1 mar 2009

Le NPA et le «socialisme du 21ème siècle»

Submitted by Anonyme (non vérifié)

«Un autre monde est possible : le socialisme du 21ème siècle», tel est le titre du second chapitre du programme du NPA.

Voilà le fond de commerce du NPA : un autre monde est possible.

L'analyse bancale du capitalisme laisse craindre le pire sur  cet «autre monde» de l'au-delà du capitalisme, ce spectre du NPA qui ressemble bien loin au communisme de Marx et Engels !

Que dit le NPA?

« La grande majorité de la population est constituée de travailleurs, manuels ou intellectuels : celles et ceux qui n'ont que leur force de travail à mettre en oeuvre, le plus souvent contre un salaire, qu'ils/elles aient un emploi ou en soient privés, qu'ils/elles soient actifs ou en retraite.
L'écrasante majorité des jeunes en formation est destinée à rejoindre cette classe des travailleurs ». 

Rien de bien neuf, on sait depuis Karl Marx que la société capitaliste est divisée en classes, ou comme le dit Mao: « Dans la société de classes, chaque homme vit en tant que membre d'une classe déterminée et il n'existe aucune pensée qui ne porte une empreinte de classe » («De la pratique»).

Seulement voilà, le NPA ne fait aucune distinction au sein de la classe des travailleurs, il semble oublier la classe ouvrière, et cela est très révélateur.

De fait, on sait que la NPA est une organisation s'appuyant principalement sur des petits-bourgeois, (comme l'ex-LCR), ayant beaucoup de travailleurs intellectuels.

Immédiatement, le NPA glisse son électorat dans sa base programmatique. Sans perspective sur le prolétariat, le NPA oublie l'histoire du mouvement ouvrier, et de la lutte de classe entre cette classe opprimée et un capitalisme (qu'il n'a d'ailleurs pas défini dans le premier chapitre de son programme).

De fait, comme le NPA n'a pas défini le capitalisme, capitalisme qui s'oppose violemment au prolétariat, inutile de lui de demander où est passée la lutte de classe.

Le NPA fait un déni, bien entendu il parle d'en « finir avec l'exploitation » et bien sûr de « critique radicale du système capitaliste, sérieuse et cohérente »(sic !)

Seulement voilà, n'importe quelle personne marxiste connaît cette vérité : « Il est prouvé, par conséquent, que, dans l'histoire moderne tout au moins, toutes les luttes politiques sont des luttes de classes, et que toutes les luttes émancipatrices de classes, malgré leur forme nécessairement politique — car toute lutte de classes est une lutte politique — tournent en dernière analyse, autour de l'émancipation économique » (Engels : Ludwig Feuerbach).

L'absence de distinction entre les classes sociales, y compris au sein des travailleurs, montrent le caractère romantique du NPA.

Le programme du NPA insiste même:

« En finir avec les crises implique d'en finir avec l'exploitation, donc avec la propriété privée des principaux moyens de production, d'échange et de communication, qui en constitue la base...
Libérées de la propriété et de l'appropriation capitalistes, la production et la répartition des richesses pourront bénéficier à la société tout entière. Se nourrir, se chauffer, se loger, se soigner, s'éduquer, se cultiver, se déplacer sont des besoins essentiels qui doivent être garantis pour toutes et tous ». 

Oui certes, mais il n'empêche que le NPA n'a pas l'air de vouloir endosser le costume du nouveau Prométhée de l'humanité qui lui apporte le feu. Le NPA se contente de dire : « il faut », mais à la question du « comment » les rangs s'écrèment - et cela était inévitable à partir du moment où ce n'est pas la classe ouvrière qui est considérée comme la classe la plus révolutionnaire de notre époque.

Le NPA donne par conséquent une définition bien rapide du socialisme:

« Le socialisme, l'écosocialisme, c'est le pouvoir des travailleurs et travailleuses dans tous les domaines et à tous les échelons de la vie politique, économique et sociale ».

La seule fin de l'exploitation est-elle une perspective à elle-même suffisante ? Non, il faut savoir comment y mettre fin par quel système, sinon on est dans le romantisme, pas dans la lutte des classes.

Il s'agit donc ici d'une pétition de principe : il faut mettre un terme à ce système capitaliste. Mais le NPA louvoie alors.

Le NPA méconnaît l'inscription dans l'histoire de tout mouvement d'émancipation. Le matérialisme historique n'existe tout simplement pas! Engels avait formulé pourtant ce principe essentiel :

« Les hommes font leur histoire, quelque tournure qu'elle prenne, en poursuivant chacun leurs fins propres, consciemment voulues, et ce sont précisément les résultats de ces nombreuses volontés agissant dans des sens différents et de leur répercussions variées sur le monde extérieur qui constituent l'histoire.

