PCMLM - Déclaration 60 - La fin du cycle 2005-2014
Submitted by Anonyme (non vérifié)1. Une chape de plomb s'est abattue sur la France
L'anticapitalisme romantique suinte, dans les faits, de tous les pores de la société française. La situation est extrêmement grave, un saut qualitatif s'est déroulé. Une chape de plomb s'est abattue sur la France.
L'idéalisme « révolutionnaire » se diffuse à grande vitesse : « l'esclavage » et le « colonialisme », la « finance » et l'axe « américano-sioniste » sont présentés par de nombreux courants politiques et culturels comme les « ennemis » de notre époque.
Bien évidemment, la propagande antisémite pullule, depuis le « mort aux juifs » inscrit cette semaine sur une synagogue de Reims, jusqu'au « Bien faits pour eux » inscrit il y a quelques semaines sur une stèle dédiée aux enfants juifs marseillais déportés à Auschwitz, à l'emplacement de leur centre de rétention, en passant par les régulières et populaires vidéos de Dieudonné, la propagande d'Alain Soral.
La nature de cet anticapitalisme romantique est simple : il s'agit de protéger le capitalisme et la bourgeoisie, de nier l'existence de la plus-value et de l'exploitation expliquée par Karl Marx dans Le capital.
L'antisémitisme et toutes ses variantes anti-«esclavagistes», national-révolutionnaires, etc. dévient la colère des masses populaires, les empêchent d'aller vers le matérialisme dialectique, leur voilent la nécessité de la révolution socialiste.
De plus en plus, on va vers la constitution approfondie d'un « socialisme français », d'un national-socialisme, comme front « radical » et diffus, aligné parallèlement et de manière contradictoire au Front National.
Cette tendance a l'hégémonie dans de larges secteurs populaires, très clairement. C'est le prix à payer pour ne pas avoir entendu nos avertissements sur ce plan, à partir de 2005 (voir par exemple l'appel publié sur le site Contre-Informations, « Nous sommes à l'aube des années 1930 »).
Désormais, il va falloir affronter cela, car un cycle s'est conclu, la vague est lancée, il est trop tard pour l'écraser à son démarrage même. Les dés sont lancés. Le fascisme, avec toutes ses multiples variantes national-révolutionnaires, y compris d'ultra-gauche, est désormais ancré dans la société française, il a pu s'établir.
2.La fin d'un cycle
Nous vivons concrètement la fin d'un cycle, cycle qui a commencé en 2005. La période 2005 – 2014 ne s'explique pas sans une compréhension matérialiste historique du « non » au référendum sur la constitution européenne de 2005.
Loin d'être le début d'une vague progressiste, comme le prétendait l'extrême-gauche dans son intégralité, cela a été la porte ouverte à la constitution d'une vague portant les intérêts de la fraction la plus radicale de la bourgeoisie. L'anticapitalisme romantique s'est alors constitué, sur la base d'un mouvement de fond populaire orienté par la bourgeoisie la plus réactionnaire.
Cela est conforme à la définition du fascisme donné par l'Internationale Communiste, à savoir qu'il s'agit de la « dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier ». Et comme l'a noté Georgi Dimitrov :
« Le fascisme arrive ordinairement au pouvoir dans une lutte réciproque, parfois aiguë, avec les vieux partis bourgeois ou une portion déterminée d'entre eux, dans une lutte qui se mène même à l'intérieur du camp fasciste et qui en arrive parfois à des collisions armées, comme nous l'avons vu en Allemagne, en Autriche, et dans d'autres pays »
(Fascisme et classe ouvrière).
D'ailleurs, où en est l'État bourgeois ? Il est en déliquescence, il est décadent, chaque jour davantage. Ses fonctionnaires sont de moins en moins formés, de plus en plus désenchantés devant le manque de moyens et l'ultra-libéralisme triomphant. La corruption gangrène l'ensemble de l'appareil d’État, et la dernière affaire d'une importante quantité de drogues détournée en pleine « brigade des stups » parisienne est un terrible symbole.
Les forces de « sécurité » - police, gendarmerie, sapeurs-pompiers, militaires en général – ont déjà de toutes manières, les résultats électoraux locaux en faisant foi, choisi le camp de Marine Le Pen, du « coup de force ».
La tendance était inévitable. C'est pour cela que nous avons affirmé, dès 2005, que le Front National renaîtrait de ses cendres, au mépris de toutes les critiques et dénonciations que nous avons alors subi pour notre analyse. Il était évident qu'au sein de la bourgeoisie même, il y avait division, que la bourgeoisie la plus réactionnaire, avec la crise générale du capitalisme, commençait à prendre son élan.
C'est pour cela que nous avons accordé une attention très importante à l'anticapitalisme romantique comme dynamique culturelle et idéologique du fascisme. L'anticapitalisme romantique est au cœur même de la mobilisation réactionnaire des masses sous la supervision de la fraction la plus réactionnaire de la bourgeoisie.
3. L'esprit de Parti
Les progressistes sont désorientés et désemparés. Le cycle 2005-2014 a littéralement écrasé sous sa pression toutes les dynamiques progressistes qui existaient depuis 1968. La raison est qu'ils voyaient les choses de manière linéaire, en considérant en arrière-plan que la société bourgeoise serait stable, finalement pacifique. Dans ce cadre, anarchistes et trotskystes ont totalement dominé l'extrême-gauche, adoptant comme ligne « tout ce qui bouge est rouge ».
La crise générale du capitalisme a renversé toutes ces illusions. Le problème fondamental est que les progressistes ont eu comme position de retourner dans leur vie privée, au lieu de se remettre en cause. En faisant cela, ils ont laissé le champ libre aux post-anarchistes, aux post-trotskystes, à une multitude de courants post-modernes, dont les « indigènes de la république » sont un exemple connu de par leur position petite-bourgeoise, provocatrice et violemment anticommuniste.
D'un côté, ce désengagement est positif, car il était certainement nécessaire et salutaire. Une remise à plat était nécessaire. De l'autre, cela rappelle que tout reste à faire. Et cela ne peut être fait qu'à la lumière du matérialisme dialectique, dans un esprit de Parti.
Les faits ont clairement montré qu'il y avait besoin d'une idéologie, d'une théorie, d'une avant-garde tournée vers les questions de l'avenir, afin de répondre présent dans la lutte des classes. Cette théorie ne peut être que le matérialisme dialectique, science authentique de notre époque, portée par la classe ouvrière. L'avant-garde ne peut être qu'un Parti Communiste, forme inévitable prise matériellement par l'idéologie communiste.
Le Parti, c'est le bastion de la raison, la forteresse imprenable de la théorie communiste, le porteur de la tradition communiste et des auteurs classiques : Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao Zedong.
Sans Parti, il n'y a rien, et la base du Parti, c'est l'idéologie. Avoir l'esprit de Parti c'est comprendre cela, et rejeter les positions et attitudes petites-bourgeoises, qui célèbrent l'éparpillement, le subjectivisme, faisant le jeu du fascisme à l'offensive.
Parti Communiste Marxiste Léniniste Maoïste [France]
Août 2014