La crise générale de l'élevage français
Submitted by Anonyme (non vérifié)Aux yeux du matérialisme dialectique, le mode de production capitaliste va à son effondrement. Il n'y a donc nul surprise à ce que l'élevage soit en crise, et une crise non pas simplement passagère, mais générale.
Aux yeux de la bourgeoisie, cela reste incompréhensible. L'intégration généralisée des animaux dans l'alimentation humaine semble la norme, et comme tout le monde mange, par définition tout ne peut que perdurer. Surtout si l'on pense que justement on peut élargir la consommation, faire en sorte que les gens mangent plus, que les poules pondent davantage, etc.
Or, on ne peut pas contourner les lois d'un mode de production. On ne peut pas « oublier » sa base pas plus qu'on ne peut en effacer les limites.
Ces limites, il y en a deux pour les producteurs : tout d'abord la chute tendancielle du taux de profit, ensuite la concurrence.
Dans le domaine du lait, c'est pratiquement un cas exemplaire. Il faut se souvenir ici que le 1er avril 2015, il a été mis fin aux quotas laitiers européens, qui permettait de réguler le marché. Or, que devait-il se passer ? Tout simplement l'effondrement des petits producteurs face aux géants, du type du néo-zélandais Fonterra qui produit 30% des exportations de lait mondial, la production mondiale elle-même ayant augmenté de 2,6%.
Les secteurs anciennement protégés ne faisant pas le poids sont balayés, produisant l'anticapitalisme romantique: il faut citer ici FranceTV qui s'est permis un lyrisme digne du Maréchal Pétain en 1940.
« Robotisation, économies d'échelle, méthodes industrielles : voici comment l'Allemagne dépasse désormais la France dans de nombreuses filières d’élevage.
Des exploitations gigantesques
Pour le lait, la production française représentait 7,8 milliards d'euros en 2010 contre 9 milliards en Allemagne. En Allemagne, il n'y a pas de limite à la taille des exploitations et moins de normes que chez nous. Ici, les vaches restent cloîtrées en permanence dans l'étable. La quantité prime sur la qualité. En France, c'est l'inverse, les vaches sont plus souvent à l'air libre et les exploitations sont plus petites. »
Un tel anticapitalisme romantique ouvert dans un grand média est sidérant mais ce n'est bien sûr qu'un début. Les secteurs bovins et porcins s'effondrent pareillement devant la concurrence. Il y a ainsi l'exemple italien : la consommation de viande par personne est passé de 26 à 22 kilos et surtout, du point de vue français, elle importe désormais de Pologne, au lieu de France comme ce fut le cas pendant quarante ans...
On devine quelle va être la politique des monopoles : accuser l'étranger, le capitalisme « international », alors qu'en réalité les monopoles français sont partie prenante de la tendance actuelle, par l'intermédiaire des secteurs de la transformation et de la distribution.
Ce à quoi on aura droit, c'est d'un côté le discours petit-bourgeois du type « zadiste » partisan d'un « retour en arrière », de l'autre un nationalisme exacerbé pour masquer le rôle des monopoles.
Il y a cette situation assez exemplaire : le 17 juin dernier, un accord a été fait entre les abatteurs et les éleveurs dans le secteur bovin : les prix devaient augmenter de 5 centimes par semaine. En pratique, l'augmentation totale a été de 7 centimes.
Ce qui est frappant cette fois, c'est que les producteurs sont pris à la gorge : le lait leur est payé 300 euros/tonne, il faudrait qu'il soit à 340 euros/tonne rien que pour couvrir les coûts de production.
Le constat est pareil dans les secteurs bovins et porcins. Un kilo de cochon est payé 1,38 euro aux éleveurs, son prix est ensuite de 12 et 15 euros en rayon. Un kilo de bœuf est acheté 3,15 euros le kilo aux éleveurs, son prix est ensuite pareillement plus de dix fois plus cher.
L'origine de cela est facile à comprendre : l'élevage est un secteur capitaliste extrêmement agressif.
Même si le financement des petites entreprises est faible, les éleveurs sont des capitalistes dans l'âme, ils ne pensent qu'à accumuler, élargir leur production, jusqu'à s'endetter comme des forcenés, tellement ils sont pétris de pouvoir accumuler du capital.
La Chine et sa consommation grandissante apparaissaient comme un eldorado fabuleux ; les animaux comme de simples objets gérables scientifiquement de manière absolue.
Mal leur en a pris : face à la concurrence internationale, et au développement des monopoles, ceux qui ne font pas le poids se sont pris une claque capitaliste.
Faut-il les regretter ? La réponse est non ; on se souvient de la fameuse phrase de Lénine :
« Car, malheureusement, il reste encore au monde une très, très grande quantité de petite production: or, la petite production engendre le capitalisme et la bourgeoisie constamment, chaque jour, à chaque heure, d'une manière spontanée et dans de vastes proportions. »
Les monopoles remplaçant les petits producteurs sont un progrès historique ; le socialisme met ces monopoles aux services des grandes masses. Les monopoles présentent des moyens de production gigantesques, permettant de satisfaire les besoins des masses.
Quant à savoir si les masses ont besoin de fermes industrielles et de centrales nucléaires, la réponse est non bien sûr, ce qui pose la question de savoir quel est le programme communiste d'une société humaine avancée, en harmonie avec la Biosphère, diffusant la vie dans la galaxie, élevant son niveau culturel à des hauteurs toujours plus grandes.