L'OCML-Voie Prolétarienne ou l'incompréhension du centralisme démocratique
Submitted by Anonyme (non vérifié)Les mots ont un sens, car l'histoire a un sens et seule une classe décadente comme la bourgeoisie peut s'imaginer se libérer de cela comme elle l'entend.
La nature bourgeoise du mode d'organisation de l'OCML-Voie Prolétarienne saute ainsi aux yeux à la lumière de son dernier communiqué.
On sait comment l'OCML-Voie Prolétarienne se revendique du maoïsme, tout en rejetant la quasi totalité des principes du maoïsme, rejetant même Staline alors qu'on sait que sa défense a été au cœur de l'affrontement entre révisionnisme et maoïsme, ce qui a été appelé par les historiens bourgeois le conflit sino-soviétique.
Cependant, cette fois, les choses sont dites tellement franchement et avec un tel aplomb, que cela en est surprenant.
Le communiqué de l'OCML-Voie Prolétarienne parle, en effet, de l'exclusion de ses militants, ce qui ne nous regarde pas, ni même personne d'ailleurs, cela relevant de la vie interne de l'organisation. Il est étrange de rendre public une telle chose.
Mais le communiqué de l'OCML-Voie Prolétarienne justifie également un mode d'organisation qui, comme on peut le voir, relève du trotskysme.
La distinction entre communistes et trotskystes est en effet très simple, en ce qui concerne l'organisation.
Pour les communistes, le Parti est une organisation de combat et ses structures sont strictement compartimentées, afin d'éviter toute infiltration. A chaque congrès, une ligne est définie, une direction élue, représentant la ligne rouge ; ceux qui ont proposé des choses erronées forment une ligne noire qui doit s'autocritiquer ou bien être exclue, le Parti fonctionnant sur le principe du centralisme démocratique, le Parti se présentant de manière monolithique.
Pour les trotskystes, il y a par contre une unité d'organisation avec un congrès décidant ce qui doit être fait, mais la minorité peut subsister et s'organiser de manière relativement indépendante. Selon les variantes, il s'agit alors d'une tendance, ou bien d'une fraction, avec plus ou moins de droits.
Or, l'OCML-Voie Prolétarienne suit ce modèle, reconnaissant en pratique le droit de tendance au sein de l'organisation, en contradiction historique avec ce qu'ont toujours fait les organisations communistes.
On lit dans son communiqué :
« nous reconnaissons dans nos statuts et dans notre plateforme politique les droits de la minorité »
La plateforme politique est mentionnée et on y lit justement :
« Toute idée nouvelle n’est pas forcément juste, mais il faut qu’elle puisse circuler, être débattue et qu’une position soit prise. C’est un processus qui exige l’ouverture au débat, et l’organisation collective de celui-ci : bulletins internes, prises de positions des diverses structures, etc.
Un tel fonctionnement, s’appuyant sur un débat sérieux, loin d’affaiblir et de diviser l’organisation, est le meilleur moyen de renforcer son unité et de traiter le plus tôt, et dans les meilleures conditions possibles, les éventuels désaccords. Cela permet d’éviter que ceux-ci ne s’aggravent et deviennent des oppositions plus profondes et systématiques.
Lorsqu’une position a été arrêtée, un point de vue juste peut être minoritaire. Autrement dit, la majorité peut se tromper. Aussi rejetons-nous le monolithisme, politique qui n’admet qu’une position dans une organisation communiste... et défendons-nous les droits de la minorité (...).
Des positions différentes doivent donc pouvoir se manifester, et être défendues. Et pour cela, elles doivent avoir la possibilité de s’organiser lors des débats importants, par exemple avant un congrès.
Ne pas reconnaître cette possibilité, c’est donner un poids écrasant, décisif, aux instances en places, tout en poussant à la pratique de fractions. Une fois le débat clos, s’il y a une minorité, elle doit accepter et appliquer la position majoritaire.
Par contre, on ne peut admettre l’organisation permanente de courants en tendances. »
La dernière phrase révèle le caractère fondamentalement erroné de l'approche de l'OCML-Voie Prolétarienne, qui n'a pas compris le matérialisme dialectique, n'en parlant d'ailleurs absolument jamais, et qui par conséquent n'a pas saisi ce qu'est une tendance, ce qui l'amène à la reconnaître dans les faits, tout en prétendant la dénoncer.
