu’il a adressée aux chefs des armées le 13 juillet. Quand dans la même semaine le président annonce un improbable plan de rapprochement militaire avec l’Allemagne, l’amertume gagne ! Quoi ! On a déjà vendu la moitié de l’entreprise qui produit les chars Leclerc à une famille de milliardaires allemands.

On pensait que l’air du bradage généralisé qui a été la caractéristique de la présidence de Monsieur Hollande en matière de défense était enfin terminé. Apparemment il n’en est rien. Les armées qui utilisent dorénavant le fusil allemand voleraient demain dans des avions dans la production échapperaient aussi au contrôle du pays !

Quel genre de doctrine de défense cela sous-entend il ? Depuis quand la question de l’indépendance et donc de la maîtrise de la production de matériel militaire est-elle devenue un sujet sur lequel un homme seul peut décider de tout changer sans qu’on en discute une seule minute ? »

De tels propos nationalistes et militaristes montrent bien la nature réelle de Jean-Luc Mélenchon, son caractère foncièrement réactionnaire. Il n'appartient pas à la Gauche, il veut même en être son fossoyeur : son objectif est de la détruire pour faire exister à la place un populisme plébéien social-impérialiste, mobilisant les masses derrière un projet nationaliste.

Rubriques: