Les statuts du NPA, expression du refus de fonder une direction politique comme synthèse du mouvement
Submitted by Anonyme (non vérifié)Le Nouveau Parti Anticapitaliste a adopté ses statuts, provisoires pour l'instant, mais dans les grandes lignes ils ne changeront plus.
En pratique, on sait déjà qu'adhérer est très simple; il suffit de partager « l'essentiel » des principes du NPA (donc nullement tous), et de participer « dans la mesure de ses disponibilités. »
Cela n'a donc rien à voir avec la conception bolchevique d'un Parti Communiste agissant en tant qu'avant-garde de la classe ouvrière; le NPA est une association, ni plus, ni moins.
Et qui dit association dit démocratie formelle, c'est-à-dire démocratie des idées, sans considération pour la réalité matérielle et ses exigences, comme par exemple la lutte des classes, le fascisme, le mouvement dialectique de l'histoire, etc.
Les statuts provisoires du NPA flottent au-dessus de la réalité; le NPA est une association légale, démocratique, et il est donc logique que ses statuts stipulent ainsi notamment que :
« [Le parti] doit être démocratique et pluraliste. Le parti que nous voulons construire entend d'emblée intervenir dans tous les domaines de l'activité économique, politique et sociale.
Il n'est pas une somme de comités atomisés mais un collectif de militantes et militants qui par leurs discussions et leurs décisions entendent faire évoluer les rapports de forces sociaux au profit de l'immense majorité de la population. »
« Les militant-e-s sont membres d'un comité qui est la structure de base du parti. C'est lui qui recueille les nouvelles adhésions, accueille et accompagne les nouveaux venus. Un comité est un regroupement de militant-es organisés sur la base d'une intervention sur un territoire, une entreprise, lieu de travail ou secteur professionnel dont les précaires, ou dans la jeunesse.
Chaque fois que c'est possible la création d'un comité d'entreprise doit être débattu. »
« Un parti à l'image de notre projet émancipateur implique une démarche volontariste d'implantation dans les entreprises, coeur de l'exploitation capitaliste. La création de comités NPA d'entreprises, de secteurs, de branches, est un objectif central de l'organisation. »
La lecture des statuts provisoires du NPA révèle donc qu'il s'agit d'une association qui est politique, et dont le fonctionnement tourne autour du principe central de « militantisme », en évacuant complètement la question de la prise de pouvoir.
C'est-à-dire que, de la même manière que les statuts flottent sur le nuage de la démocratie, au-dessus de la réalité matérielle, les principes du fonctionnement interne flottent au-dessus des luttes de classe.
On a ici la mise en avant de la forme du « militantisme », qui est censée exercer une pression sur tous les aspects de la vie économique, en s'implantant notamment à l'intérieur des entreprises, « coeur de l'exploitation capitaliste ».
En fait, le projet du NPA est syndicaliste; c'est sur la base du « militantisme » au sein des entreprises que le NPA reproduit la division du travail du mode de production capitaliste en divisant, entreprises par entreprises, les « travailleurs » (le prolétariat n'existe pas dans la terminologie du NPA), à la manière d'un super-syndicat.
Le NPA suit donc la même logique corporatiste que les grèves ou manifestations réformistes qui existent déjà actuellement; il n'y a pas de projet global qui serait propre à la classe ouvrière.
Comme les syndicats, le NPA cherche à se greffer (avec forcément un temps de retard) sur une situation contextuelle particulière à l'intérieur des « entreprises », tout en restant déconnecté de l'aspect général de l'exploitation capitaliste.
En clair: tout mouvement doit rejoindre localement le NPA, sans rentrer dans un projet global de renversement par la violence du mode de production capitaliste.
Suivant une conception opportuniste, le militantisme du NPA intervient partout « où ça bouge » sans vision d'ensemble du système capitaliste, sans en rien se fonder sur une stratégie de prise du pouvoir, de destruction organisée du capitalisme.
« [Le] trait typique et caractéristique [de l'opportuniste] est : accommodation à l'atmosphère du moment, incapacité de s'élever contre la mode du jour, courte vue en politique et manque de caractère. » (Lénine, « le radical russe est fort pour ne voir qu'après coup ! »).
Logiquement, en lieu et place d'une ligne générale et d'une direction politique communiste c'est-à-dire idéologique), l'organisation centrale du NPA affiche sa volonté de se disperser au niveau local par la formation de « comités ».
La logique syndicaliste implique une réduction à la lutte locale et le refus d'une analyse globale, d'un point de vue politique, d'une ligne idéologique générale.
Ainsi, les comités du NPA ont donc une vison politique circonscrite à leur champ d'action (ignorant la réalité politique globale du capitalisme), de par leur nature « démocratique » locale, ils sont totalement coupés de la réalité globale et d'une ligne générale; en somme, le comité du NPA est comme une grenouille au fond d'un puits qui pense que le ciel n'est pas plus large que ce qu'elle peut en percevoir.
« En examinant une question, le marxiste doit voir le tout aussi bien que les parties. Une grenouille, dans un puits, disait que « le ciel n'est pas plus grand que la bouche du puits ».
Cela est inexact, puisque le ciel n'est pas limité aux dimensions de la bouche du puits. Si elle avait dit : « une partie du ciel et de la dimension de la bouche du puits », elle aurait dit vrai, parce que cela est conforme à la réalité. » (Mao Zedong, « la tactique de la lutte contre l'impérialisme japonais »).
Par conséquent, le NPA prend le contre-pied des deux méthodes essentielles de direction communiste, telles que décrites par Mao Zedong :
« Il y a deux méthodes que nous, communistes, devons appliquer dans n'importe quel travail: l'une consiste à lier le général au particulier, l'autre, à lier la direction aux masses. » (Mao Zedong, « A propos des méthodes de direction »). En clair, le NPA est une organisation :
--opportuniste, car se contentant de parasiter les « mouvements sociaux » ou les luttes une fois que ceux-ci sont déjà enclenchés;
--réformiste, car son objectif déclaré consiste à « faire évoluer les rapports de forces sociaux au profit de l'immense majorité de la population » et non de guider le prolétariat vers la révolution;
--social-démocrate, car s'alignant sur l'ultra-démocratisme et le syndicalisme, plutôt que le centralisme démocratique, et facilitant ainsi le travail de la bourgeoisie.
Le PCMLM, quant à lui, s'en tient aux principes du centralisme démocratique, qui seul est capable de lier le général au particulier.
Le centralisme démocratique est le type d'organisation qui permet d'appliquer « avec rigueur le principe de la vie démocratique sous une direction centralisée » (Mao Zedong, « L'élimination des conceptions erronées dans le Parti »).
Il s'agit de servir les intérêts des masses en coordonnant le mouvement de façon centralisée. A l'intérieur du Parti Communiste authentique, marxiste-léniniste-maoïste, la vie est démocratique, mais la direction a un rôle essentiel dans la synthétisation de la position des communistes.
En France, les intellectuels bourgeois résument le centralisme démocratique en disant qu'une fois une position décidée démocratiquement, toute l'organisation doit suivre, par discipline.
Cela est une demi-vérité, et une demi-vérité est une fausse vérité.
Le centralisme démocratique n'est pas un mode de fonctionnement formel, il a une signification politique: celle de la synthèse.
C'est-à-dire que la démocratie dans le Parti Communiste se développe ainsi dans un processus de centralisation: une ligne est établie démocratiquement et appliquée fermement par l'ensemble du Parti Communiste, qui agit et pense alors de manière unique, par l'intermédiaire de la direction.
Mais, et c'est là le point essentiel, la direction n'est pas la tête pensante de l'organisation, elle est la synthèse des positions des différents organismes du Parti Communiste authentique; si la direction est anéantie, les organismes reconstituent alors la direction à partir d'elles-mêmes.
Le centralisme démocratique ne signifie donc en rien le despotisme au sein d'une organisation; la direction est systématiquement l'expression des organismes du Parti, et c'est là que réside la force du centralisme démocratique.
Les organismes du Parti Communiste sont en effet eux-mêmes vivants grâce aux masses. En fait, les masses représentent la véritable base de la direction du Parti, ce sont elles qui insufflent le flux vital du Parti.
Et si la direction n'est pas en liaison dialectique avec les masses, alors sa ligne devient fausse, et sans ligne correcte, la direction fait des choix politiques erronés; les organismes du Parti Communiste perdent toute consistance, les masses s'éloignent de l'organisation, cherchant une nouvelle voie, une nouvelle orientation.
Telle est la bataille politique, la signification du Parti.
« Si actif que soit le groupe dirigeant, son activité se réduirait à l'effort infécond d'une poignée de gens, si elle n'était pas liée avec celle des larges masses. Mais, d'autre part, l'activité des larges masses qui n'est pas orientée comme il convient à un fort groupe dirigeant ne peut se maintenir longtemps, ni se développer dans une direction juste et s'élever à un niveau supérieur. » (Mao Zedong, « A propos des méthodes de direction »).
Ainsi, le PCMLM ne peut pas être une structure de militants à l'affût d'une occasion pour exercer une « pression » sur des négociations syndicales, mais un Parti de révolutionnaires professionnels en prise direct avec le prolétariat.
Le PCMLM est un organisme, dont la direction est l'expression politique, expression politique au service de l'organisme qui n'existe que par sa capacité à être l'expression des masses. Voilà pourquoi, rompant cette dynamique, des organisations communistes authentiques sont devenues révisionnistes.
Ainsi, ce que nous devons suivre comme ligne, c'est: en appliquant les principes du centralisme démocratique, le PCMLM est capable à la fois d'étudier une situation particulière avec minutie et d'orienter les grandes luttes actuelles pour la révolution future, la synthèse devant s'exprimer dans son organe politique « Révolution ».
Le PCMLM a comme identité d'être clairvoyant en puisant ses connaissances non seulement dans le marxisme-léninisme-maoïsme, mais aussi à l'école des masses car il sait « être élève avant d'être maître ».
Les connaissances ne sont pas des coups de massue théoriques assénées « d'en haut » sur des masses fébriles mais une émulsion « par le bas » venant de la pratique révolutionnaire au quotidien.
« La connaissance commence avec la pratique ; quand on a acquis par la pratique des connaissances théoriques, on doit encore retourner à la pratique.
Le rôle actif de la connaissance ne s'exprime pas seulement dans le bond actif de la connaissance sensible à la connaissance rationnelle, mais encore ce qui est plus important, il doit s'exprimer dans le bond de la connaissance rationnelle à la pratique révolutionnaire. » (Mao Zedong, « De la pratique »)