Le principe du Parti élaboré par Lénine et Staline accorde justement, à l'inverse de l'OCML-Voie Prolétarienne, « un poids écrasant, décisif, aux instances en places ». Est-ce bien ? Oui, car la direction représente la synthèse de la position des membres du Parti, l'appliquant selon les mesures prises au congrès.
Le congrès du Parti peut-il se tromper ? Non, il ne peut pas se tromper, car le Parti représente l'avant-garde. Il peut y avoir une rectification, mais le Parti a toujours raison : c'est la base du léninisme.
S'il s'est trompé et qu'il le comprend, alors c'est qu'il n'a pas été Parti et il doit se reconstituer au moyen de l'autocritique. Il n'y a, au sens strict, qu'une seule tentative de la pensée-guide dirigeant l'organisation.
C'est pour cela que ceux qui ont essayé de régénérer la Gauche Prolétarienne, au milieu des années 1970, ont échoué : si la base dynamique du Parti est erronée, alors il faut reconstituer, pas simplement « refonder ».
Dans le léninisme, la majorité a toujours raison dans le Parti, car elle représente le nouveau contre l'ancien. Si c'est l'ancien qui triomphe, comme en URSS après Staline ou en Chine populaire après Mao Zedong, le Parti n'est plus le Parti, il s'est transformé en son contraire.
Telle est la loi de la dialectique.
Lorsque l'OCML-Voie Prolétarienne affirme rejeter « le monolithisme, politique qui n’admet qu’une position dans une organisation communiste », c'est en réalité le principe matérialiste dialectique du Parti qui est rejeté.
Est-il d'ailleurs vrai, comme le fait l'OCML-Voie Prolétarienne, de dire que le monolithisme pousserait « à la pratique de fractions » ?
Absolument pas. C'est faux, car la dialectique dit qu'un divise se deux, pas en trois, quatre, cinq, etc. Le monolithisme du Parti pousse à la formation de deux blocs, la ligne rouge et la ligne noire, comme lutte entre deux lignes dans le Parti.
La ligne noire est rejetée, ses partisans doivent s'autocritiquer ou être exclus. La cause est entendue, il n'y a plus de débat possible à ce sujet, la question est close.
C'est la raison pour laquelle Lénine, au début de Que faire ?, place cette citation en exergue :
« ...La lutte intérieure donne au parti la force et la vitalité : la preuve la plus grande de la faiblesse du parti, c'est son amorphisme et l'absence de frontières nettement délimitées; le parti se renforce en s'épurant... »
(Extrait d'une lettre de Lassalle à Marx, 24 juin 1852.)
L'OCML-Voie Prolétarienne n'a donc rien à voir avec le léninisme, raisonnant en termes abstraits de démocratie, une approche critiquée de manière virulente par Lénine dans le fameux ouvrage intitulé Le gauchisme, maladie infantile du communisme.
Pourtant, elle prétend ne pas reconnaître non seulement les fractions, mais également les tendances, qu'en est-il alors ?
C'est que, dans l'esprit de la bourgeoisie décadente, les mots n'ont plus de sens pour elle. Elle dit de manière explicite qu'une minorité peut s'organiser avant un congrès, afin d'exprimer son point de vue dans l'organisation.
L'OCML-Voie Prolétarienne parle des « droits de la minorité » et mentionne également « la possibilité de s’organiser lors des débats importants ». Qu'est-ce donc alors si ce n'est, justement, le droit de tendance, voire même le droit de fraction ?
Prenons un exemple avec les statuts de 2003 de la Ligue Communiste Révolutionnaire, l'organisation trotskyste bien connue :
« 4.9. La LCR reconnaît à ses membres le droit de se regrouper, de se constituer en tendance ou en fraction sur la base d’une plate-forme écrite, y compris en dehors des périodes de préparation de congrès. »
N'est-ce pas la même chose que ce que dit l'OCML-Voie Prolétarienne ? Modifier les variantes des droits de tendance et de fraction ne change rien au problème.
D'ailleurs, auparavant, la Ligue Communiste Révolutionnaire n'autorisait le droit de tendance qu'au moment des congrès.
Mais pour qu'une minorité puisse s'organiser, ses membres doivent se connaître : c'est donc bien qu'elle existait au préalable comme courant d'idées, voire comme tendance organisée, voire comme fraction désireuse de prendre la direction ou de quitter l'organisation sinon…
Ce qui est précisément du trotskysme et le contraire du centralisme démocratique.