Aymeric Caron et le «marxisme du XXIe siècle»
Submitted by Anonyme (non vérifié)À chaque fois que le capitalisme rentre en crise, la petite-bourgeoisie s'agite de manière démesurée afin de maintenir son existence. Elle utilise un anticapitalisme de façade afin que le prolétariat la soutienne, elle pratique le nationalisme afin que la bourgeoisie lui laisse une part du gâteau.
À ce petit jeu, tout est bon, tout est récupérable, tout est utilisable, déformable, malléable à volonté. Aymeric Caron, chroniqueur télé habitué des polémiques, vient d'expliquer dans cette logique que « La protection animale est le marxisme du XXIe siècle ».
Bien étrange marxisme que celui-là, puisqu'il est sans Karl Marx et sans communisme, mais visant une « biodémocratie » avec comme références Plutarque, Arne Naess, Montaigne, Charles Darwin, Pierre Kropotkine et Élisée Reclus, Henry David Thoreau, Arthur Schopenhauer, Gandhi, René Dumont, André Gorz, Edgar Morin, Michel Serres, Peter Singer, Tom Regan, Gary Francione.
Un mélange baroque de personnalités étrangères les unes aux autres, pour finalement rien de bien original, puisqu'il s'agit d'une reformulation de la théorie du « biopolitique » élaboré par le post-moderne Michel Foucault, relooké de manière écologiste.
Aymeric Caron, en effet, vient de découvrir le véganisme et de se définir par conséquent comme « vegan ».
C'est peut-être une nouveauté sur les plateaux de télévision et dans l'Est parisien, mais cela ne nous impressionne pas : être vegan est une attitude de la vie quotidienne bien connue des révolutionnaires, que ce soit en Angleterre où le Front de Libération Animale (Animal Liberation Front) a mené une offensive populaire très vaste dans les années 1970-1980, chez les autonomes allemands où c'est une norme hégémonique, ou bien encore et naturellement au PCF(mlm) où c'est une démarche reconnue en tant que telle comme étant de grande valeur.
C'est là ce qui est frappant avec les intellectuels petits-bourgeois comme Aymeric Caron : ils arrivent après, ils pillent et reformulent, tout en prétendant avoir découvert des choses formidables et radicalement nouvelles, entièrement « transformatrices » du monde.
Aymeric Caron ne déroge pas à la règle de la mégalomanie et sa prétention est assez formidable dans son genre, puisqu'on devine assez aisément qu'il s'imagine une grande carrière politique, comme représentant d'une nouvelle gauche décroissante et « éthique ».
Ce serait alors une énième variante de la décroissance, du rejet du marxisme dans ce qu'il exige : le développement des forces productives, qu'Aymeric Caron rejette fondamentalement, au nom du rejet de la « société de consommation ».
C'est qu'il n'a pas compris – comme tous les épigones de la petite-bourgeoisie – que les forces productives ne sont pas « neutres » mais dépendent de choix idéologiques et de la répartition de ce qui est produit.
Le capitalisme veut des forces productives limitées au service du profit et, pour cela, il a besoin des centrales nucléaires, de fast-foods, d'émissions de télé-réalité, etc. ; le socialisme veut des forces productives illimitées au service de la culture et, pour cela, il a besoin d'énergie solaire, de fusées spatiales, d'écoles, de bibliothèques.
Mais comme dans tous les cas de figure, la petite-bourgeoisie est perdante – le capitalisme aboutit aux monopoles, qui eux-mêmes sont l'anti-chambre du socialisme –, elle exige que tout soit ralenti, confiné, gelé.
Les animaux sont ici un prétexte comme un autre pour Aymeric Caron et le courant qu'il représente qui vise à faire tourner en arrière la roue de l'histoire. Pour faire en sorte que rien ne change, le petit-bourgeois s'excite pour que tout change… en apparence seulement.
Le petit-bourgeois, pris de terreur devant l'effondrement de sa classe, tente de « révolutionner » le monde sans le changer, de faire la révolution... sans la faire.
Lénine, dans son fameux écrit sur le gauchisme comme maladie infantile du communisme, nous rappelle à quel point il faut se méfier des postures « radicales » de la petite-bourgeoisie :
« Le petit bourgeois, "pris de rage" devant les horreurs du capitalisme, est un phénomène social propre, comme l'anarchisme, à tous les pays capitalistes.
L'instabilité de ce révolutionnarisme, sa stérilité, la propriété qu'il a de se changer rapidement en soumission, en apathie, en vaine fantaisie, et même en engouement "enragé" pour telle ou telle tendance bourgeoise "à la mode", tout cela est de notoriété publique. »
La « protection animale » est quelque chose de fondamentalement digne et effectivement d'importance, mais lorsque la petite-bourgeoisie en parle, c'est simplement pour en faire le vecteur de ses intérêts, de sa terreur devant un monde qui la brise.
C'est ici un effet de mode – en partie seulement, bien entendu, dans la mesure où il y a la protection animale dans sa version bourgeoise et celle dans sa version prolétarienne. Aymeric Caron étant le représentant, naturellement, de la version bourgeoise et plus précisément petite-bourgeoise, dont la base est vaine et ne sert qu'à se lamenter sur son sort.
Si ce n'était pas le cas, on aurait alors, comme en Angleterre ou aux États-Unis au moment du développement de celle-ci, une multitude d'actions illégales, un véritable élan d'engagement dans la jeunesse, une déferlante culturelle appelant à renverser l'ancien monde dans une vague révolutionnaire.
Il ne semble pourtant pas qu'en France, aujourd'hui, les laboratoires pratiquant la vivisection soient attaqués et les animaux emportés par des personnes cagoulées, qu'il y ait une multitude d'incendies de voitures et de locaux liés à l'industrie de la viande, ni même de bris de vitrines de boucheries.
Bien au contraire, même, on peut voir à quel point la société française est pétrie de conformisme, de traditions, d'individualisme, notamment la jeunesse. Consommer moins de viande, produite dans l'esprit de la France des années 1960, tel est le programme maximum… dont Aymeric Caron n'est que l'amuseur « radical ».
Car c'est ce qu'il est : un amuseur, un polémiqueur de plateau de télévision, un semi-intellectuel d'émissions de seconde partie de soirée.
À l'époque du changement climatique – on se souvient du terrible fiasco historique de la COP 21 – les gens comme Aymeric Caron sont des amuse-gueules pour l'apéritif du capitalisme allant droit à la guerre impérialiste généralisée.
Ils sont les accompagnateurs de la destruction de la Biosphère par le capitalisme s'universalisant, les sous-produits scandalisés des conquêtes du Capital.
Cela est, de toute manière, visible quand on voit qu'Aymeric Caron ose se prétendre le représentant du « marxisme du XXIe siècle ». Le masque est bien trop grand pour lui, trop flagrant ; sa prétention saute aux yeux, sa nature velléitaire est évidente.
Il n'est qu'un de ces éléments-freins, qui prétendent être à la hauteur, pour mieux détourner, freiner, amener à des voies de garage, des culs-de-sac.
Ce qui historiquement termine dans les poubelles de l'histoire, alors qu'effectivement la question animale est présente au cœur de l'actualité de notre époque : la bataille pour le communisme, à l'époque de l'offensive générale du prolétariat pour la conquête du pouvoir à l'échelle mondiale… Dans la reconnaissance de la Biosphère et sa protection !