20 mai 2017

Vers la guerre : Emmanuel Macron et le retour du «ministère des Armées»

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Emmanuel Macron n'a pas fait qu'utiliser un véhicule militaire sur les Champs-Élysées lors de son intronisation comme président de la République. Il a également modifié le nom du ministère s'occupant de l'Armée française.

Ce ministère a vu son nom plusieurs fois changé : on est passé du ministère de la guerre au ministère de la Défense nationale en 1948, devenant un ministère des Armées en 1958 lorsque Charles De Gaulle, à la suite d'un coup d’État militaire, instaure la Ve République.

Il prend brièvement le nom de ministère de la Défense nationale à partir de 1969 et jusqu'en 1973, devenant enfin, de 1974 à 2017, le Ministère de la Défense.

Emmanuel Macron rompt donc avec l'esprit de toute une période qui, au sens strict, combine la logique de la guerre froide à celle de la construction européenne. La France était alors militairement lié à l'OTAN tout en conservant une certaine autonomie, position en équilibre précaire avec le renforcement du moteur franco-allemand dans une perspective de puissance européenne.

Désormais, le but est la formation d'une Armée européenne, avec donc le moteur franco-allemand. Emmanuel Macron, pour son premier déplacement à l’étranger, s’est rendu à Berlin, où avec la chancelière allemande Angela Merkel, il a appelé à une coopération devant être « intense ».

Sylvie Goulard, ministre des Armées passée par Sciences Po et l'ENA, a été conseillère politique du président de la Commission européenne, l'Italien Romano Prodi, entre 2001 et 2004. Elle a également publié un ouvrage avec l'ancien premier ministre italien Mario Monti en 2012, « De la démocratie en Europe ». Elle a également été enseignante au Collège d'Europe à Bruges (Belgique).

Emmanuel Macron vient également de rendre visite aux troupes françaises au Mali, insistant particulièrement sur son rôle de chef des Armées.

Cela signifie qu'Emmanuel Macron est un vecteur de l'option franco-allemande – même franco-germano-italienne pour être exact – de la construction européenne comme force impérialiste.

C'est un pas de plus vers la guerre, bien loin des prétentions d'Emmanuel Macron de refonder une Europe de la paix au moyen des échanges économiques (de type capitaliste).

Pourquoi cette ligne agressive ? Afin d'enfoncer totalement Marine Le Pen et sa ligne impérialiste en solitaire, liée à la Russie.

En plaçant la France rapidement sur l'orbite allemande, les secteurs de la bourgeoisie que représentent Emmanuel Macron veulent faire en sorte qu'il ne soit plus possible, par la suite, de faire différemment.

Ce n'est donc que le début d'une initiative tous azimuts pour renforcer l'émergence d'une Armée européenne soumise au moteur franco-allemand, en partenariat étroit avec l'Italie. C'est la formation d'un bloc nouveau et la rapidité de cette affirmation souligne bien quelles sont les forces sociales qui ont permis à Emmanuel Macron d'émerger à partir de rien.

Le Parti Socialiste, dominé historiquement dans les années 1980 par les forces capitalistes tournées vers le partenariat franco-allemand approfondi, cède ici la place au mouvement d'Emmanuel Macron, qui profite d'ailleurs de toute une partie du Parti Socialiste se situant dans cette perspective.

Il y a une convergence avec cette ligne, également, dans une large partie de la droite. On se doute qu'une partie de la droite se tournera, quant à elle, au moins en partie, vers la logique « solitaire » de Marine Le Pen, comme l'a fait Nicolas Dupont-Aignan.

Il faut dénoncer Emmanuel Macron comme plaçant la France dans une perspective d'alliance impérialiste agressive franco-allemande, comme moteur d'un saut de l'Union Européenne comme bloc impérialiste relativement unifié !

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