Il s'agit aussi, par conséquent, de ce que veulent les nombreux individus pris isolément. La volonté est déterminée par la passion ou la réflexion. Mais les leviers qui déterminent directement à leur tour la passion ou la réflexion sont de nature très diverse.

Ce peuvent être, soit des objets extérieurs, soit des motifs d'ordre idéal : ambition, « enthousiasme pour la vérité et la justice », haine personnelle ou encore toutes sortes de lubies purement personnelles.

Mais, d'une part, nous avons vu que les nombreuses volontés individuelles qui agissent dans l'histoire entraînent, pour la plupart, des résultats tout à fait différents et souvent directement opposés à ceux que l'on se proposait, et que leurs motifs n'ont par conséquent qu'une importance secondaire pour le résultat final.

D'autre part, on peut encore se demander quelles sont à leur tour les forces motrices cachées derrière ces motifs, et quelles sont les causes historiques qui se transforment en ces motifs dans les cerveaux des hommes qui agissent » (Ludwig Feuerbach).

Voilà pourquoi la définition du socialisme par le NPA n'est en rien matérialiste, et totalement romantique:

« Le socialisme n'a évidemment rien à voir avec les politiques capitalistes des formations social-libérales telles que, en France, le parti dit "socialiste".
De même, il s'oppose radicalement aux dictatures bureaucratiques qui, de l'ex-URSS à la Chine, en ont usurpé le nom, alors même qu'elles reproduisaient des mécanismes d'exploitation et d'oppression qu'elles prétendaient combattre et favorisaient les pires travers productivistes...
Le socialisme, c'est bien le règne de la démocratie la plus réelle et la plus étendue ».  

Voilà la première définition du socialisme sur le mode de la définition négative : lorsque je ne sais dire ce qu'est une chose, parce que je n'enquête pas sur ses fondements, je sais au moins ce qu'elle n'est pas, technique bien connu des phraseurs trotskistes et de leurs pères les théologiens de la scolastique moyen-âgeuse spécialistes de la définition négative de Dieu !

Le NPA à court d'idée ressert le vieux laïus éculé, et se contente de formules néfatives: le socialisme ce n'est pas Ségolène Royale et Martine Aubry, ce n'est pas non plus les Régimes Socialistes.

Et voilà qui mérite réflexion !

Que le socialisme ne soit pas défini comme les politiques social-libérales du PS, P « C »F, Parti de Gauche etc., fort bien.

Mais est-ce alors un socialisme à visée communiste ? Bien entendu que non! Et c'est là le problème: le NPA ne fait que reprendre la chimère d'une troisième voie entre social-démocratie et communisme.

Mais une telle troisième voie n'existe pas, même si anarchistes et trotskystes en rêvent, eux qui dans les années 1970-2000 ont pu se développer, comme sous-produits de l'âge d'or capitaliste et de l'échec du révisionnisme du P « C »F.

Une troisième voie que le NPA définit ainsi:

« Le socialisme implique la fin de toutes les oppressions, de tout racisme et de toute discrimination ; le respect des cultures, des langues, des orientations sexuelles, des opinions philosophiques, religieuses, de la laïcité des administrations et pouvoirs publics ». 

On reconnaît ici le socialisme égalitariste, déviance petite bourgeoise s'il en est, on parle des attitudes individuelles et pas du socialisme, qui est un régime social et politique basé sur la propriété collective des moyens de production.

Nous avons souligné d'ailleurs que le NPA était dans l'impossibilité de reconnaître cette propriété collective, de par sa nature petite-bourgeoise et sa volonté de conserver la petite prorpriété individuelle.

Nous sommes donc bien loin d'une perspective communiste au sein du NPA.

L'attitude du NPA est profondément bourgeoise et pseudo-révolutionnaire. Des termes méconnus sont employés, on veut un socialisme « ni »-« ni », on parle d'une démocratie égalitaire, on ne parle pas du travail, pas de révolution, pas de communisme, pas de prolétariat, pas de la crise générale du capitalisme, pas du fascisme, pas de l'impérialisme et des guerres.

Les positions du NPA sont une leçon par la négative de ce qu'il ne faut pas faire.

« Rien de plus commode au monde que l'attitude idéaliste et métaphysique, car elle permet de débiter n'importe quoi, sans tenir compte de la réalité objective et sans se soumettre au contrôle de celle-ci. Au contraire, le matérialisme et la dialectique exigent des efforts; ils veulent que l'on parte de la réalité objective, que l'on se soumette à son contrôle. Si l'on ne fait pas d'effort, on risque de glisser dans l'idéalisme et métaphysique » (Mao Ze Dong, Note sur les «Documents à propos du groupe contre-révolutionnaire de Hou Feng»).

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