19 juin 2015

L'encyclique Laudato si’ - 1re partie : introduction

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Ce qui distingue fondamentalement la période marquée par les débuts de l'humanité civilisée et celle qui sera celle de la république socialiste mondiale, c'est le rapport à la réalité matérielle.

Ce qui a toujours primé, c'est la conception selon laquelle l'humanité serait sortie de la nature, de l'ordre universel. L'humanité « penserait » ; elle aurait une existence séparée du reste. Même le paganisme attribuait d'ailleurs à la réalité des valeurs intrinsèques, tel le destin, ou bien l'honneur, le bonheur, la joie, etc., dont l'humanité pourrait « profiter » en disposant du libre-arbitre.

C'est la base de ce qu'on appelle le dualisme, séparant la matière et l'esprit. L'esprit pourrait se saisir de la réalité, depuis l'extérieur ; la bourgeoisie a systématisé ce point de vue avec notamment, en France, René Descartes, qui fut un semi-matérialiste bourgeois établissant un compromis entre le dualisme traditionnel et un pragmatisme bourgeois productif.

Historiquement, l’Église catholique romaine a été un grand promoteur historique du dualisme, durant le féodalisme, et l'a ensuite modernisé afin de le rendre adapté à la bourgeoisie, qui finalement se reconnaît aisément dans une monarchie parlementaire ou bien une république autoritaire avec en arrière-plan une religion aidant les valeurs conservatrices tout en laissant libre le commerce et l'industrie.

Le concept du « big bang » est un exemple de cela : il fut produit par un abbé, diffusé par le Vatican, contribuant à enserrer les masses dans l'idéalisme, le dualisme, la croyance en une « origine », un « début », donc un « Dieu ».

La crise écologique rend par contre ardue la préservation du dualisme, de l'idéalisme : la toute-puissance du libre-arbitre humain apparaît ici comme une vanité complète.

C'est pourquoi le pape François, chef de l’Église catholique romaine, a produit l'encyclique Laudato si’, rendue publique le 18 juin 2015.

Cette expression italienne signifie « Loué sois-tu », et si elle n'est pas en latin c'est qu'elle est tirée d'un texte italien, le Cantique des créatures de « Saint » François d'Assise (1181-1226).

Il s'agit pour le pape François d'établir tout un dispositif idéologique autour du thème de la création.

Le principe est le même que celui appliqué aux « extra-terrestres », pour lesquels le Vatican dispose d'un envoyé spécial, en l'occurrence le jésuite Guy Consolmagno, profitant de différents observatoires (Castel Gandolfo près de Rome, ainsi qu'en Arizona aux Etats-Unis).

Si jamais des extra-terrestres étaient rencontrés par l'humanité et ne connaissaient pas Jésus, la stratégie du Vatican serait de dire non pas que le catholicisme a failli, mais que l'humanité doit justement évangéliser les extra-terrestres.

Le Vatican fait de même avec la crise écologique : elle témoignerait non pas de l'échec de l'idéalisme, mais du fait que l'humanité doit se soumettre à Dieu, qui aurait établi la création.

C'est le grand thème justement du chant religieux de François d'Assise, dont est tiré le titre de l'encyclique et dont voici un extrait représentatif :

« Loué sois-tu, mon Seigneur, par frère feu
par lequel tu illumines dans la nuit,
et il est beau et joyeux et robuste et fort.

Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur notre mère Terre,
laquelle nous soutient et nous gouverne,
et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe. »

Du point de vue matérialiste dialectique, c'est là une conception idéaliste, que l'on peut opposer par exemple à la formulation du matérialiste Lucrèce, le plus célèbre disciple d'Epicure, dans son De Rerum Natura :

« Mère de la Nature, aïeule des Romains,
O Vénus, volupté des dieux et des humains,
Tu peuples, sous la voûte où glissent les étoiles,
La terre aux fruits sans nombre et l'onde aux mille voiles;
C'est par toi que tout vit ; c'est par toi que l'amour
Conçoit ce qui s'éveille à la splendeur du jour. »

La différence tient à ce que pour le matérialisme dialectique, il n'y a pas de « Seigneur » éternel ayant donné naissance à l'univers (qui serait temporaire et fini), mais bien un univers infini et éternel.

Cet univers forme un tout unique, une entité complète formant un seul et même processus. C'est pourquoi le matérialisme dialectique considère que la planète Terre est une « biosphère », un tout formant une seule entité, qui est elle-même un élément d'un univers infini en oignon.

Les êtres humains ne pensent pas ; leur pensée est un reflet. L'univers est un tout, d'une unité complète, en transformation éternelle, effectuant des bonds qualitatifs, dans un mouvement en spirale. Les êtres humains ne sont qu'un aspect de l'univers, de la nature. Ils n'ont pas de statut séparé ; il n'y a pas de Dieu.

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