Le nihilisme national : contre la démocratie au nom du post-modernisme
Submitted by Anonyme (non vérifié)Le capitalisme en crise tente deux réponses pour se maintenir : celle qui prône la fuite en avant, dans l'exaltation du nationalisme et de la guerre, et celle qui prône le prolongement de la vie par la dissolution la plus complète par l'ultra-libéralisme total.
Le premier cas est celui bien connu du fascisme et de la guerre, mais la seconde facette, que l'on doit appeler post-moderne, ne doit absolument pas être oublié. On voit d'ailleurs son importance précisément en ce moment, entre le développement des thèmes du « queer », du « genre », des identités « post-coloniales », et Daesh.
Car Daesh est précisément post-moderne : il y a exactement le même nihilisme national dans le post-modernisme et dans l'islamisme, pour la simple raison que l'islamisme n'est rien d'autre qu'une variante du post-modernisme.
Regardons les faits. Le matérialisme dialectique dit que la synthèse est ce qui compte : il est bien de passer des tribus aux peuples, des entités féodales aux nations, puis des nations à l'internationalisme. Dans ce processus, on accumule à chaque fois des éléments démocratiques, qui se compilent jusqu'au socialisme et au communisme, jusqu'à la démocratie complète.
Tant le fascisme que le post-modernisme nient par contre la démocratie. Le fascisme fait l'exaltation de la nation comme fétiche, comme horizon indépassable. Niant la culture et la démocratie, on est là dans le chauvinisme, simple masque d'une partie de la société qui domine socialement, économiquement et politiquement : la bourgeoisie.
Le post-modernisme, de son côté, atomise tout. Il n'y a plus d'ensemble démocratique, il n'y a plus que des individus définis par leur identité. Daesh dit que tous les individus doivent être musulmans, que les nations n'existent pas ; tous les drapeaux nationaux sont brûlés, y compris le drapeau palestinien.
Mais si l'on regarde du côté des forces soutenues par l'impérialisme, américain notamment, on a une définition toute aussi identitaire. Le PKK prône ainsi le multi-nationalisme local, avec prises de décisions sur une base identitaire. Ce principe « autogestionnaire » est bizarrement salué comme « révolutionnaire » par la majorité des anarchistes en France, ce qui montre leur totale décadence idéologique.
De la même manière, les projets plus généraux de nouvel « Etat » se font sur une base identitaire, d'ailleurs l’État irakien organisé par les Etats-Unis après avoir fait tomber Saddam Hussein a divisé en zones kurdes, chiites et sunnites, selon la pratique de diviser pour régner.
Que ce soit pour l'Irak ou pour la Syrie, l'objectif impérialiste est clairement de faire disparaître ces pays et leur cadre national, pour le remplacer par une division semi-féodale, fasciste, sur une base identitaire, le tout maquillé en « fédération », « démocratie locale », etc.
Et que voit-on en Ukraine ? Que le coup d’État de la place Maidan de Kiev a amené au pouvoir des identitaires ukrainiens, ayant une définition existentialiste de l'Ukraine, avec l'apologie de Stepan Bandera comme « héros » anti-soviétique et de l'Ukraine comme toujours « victime ».
En face, ce n'est pas la cause de l'Ukraine antifasciste qui a été levée, mais une cause identitaire, propre à la région du Donbass, avec une nouvelle nation inventée : la « Nouvelle-Russie », « novorussia », avec un drapeau, un blason, une armée, etc.
Là encore, on a l'esprit de sécession et l'idéologie identitaire comme forces motrices. On peut d'ailleurs voir que les médias français, depuis quelques jours, ne cessent de faire la mise en avant de personnes partant en Syrie pour s'engager dans une milice chrétienne.
Depuis plusieurs semaines, une bonne partie de l'extrême-gauche allemande fait pareillement la promotion du départ dans les rangs du PKK en Syrie, tandis qu'en Espagne viennent d'être arrêté huit personnes de retour d'Ukraine et qui avaient intégré là-bas l'armée de la « Nouvelle-Russie ».
Au nom de causes identitaires, on fait disparaître l'histoire, on nie la démocratie et son universalisme, on prône la définition de l'individu sur une base identitaire, et on en fait le moteur de l'histoire.
Il n'y a plus d'êtres humains qui sont le produit du mouvement de la matière, de la nature, qui veulent être heureux tous de la même manière; il n'y a plus de prolétaires et de bourgeois. Il n'y a que des individus qui sont en « souffrance » sur un mode « existentialiste » et qui doivent se « révolter » pour l'affirmation de leur « identité ».
Tel est le nihilisme national, qui va des anarchistes américains remplissant des Tumblr entiers d'images d'émeutes aux islamistes détruisant le patrimoine archéologique en Irak, des post-modernes luttant contre des « phobies » censées être « individuelles » aux illuminés ayant trouvé une cause à rallier identitaire à l'étranger (islamisme, sionisme, etc. etc.).
L'histoire des peuples est niée, l'histoire de sa culture est niée, l'histoire de ses éléments démocratiques est niée, tout cela afin de nier que l'histoire continue jusqu'à la fusion des peuples dans la fusion des éléments nationaux-démocratiques jusqu'à la démocratie la plus complète, universaliste, forcément universaliste.