30 mar 2015

Second tour des départementales: l'importance du refus du post-modernisme face au fascisme

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Ce second tour des élections départementales a confirmé ce qui avait été vu lors du premier tour. Le Front National continue sa progression en progressant encore en nombre de voix et en pourcentage. A l'issue de ces élections, il obtient 62 conseillers départements (contre 1 seul en 2011), c'est-à-dire que dans 31 cantons (dont 6 dès le premier tour), le Front National a remporté plus de 50% des voix.

A cela, il faut s'ajouter le très grand nombre de cantons où le Front National ne l'emporte pas, mais de seulement quelques dizaines de voix (que ce soit dans le Nord, l'Est, le Sud-Est ou même certaines régions de l'Ouest de la France).

Le fait qu'un grand nombre de personnes progressistes se soient mobilisées pour empêcher le Front National de l'emporter est une bonne chose, même si c'est très loin d'être suffisant pour empêcher le fascisme de conquérir le pouvoir.

Car il y a bien, à l'inverse de ce que semble croire une partie des personnes de la gauche de la gauche et de l'ultra-gauche, une différence entre le moment où le fascisme s'affirme et lorsqu'il est au pouvoir, même localement. Il y a un saut qualitatif qui se passe lorsque le fascisme arrive au pouvoir, et cela le Front National le sait et son implantation locale est une clef de voûte pour demain.

A chaque fois, lorsque le fascisme se renforce, de nouveaux cadres affluent, il apparaît comme un recours possible pour la bourgeoisie, comme une force capable d'entraîner les masses, comme une proposition stratégique.

Marine Le Pen affiche d'ailleurs très clairement la couleur et les progressistes doivent prendre cela très au sérieux. Elle déclare ainsi dans une interview au Monde donnée dimanche soir :

Ce n'est pas rien. Nous sommes au seuil de la bascule. Ce qui se passe est un basculement majeur de la vie politique depuis quarante ans. Toutes les cartes sont rebattues. On va fabriquer des cadres, des militants. On aura des relais dans les cantons qui seront implantés, qui interviendront dans la presse, qui connaitront les dossiers locaux. C'est incontournable et c'est ce qui nous manquait.

De son côté la gauche social-démocrate est écrasée. Elle perd un grand nombre de bastions historiques au profit de la droite avec en parallèle la progression du Front National. Elle se retrouve même éliminée totalement du Conseil Départementale du Var.

Nous vivons un moment dont la signification historique ne doit pas nous échapper. Il s'agit par conséquent de ne pas faire d'erreurs, de bien cerner les enjeux. Surtout que la société bourgeoise s'effondrant provoque la naissance de véritables horreurs pseudo-antifascistes contribuant au fascisme en rendant ridicule l'antifascisme.

Ces deux derniers jours on a ainsi pu voir deux expressions exemplaires de cela, consistant en réalité en un post-modernisme intolérable, anti-populaire, violemment anti-prolétarien.

On a pu en France voir les « Femen » débarqué hier à Hénin-Beaumont lors de la venue de Marine Le Pen, paradant comme d'habitude à moitié nues, accusant de fascisme le Front National, sur une base tellement délirante que cela ne peut qu'amener les prolétaires à s'y précipiter.

Les « Femen » sont venues munies de perruques blondes et avec une moustache factice semblable à celle d'Adolf Hitler : on a ici de la caricature, du négationnisme par rapport aux massacres nazis, du folklore typiquement petit-bourgeois. Les « Femen » forment une organisation anti-sociale et cosmopolite, qui prétend faire tomber du ciel des « valeurs » en les imposant par la provocation spectaculaire dont les médias se font l'écho.

Comment réagir, si l'on est à Hénin-Beaumont, si ce n'est par le dégoût ? La réalité sociale qui caractérise Hénin-Beaumont est niée, au profit d'un « happening » post-moderne se réalisant donc sur le dos de la population prolétarienne locale.

Les « Femen » apparaissent comme les défenderesses de l'ordre social, des valeurs dominantes ; elles accusent le peuple, elles le dénoncent, elles le considèrent comme « incapables » et devant obéir aux exigences idéologiques du post-modernisme.

On a là tout le contraire d'une mobilisation populaire sur une base idéologique et culturelle (et non pas simplement économique comme se l'imaginent les syndicalistes). On a là une initiative sortie de nulle part qui ne peut être considérée que comme une agression.

