27 mar 2015

A propos du principe des consignes de vote

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Durant cette semaine d'entre-deux-tours électoraux, on a beaucoup entendu parler des « consignes de votes ». Or tous les partis politiques donnent ce genre de consignes, y compris ceux ne participant pas aux élections. Ainsi, par exemple, le PCMLM donne toujours des consignes lors des élections (boycott, vote barrage au fascisme, etc.).

Mais, à l’occasion de ces élections départementales de 2015, s'est développé un phénomène assez récent, relayé par certaines personnalités politiques ou par certains commentateurs ou journalistes : il s'agit de critiquer l'importance et la valeur de ces traditionnelles consignes de vote, voire d'en critiquer le principe même.

Il est affirmé que chaque électeur serait « libre », ou bien comme le dit Marine Le Pen, que chaque électeur serait « majeur et vacciné ». Ce qui est censé signifier qu'ils n'auraient pas besoin de consigne de vote.

On a là une démarche totalement post-moderne visant à nier la société pour y opposer une multitude d'individus faisant leur propre « choix », selon leur propre identité, en dehors de la société.

Liens vers la liste des articles sur le PartiIl est mis en avant l'idée qu'une consigne de vote serait un « ordre » donné aux individus. Mais c'est exactement l'inverse en vérité, car les consignes de vote sont l'expression du fait qu'une personnalité politique, et à fortiori une organisation politique, ne s'appartient pas à elle-même, mais qu'elle reflète une tendance sociale.

C'est, en fait une négation pure et simple de la politique et de la démocratie, c'est une démarche qui sert le développement du fascisme.

La démocratie n'est pas une somme de choix individuels s'accumulant mécaniquement, comme le prétend le post-modernisme. La démocratie est un processus historique prenant de plus en plus d'importance à mesure que la société se développe et se structure, malgré les obstacles. C'est le reflet du corps social, comme entité visant à s'unifier de manière toujours plus complexe, selon des principes universels.

Cette unification s'est faite historiquement autour des « partis » politiques de type bourgeois qui sont les héritiers des « clubs » et des « sociétés » développés par la bourgeoisie lors de sa lutte pour renverser le féodalisme. Puis avec les Partis à proprement dit, c'est-à-dire les outils d'unification politique de la classe ouvrière : les partis sociaux-démocrates authentiques puis communistes.

Rejeter le principe des consignes de vote, c'est nier la lutte de classe au profit de l'individu vu comme « indépendant » du reste de la société. Or, les individus n'existent pas de manière isolée mais en tant que membres de la société, c'est-à-dire appartenant à une classe sociale en relation avec les autres classes de la société. L'existence authentique d'un individu est donc son existence politique.

Il n'y a donc aucun hasard au fait que ce refus des consignes de vote soit un phénomène principalement alimenté par le Front National, et l'alimentant en retour.

Dans le contexte de développement du fascisme, la question du barrage électoral à la prise du pouvoir par le fascisme a de plus en plus d'importance. Les consignes de vote sont un outil particulièrement important pour cela. Les fascistes n'en veulent donc pas.

Pour pouvoir asseoir leur pouvoir, ils ont besoin que la société civile soit la plus désorganisée possible. Ils cherchent donc à l'atomiser par tous les moyens et on voit bien là le rôle que joue le post-modernisme comme tendance culturelle appuyant le fascisme, comme fausse opposition et vrai « frère jumeau ».

La mise en avant du référendum comme mode de gouvernement par le Front National rentre aussi dans ce rejet de la démocratie.

C'est là le même principe consistant à étouffer la démocratie comme expression vivante et mouvante des contradictions du corps social. En France, cette revendication a un fort écho car c'est effectivement ce mode de gouvernement qui avait été utilisé par Napoléon III lors de l'Empire dans le but d'étouffer l'expression démocratique des masses populaires. Il y a là une tradition anti-démocratique de la partie la plus agressive de la bourgeoisie française se plaçant « au dessus des partis » pour mieux les rejeter et promouvoir l'individualisme. Tradition qui s'est perpétuée avec la figure de Charles De Gaulle et donc qui se niche au coeur de la Ve République.

Le but du référendum et de sa généralisation, c'est de briser au maximum l'unité des masses pour empêcher leur expression politique. Le référendum c'est en fait la mort de la société civile et donc de la démocratie. C'est donc aujourd'hui un outil formidable pour le fascisme en développement.

Lien vers le dossier intitulé La Social-démocratie (1883-1914)Lorsque le fascisme avance, il s'insère dans tous les pores de la société, sa culture se diffusant partout. Et donc, naturellement, cette désorganisation croissante de la société se reflète d'ailleurs bien aujourd'hui dans les pratiques d'un certain nombre de candidats de gauche durant cet entre-deux-tours.

Normalement, les militants, car il s'agit là de militants, tout comme les électeurs de gauche sont plus « disciplinés » que ceux de droite. Ce qui est logique car la culture portée par la gauche est plus liée à la classe ouvrière, un certain nombre des organisations de gauche étant même directement issu de partis sociaux-démocrates ou révisionnistes ; elle porte donc une part importante de culture démocratique et partidaire. Alors que la droite conservatrice porte de manière plus directe la culture individualiste propre au capitalisme, notamment du fait du gaullisme.

Or, cette semaine un grand nombre de candidats de gauche ont refusé d'appeler à faire barrage au Front National, certains ayant même appelé (dans l'Aisne !) à « faire barrage à la droite » ce qui sous-entend à voter Front National. Et un nombre encore plus important de candidats de gauche présents dans des triangulaires ont refusé de se désister en faveur des candidats de droite, au risque donc que les candidats fascistes soient élus.

Le même genre de tendance peut être observée à l'extrême-gauche où bon nombre de personnes refusent de voir la réalité telle qu'elle est et avancent l'idée que « ce ne serait pas si grave » ou que « ça n'arrivera pas », fuyant ainsi les responsabilités qu'exigent la situation de marche au pouvoir du fascisme.

Ceci est en fait la conséquence du développement du post-modernisme dans la gauche et l'extrême-gauche, diluant la culture de Parti et la discipline qu'elle suppose.

Face au fascisme, les progressistes doivent au contraire tout faire pour faire renforcer l'unité des masses, comme ce qui s'est révélé lors des mobilisations consécutives aux attentats contre Charlie Hebdo et le magasin Hypercacher. Face aux tendances post-modernes poussant à l'individualisme et à la désorganisation, ils doivent opposer l'esprit de responsabilité et de discipline qui sont les socles d'une expression démocratique authentique à même de briser le fascisme.

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A l’occasion de ces élections départementales de 2015, s'est développé un phénomène assez récent : il s'agit de la critique de l'importance et la valeur des consignes de vote, voire du principe même de consigne de vote...