6 juil 2015

Referendum grec : les réactions des PG, PS et PCF

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Lien vers le dossier intitulé La Social-démocratie (1883-1914)Les partis de gauche institutionnels et électoralistes ont immédiatement réagi aux résultats du referendum grec, de manière très laconique, en quelques lignes.

En apparence, on trouvera toujours le rejet de l'austérité. Cependant, comme les classes sociales sont toujours niées – à part du côté de Jean-Luc Mélenchon qui raisonne en termes d'oligarchie, ce qui ne change rien en pratique – il n'y a jamais de critique de la bourgeoisie et d'affirmation comme quoi celle-ci doit être expropriée.

La nature des communiqués est en fait indéniablement politique, reflétant la vision stratégique et le système des valeurs propre à tel ou tel parti, le tout n'ayant rien à voir avec les masses.

Ainsi, la réaction du Parti Socialiste exprime tout à fait la stratégie française de se poser en « intermédiaire » entre le libéralisme prôné par l'Allemagne et la ligne « sociale » prônée par la Grèce. La France entend maintenir sa position capitaliste en jouant sur les deux tableaux.

Voici ce qu'a dit le secrétaire du Parti Socialiste :

Référendum en Grèce : Réaction de Jean-Christophe CAMBADELIS

Ce soir, au regard des premiers résultats du référendum, le peuple grec s’est exprimé en renouvelant son message d’opposition à l’austérité, comme il l’avait déjà dit lors du précédent scrutin.

 Le peuple grec souhaite un accord qui lui donne une chance de repartir, d’ouvrir les chemins d’une croissance durable et fiable, et de sortir de la spirale de la dette.

 Le vote majoritaire « non» n’est pas un « non » à l’Europe mais à l’austérité qui a réduit le PIB de la Grèce et jeté de nombreux citoyens dans la précarité.

 La Grèce doit rester dans la zone euro. Le Parti socialiste souhaite donc que des négociations s’ouvrent immédiatement, permettant à la Grèce d’honorer ses engagements immédiats.

Il s’agit aussi de construire un plan global de soutien à la Grèce, fondé sur un compromis viable et durable et donnant à ce pays le temps et les moyens de se reconstruire. Dans cette perspective, le traitement de la dette est indispensable à un accord d’espoir. 

Le Parti de Gauche, avec Jean-Luc Mélenchon, est dans une position très similaire, à ceci prêt qu'il s'agit non pas d'être intermédiaire que de s'appuyer sur la Grèce pour s'opposer à l'Allemagne, au sein de l'Union Européenne.

Jean-Luc Mélenchon représente ici une fraction de la bourgeoisie particulièrement agressive par rapport à l'impérialisme allemand. La ligne nationaliste anti-allemande de Jean-Luc Mélenchon a comme masque le rejet de l'austérité, mais en réalité il s'agit de dénoncer la bourgeoisie allemande plus forte que la bourgeoisie française, afin de renforcer celle-ci en lançant des mobilisations populaires.

Jean-Luc Mélenchon représente ici, comme le Parti de Gauche en général, un courant véritablement social-fasciste.

Voici le communiqué du Parti de Gauche :

VIVE LE PEUPLE GREC !

Malgré une propagande éhontée pour le oui orchestrée par Bruxelles Berlin et l’oligarchie grecque, OXI l’a emporté. Le PG salue la 2ème victoire d’Alexis Tsipras et de son gouvernement. Comme en 2005 en France, le peuple Grec a dit son refus de l’Europe Austéritaire. Mais contrairement à ce qui s’est passé en France avec l’adoption du Traité de Lisbonne, il n’y aura cette fois pas recours pour la Troïka : en Grèce le peuple et le parlement résistent à l’unisson. Le PG s’oppose à toute exclusion de la Grèce de la zone Euro. Nous exigeons de François Hollande et du gouvernement français qu’ils se rangent enfin du côté du peuple Grec. Il faut enfin reprendre des discussions sérieuses sur les bases de la renégociation de la dette et du mandat défendu par Alexis Tsipras. Dans l’immédiat, la BCE doit cesser son chantage aux liquidités. Tout autre choix entraînerait une crise certainement mortelle dans la zone euro et au delà l’UE. Désormais les seules responsabilités sont du côté de l’Europgroup. Plus que jamais nous appelons le peuple français à exprimer sa solidarité avec la Grèce.