Au lieu de voir la colère des masses et de chercher une expression par la gauche de celle-ci, on a une tentative de nier la colère, avec une attitude dédaigneuse, hautaine, arrogante, dans la posture de celles qui viennent donner des leçons au bas peuple.

Il va de soi que c'est une tendance internationale, propre à la petite-bourgeoisie radicalisée par la crise économique. Avant-hier s'est ainsi déroulé quelque chose de tout à fait similaire à Montréal, au Canada. Un rassemblement raciste du type « Pegida », comme en Allemagne, devait s'y tenir ; il a été empêché par un rassemblement « antifasciste ».

On doit mettre des guillemets, car l'initiative ne consistait pas simplement à réfuter le racisme : elle allait de pair avec toute une idéologie post-moderne, s'alliant ouvertement à une émanation des Frères Musulmans.

Voici ce que dit par exemple le « PCR du Canada », une organisation faussement maoïste et en réalité totalement petite-bourgeoise, opposée au matérialisme dialectique sur tous les plans :

« À l’heure venue, la poignée de fascistes – à peine une demi-douzaine – ont rapidement détalé après avoir montré leurs visages hideux, comme les lâches qu’ils sont, à la vue des centaines de personnes qui les attendaient de pied ferme, bien décidées à les empêcher d’aller déverser leur haine dans les rues du quartier.

Les fascistes avaient délibérément choisi cet endroit pour aller perturber les activités du Centre communautaire islamique Assahaba dirigé par Adil Charkaoui, devenu depuis quelques semaines l’ennemi public numéro un de tous les racistes et islamophobes qui sévissent sur les tribunes publiques et dans les médias bourgeois. »

Or, le Centre communautaire islamique Assahaba est assez exemplaire de l'initiative islamiste prête à tout pour s'implanter, quitte à manier le double jeu.

Il s'agit d'une émanation des Frères Musulmans, qui mettent le paquet à Montréal, cherchant à ouvrir de nouveaux bâtiments ici ou là, avec comme prétexte la culture islamique, etc. En réalité, c'est typique du soft power à la qatarie.

Le site facebook du centre n'hésite même pas à saluer le « PCR du Canada », pourtant censée être une organisation impie puisque communiste… Mais au vu du contenu du dit « PCR », on comprend qu'une alliance soit possible pour le centre…

Tout en assumant tout à fait sur son site d'éduquer des enfants de telle manière à ce qu'ils lèvent l'index, acte consistant en le symbole des islamistes partisans du « tawhid », du monothéisme « ultra » du type de l’État islamique.

Un tel mélange ne doit nullement nous étonner. Pour les post-modernes, il n'y a pas de classes sociales, que des oppressions, et donc la logique post-moderne se retrouve très bien, quand il le faut, avec les idéologies semi-féodales renforcées à coup de pétro-dollars.

Quant à Adil Charkaoui, d'origine marocaine, le responsable du centre, il a fait 21 mois de prison au Canada, qui le soupçonne d'avoir été au Pakistan et d'être lié à des réseaux terroristes, ayant « disparu » de 1992 à 2001. En février, les médias canadiens ont parlé de jeunes ayant suivi ses cours et ayant rejoint les islamistes en Syrie.

Adil Charkaoui peut très bien être sincère dans sa dénonciation de l’État islamique, relativement seulement : sa ligne est bien celle du salafisme tel que formulé par le saoudien Ibn Uthaymin (1925-2001), mais la stratégie mise en place est différente de celle de l’État islamique et d'Al-Qaeda, qui se placent dans la ligne de Sayyid Qutub, où des musulmans peuvent être relativement aisément considérés comme hérétiques et donc attaqués.

Evidemment, pour comprendre tout cela, il faut être muni du matérialisme dialectique, et non pas appliquer des théories post-modernes sans se soucier en rien de la réalité. Avec un tel antifascisme au Canada - et notons que bien entendu absolument jamais cet antifascisme ne dénonce l'antisémitisme - l'extrême-droite a un boulevard dans ce pays. Il lui suffira de conquérir les masses prolétariennes en les divisant au nom d'une pseudo révolte anti-féodale, contre la modernité où tout est relatif, etc.

Voilà ce que nous devons éviter également en France, alors que le Front National sait obtenir le soutien de larges couches populaires. C'est pourquoi un antifascisme populaire doit se fonder sur les luttes de classe, autant économique qu'idéologiques et culturelles, et absolument pas sur le post-modernisme avec tout son relativisme, son ultra-libéralisme, son existentialisme.

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