25 juin 2015

L'encyclique Laudato si’ - 2de partie : le concept catholique du «big bang»

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Comprendre le sens de l'encyclique Laudato Si' par rapport à la question de la nature nécessite, par conséquent, de saisir la signification concrète du dualisme et de son opposé, le monisme. En apparence, en effet, on peut considérer que le discours du pape dans l'encyclique est un appel matérialiste, par exemple à la lecture de cela :

« Si l’être humain se déclare autonome par rapport à la réalité et qu’il se pose en dominateur absolu, la base même de son existence s’écroule, parce qu’« au lieu de remplir son rôle de collaborateur de Dieu dans l’œuvre de la création, l’homme se substitue à Dieu et ainsi finit par provoquer la révolte de la nature » (Jean-Paul II). »

Cependant, il faut bien voir qu'en réalité, derrière la défense de la nature, c'est Dieu qui est mis en avant en tant que concept absolu. L'encyclique Laudato Si' a d'ailleurs comme sous-titre « Sur la sauvegarde de la maison commune ». Ce concept de « maison commune » s'oppose directement à celui, matérialiste dialectique, de « biosphère », formulé par le savant soviétique Vladimir Vernadsky (1863-1945). Avec le concept de biosphère, l'humanité est une composante de la biosphère, elle n'en est pas séparée. 

Le pape et l’Église catholique romaine s'opposant au monisme, ils ne peuvent pas reconnaître la réalité comme formant une unité générale, unique. Ils sont dualistes et considèrent ainsi, fort logiquement, que la planète Terre a été « créée » et qu'elle a été donnée à l'humanité. L'humanité ne se confond pas avec la nature, elle existerait en dehors d'elle.

La planète est alors une « maison commune », qui aurait été fournie par Dieu, au moyen d'un acte de création. Cette création relève selon la religion  du mystère ; les humains ne peuvent pas la « comprendre », seulement l'accepter. L'appel à l'écologie est ici l'appel à respecter la création, et donc à se tourner vers Dieu.

L'encyclique Laudato Si' exprime cela en donnant un exemple particulièrement mystique :

« D’autre part, saint François, fidèle à l’Écriture, nous propose de reconnaître la nature comme un splendide livre dans lequel Dieu nous parle et nous révèle quelque chose de sa beauté et de sa bonté : « La grandeur et la beauté des créatures font contempler, par analogie, leur Auteur » (Sg 13, 5), et « ce que Dieu a d’invisible depuis la création du monde, se laisse voir à l’intelligence à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa divinité » (Bm 1, 20).

C’est pourquoi il demandait qu’au couvent on laisse toujours une partie du jardin sans la cultiver, pour qu’y croissent les herbes sauvages, de sorte que ceux qui les admirent puissent élever leur pensée vers Dieu, auteur de tant de beauté. Le monde est plus qu’un problème à résoudre, il est un mystère joyeux que nous contemplons dans la joie et dans la louange. »

Pour saisir la portée de cette affirmation, il faut se tourner vers le concept catholique de « Big Bang » (le « grand boum »).

En tant que « concept », le « Big Bang » a eu un succès fulgurant dans les années 1970, pour atteindre son apogée dans les années 1990, étant encore largement prédominant dans les années 2010. Son contenu a été tellement maquillé que l'écrasante majorité des gens le reconnaissant alors comme « scientifique » imaginaient en même temps qu'il avait une portée critique de la religion, en opposition à la Bible, etc.

En réalité, le concept de « Big Bang » est catholique de bout en bout. Il a été forgé par un abbé et promu en tant que grande idée par le pape lui-même. Car à l'origine du « big bang », on a un jésuite belge, Georges Lemaître (1894 – 1966), qui fut notamment professeur à Université Catholique de Louvain.

Astro-physicien, il fut une figure du monde scientifique des années 1930, voyageant régulièrement aux Etats-Unis, alors qu'il est initialement devenu prêtre. Georges Lemaître formula dans ce cadre, dès 1927, la théorie de « l'atome primitif », avec un univers ayant donc une origine et étant en expansion (« Un Univers homogène de masse constante et de rayon croissant rendant compte de la vitesse radiale des nébuleuses extra-galactiques », article publié dans les Annales de la Société scientifique de Bruxelles).

Cette conception triompha chez les penseurs bourgeois, jusqu'à se généraliser. La bataille idéologique fit naturellement rage et un événement important fut la lettre ouverte au pape Pie XI publiée par l'astronome soviétique, défendant le matérialisme dialectique, Vartan Ter-Oganezov.

Vartan Ter-Oganezov fut la grande figure combattant le concept de « Big Bang » au nom du caractère inépuisable de la matière. Car naturellement, l'Union Soviétique avait parfaitement compris et rejetait formellement ce concept de grand boum à l'origine de l'univers, qui inévitablement aboutissait à l'affirmation d'une origine, niant par là le matérialisme et la dialectique de la matière.

De ce fait, le révisionnisme ayant triomphé par la suite en URSS à partir de 1953, un large compromis fut fait par les scientifiques soviétiques avec le principe du « big bang » ; la mort de Vartan Ter-Oganezov, en 1963, ne fut mentionné nulle part.

De son côté, le sucesseur de Pie XI, Pie XII, tint en 1951 un discours à l'académie des sciences, reconnaissant la théorie du Big Bang comme valable et la présentant comme la « norme » des scientifiques, ce qui n'était pas encore le cas. L'année suivante, l'International Astronomical Union se tint à Rome et non en URSS comme prévu, en raison des tensions idéologiques, avant de revenir à Moscou, en 1958, alors que le révisionnisme avait triomphé en URSS.

Le concept de « création » de l'univers était ainsi parfaitement mis en place, et adapté aux nouvelles conditions. La Bible avait servi le féodalisme en proposant un monde statique se reproduisant ; elle servait désormais la bourgeoisie en acceptant une transformation encadrée par « dessein de Dieu » (présenté souvent de manière euphémique sous le terme de « dessein intelligent ») . Le cosmologiste Stephen Hawking, proche du Vatican, joua un rôle essentiel dans la diffusion commerciale, culturelle et intellectuelle du grand boum prétendument à l'origine de l'univers, et servant à établir de manière faussement scientifique le principe de création.

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Le contenu du concept de «Big Bang» a été tellement maquillé que l'écrasante majorité des gens le reconnaissant comme «scientifique» imaginent en même temps qu'il aurait une portée critique de la religion...