Le Parti « Communiste » français, qui a depuis plus de cinquante ans abandonné en pratique la bannière de la révolution socialiste et du communisme, ne dit quant à lui strictement rien. Il est un appendice « social » du Parti Socialiste et il ne peut rien proposer, il ne peut que se positionner en « aiguillon de gauche ».

Voici le communiqué du PCF.

La victoire du "non" doit être respectée (Pierre Laurent)

Le peuple grec vient de refuser, avec un "OXI" écrasant (59,7%) l'ultimatum lancé par les créanciers. C'est la deuxième fois en 6 mois qu'il rejette l'austérité. La deuxième fois qu'il dit en même temps son attachement à l’Europe.

Les chantages financiers et mesquineries politiques n'auront pas eu raison du souffle de dignité et de liberté qui a envahi le berceau de la démocratie. Je salue le courage des grecs, de Syriza et du gouvernement Tsipras. C'est notre victoire à toutes et tous. Ce soir, nous sommes heureux et fiers d'avoir tant lutté avec eux, pour que renaisse un espoir.

Je mets en garde contre toute nouvelle entreprise de pression politique et financières sur le peuple grec. Le respect des choix souverains des peuples doit être la règle à l'avenir, et le point de départ des futures négociations.

La France devra en tirer les conséquences. J'attends de notre gouvernement un respect total du résultat de ce referendum et des actes forts pour la recherche immédiate d'un accord.

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et Président du PGE

Pouria Amirshahi, l'un des principaux frondeurs du Parti Socialiste, ne dit pas autre chose ici que le PCF. Il ne peut pas faire autrement, étant coincé : il n'est pas sur la ligne social-chauvine de Jean-Luc Mélenchon, mais pour autant il ne veut pas employer les mots qui fâchent, comme bourgeoisie, capitalisme, profit, exploitation, etc.

Partant de là, son communiqué de presse appelle simplement François Hollande à être plus « social ».

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Grèce, un référendum salutaire : 3 conclusions immédiates

Un vent nouveau souffle sur l’Europe ; pour certains c’est un spectre, pour d’autres, un nouvel espoir. Plusieurs conclusions immédiates doivent être tirées de ce résultat.

Renégocier avec respect

Une négociation respectueuse est désormais une obligation. Il faut prendre le résultat de ce référendum salutaire pour ce qu’il est afin de ne pas réitérer le mépris qu’ont subi Français et Néerlandais en 2005.

Mettre les dettes au cœur de l’enjeu avec de nouveaux outils

Respecter les peuples c’est renégocier sur la base d’un réalisme nouveau : aucun pays ne peut se développer avec un boulet aux pieds. C’est pourquoi l’allègement ainsi que le rééchelonnement de la dette grecque sont une nécessité. La question de l’endettement vaut d’ailleurs pour d’autres, tant il est vrai qu’elle étouffe les économies plus qu’elle ne les aide. Ainsi, je propose qu’on transforme également une partie des dettes en crédits d’investissement.

La France doit saisir le moment pour choisir une stratégie enfin assumée de réorientation

La France a jusqu’ici adopté une stratégie de médiatrice. Il est temps désormais que le Président de la République choisisse un chemin : celui attendu par les français qui lui avaient confié le mandat en 2012. Le résultat du référendum est en effet l’occasion politique et historique de promouvoir avec résolution un autre cours européen, progressiste, moderne, fondé sur la communauté de citoyens et les peuples et non sur la technocratie ordo libérale. Sur cette voie, il ne sera pas seul ; celle des libéraux soumis aux marchés arrogants ne sera pas la nôtre. Dans ce cas, nous franchirions un pas avec toutes celles et ceux qui en Europe et depuis des années veulent, comme nous, une autre promesse européenne.

Les partis de gauche institutionnels et électoralistes oublient ainsi systématiquement la bourgeoisie comme classe, dénonçant au mieux de manière populiste le capital financier et lui seulement, le séparant du reste du capital.

C'est là un point de vue idéaliste au mieux, anticapitaliste romantique au pire. Et cela renforce le fascisme à terme, car cela donne l'illusion qu'on peut changer les choses au sein du capitalisme lui-même, sans toucher à la bourgeoisie. Un tel esprit de « renouvellement » est propre au fascisme, au national-socialisme comme courant historique.

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La nature des communiqués des partis de gauche institutionnels sur le référendum grec est indéniablement politique, reflétant la vision stratégique et le système des valeurs propre à tel ou tel parti, le tout n'ayant rien à voir avec les masses...