Faillite du groupe Doux : un exemple du cul-de-sac économique et culturel
Submitted by Anonyme (non vérifié)Le groupe Doux est un monopole français qui produit de la viande dite de « volaille ». Premier producteur européen, il fait partie des quelques monopoles leaders du marché mondial.
Aujourd’hui le groupe est en crise, à l'image du mode de production capitaliste lui-même qui s’effondre tout en s'enfonçant dans la barbarie.
La barbarie, c'est le cœur de l’activité du groupe Doux qui se vante de 252,8 millions de « têtes abattues » en 2010, soit une progression de 4% par rapport à l'année précédente. Bien sûr, dans sa propagande le groupe prétend de manière cynique que « tout l’élevage est centré sur le bien-être de l’animal lui-même et notamment sur sa santé physique et son comportement (comportement de jeux, comportements sociaux) ».
Mais rien que les normes que le groupe Doux se vante de respecter montre à quel point l'agro-industrie s'oppose à toute perspective de civilisation de progrès et de « bien être » :
« 11 animaux / m² pour les volailles Label Rouge
18 animaux / m² pour les volailles Certifiées
22 animaux / m² pour les volailles classiques »
L'utilisation des animaux et l'exploitation de la classe ouvrière vont de pair, ils sont tous les deux, de manière complémentaire, à l'origine d'une partie importante de la plus-value, la source des profits réalisés par la bourgeoisie.
Les conditions d'exploitation du travail au sein des usines Doux sont particulièrement déplorables. La nature même du travail y est insupportable et totalement aliénante : tâches répétitives, bruit constant, température très fraîches, humidité importantes, etc.
Mais en plus la situation y est particulièrement dégradée comme le révélait une enquête au sein de l'usine Père-Dodu de Quimper. La Commission départementale de contrôle de la médecine du travail expliquait alors qu'aux conditions de travail difficiles s’ajoute le manque de considération voire de respect envers les salariés ».
Un délégué CGT du site dénonçait lui le fait que « le taux de fréquence des accidents de travail est de 98,88 % ! Cela signifie que l’ensemble des salariés du site ont été victimes d’un accident de travail dans l’année, ou que certains ont été plusieurs fois en arrêt de travail suite à un accident (chutes, heurts, coupures,…) », avant d'ajouter que le taux de gravité de ces accidents est 50 % supérieur à la moyenne dans ce secteur industriel.
La bourgeoisie ne s'embarrasse pas avec les dégâts qu'elle crée dans la vie des prolétaires : le groupe Doux a licencié plusieurs fois des personnes déclarées inaptes sur les postes de travail, comme ce fut le cas d'une ouvrière de l'usine de Quimper devenue inapte après avoir perdu un doigt sur une chaîne.
Pour maintenir son taux de profit, la bourgeoisie doit intensifier le taux d'exploitation de la classe ouvrière ; elle se sert également des animaux pour tenter d'absorber la chute tendanciellement du taux de profit.
Le groupe Doux est un monument de l'agro-industrie, il est au cœur de la modernisation du processus de production capitaliste depuis les années 1960. C'est l'un des principaux monopoles en France à avoir imposé de la nourriture de mauvaise qualité au masses populaires. Fondé par la construction d'un premier abattoir en 1955, le groupe s'est progressivement développé grâce à la massification de la consommation de « volaille », et l'hyper modernisation du travail et de l'utilisation des animaux.
Mais malgré tout, la bourgeoisie ne peut pas garantir éternellement ses taux de profit. La crise était inévitable.
Le groupe Doux s'est maintenu en se tournant massivement vers l'exportation (Arabie Saoudite, Qatar, Russie, Chine, etc.), bénéficiant pour cela d'aides massive de la part des institutions : il est le premier bénéficiaire en France des aides à l'exportation par l'Union européenne (55 millions d'aides en 2011 !).
Il a également concentré son activité autour d'activités à haute plus-value, c'est à dire des produits transformés tels que des panés, des nuggets, des plats pré-cuisinés, dont une part importante de surgelés. Doux a commencé à véritablement monopoliser le secteur dans les années 1990, après avoir racheté la marque Père Dodu en 1991.
A la fin des années 1990, le groupe s'est tourné vers l'Amérique du Sud, région (principalement le Brésil et l'Argentine) qui est de plus en plus transformée en ferme-usine du monde par l'impérialisme. En 1998 le groupe Doux s'est emparé de Frangosul afin de s'implanter au Brésil et faire des marges plus importantes à l'exportation.
De nombreux sites français ont alors fermé et le groupe a largement importé une partie de sa production brésilienne en France. Mais il n'a pas résisté aux effets de l'accentuation de la crise capitaliste, et notamment de la flambée du prix des céréales en 2007 (nécessaire à l'alimentation des animaux) ainsi que les évolutions du cours de la monnaie brésilienne.
Actuellement, le groupe cumule une dette de plus de 400 millions d'euros et a récemment dû céder son activité au Brésil à JBS, un important monopole local. C'était une position importante de l'impérialisme français qui s'est fait bouter hors du Brésil.
Récemment, de nouveaux sites ont été fermés en France, d'autres sont menacés, les filiales allemandes et espagnoles ainsi que des bureaux en Suisse et en Angleterre ont été cédés.
Cette semaine, pour faire face aux menaces de faillite du groupe, Charles Doux, le président propriétaire de 80% de Doux (les 20% restant étant détenus par la BNP) a décidé l’éjection des deux principaux dirigeants du groupe. Son petit-fils Jean-Charles Doux a été nommé pour tenter de redresser le groupe et notamment négocier l’échelonnement de la dette auprès de Barclays, la principale banque créancière.
Le groupe devrait certainement se séparer d'une partie de ses usines/abattoirs, licencié du personnel et réorienter son activité vers les produits les plus rentables, les produits transformés.
Ni Charles Doux, 151ème fortune française, ni la BNP ne veulent véritablement se séparer du groupe et faire l'impasse sur quelques 1,4 milliard d'euros de chiffre d'affaires annuel (malgré de mauvais bilans). La seule solution pour la bourgeoisie c'est de continuer à accentuer la pression sur la classe ouvrière ainsi que, en l'occurrence, sur les animaux.
Aujourd'hui encore la classe ouvrière ne trouve pas d'autre solution que de tenter de fuir la réalité – dans les usines du groupe, le taux d'abstention est particulièrement important, il était même jugé « phénoménal » par les syndicalistes de l'usine de Quimper. Dans le même temps, la direction tente d'arracher le moindre euro sur le dos des prolétaires, par exemple en refusant de payer les temps de pause comme prévu initialement. Tellement la manœuvre était grosse, en 2010 la « Justice » avait alors due condamner l'entreprise à payer plus de 5000 euros d’arriérés à des employés ayant saisi les tribunaux.
Mais tout cela ne durera pas. L'issue, la seule issue valable pour les masses prolétaires et les animaux, c'est la révolution socialiste. Soit la classe ouvrière impose le socialisme, soit la bourgeoisie impérialiste continuera de répandre la barbarie, sombrant toujours plus dans le fascisme.
Le mode de vie et la culture de mort imposés par le capitalisme doivent cesser, les masses doivent se saisir de leur avenir et marcher vers leur libération. Le sort de la planète Terre elle-même et de tous ses habitants en dépend directement.