L'origine de la vie dans les comètes : une hypothèse métaphysique
Submitted by Anonyme (non vérifié)Vendredi 31 juillet 2015, le numéro spécial du journal Science a fait beaucoup de bruit dans les médias scientifiques. Ce numéro contenait une petite dizaine d'articles consacrés aux données fournies par Philae, l'atterrisseur de la sonde spatiale Rosetta, à propos de la comète Tchouri.
Dans un premier temps, on peut remarquer le caractère anti-démocratique de cette publication payante pour un projet qui avait été largement médiatisé l'année dernière et, qui plus est, est financé par les fonds publics. Mais la production scientifique est complètement intégrée au capitalisme et s'opposer à ce système payant et inégalitaire coûte très cher.
Pour se faire une idée des données qui ont été collectées, on peut se rabattre sur le bref résumé publié par le CNES. Le point central est la présence de « molécules organiques inédites » sur des comètes.
Le CNES détaille :
« 16 composés ont pu être identifiés, répartis en 6 classes de molécules organiques (alcools, carbonyles, amines, nitriles, amides et isocyanates). Parmi eux, 4 sont détectés pour la 1ere fois sur une comète (l’isocyanate de méthyle, l’acétone, le propionaldéhyde et l’acétamide). »
Viennent ensuite des hypothèses quant aux grains de molécules organiques qui sont potentiellement présents sur la comète pour en arriver à la conclusion récurrente des scientifiques : des molécules organiques telles que celles découvertes sur la comète Tchouri « introduits dans des océans planétaires, auraient pu y favoriser l'émergence du vivant ».
Nous avions déjà parlé de cette obsession de la recherche de l'origine de la vie sur Terre dans les comètes. Et la découverte de molécules organiques vient encore renforcer cette obsession.
Mais, ne nous y trompons pas, affirmer que c'est bien la Terre qui a permis la formation des molécules ayant donné la vie sur Terre ne revient pas du tout à dire que seule la Terre peut produire de la vie.
L'Univers est infini et il serait irrationnel de penser que la Terre serait une sorte de planète élue qui seule a eu le privilège de voir la vie naître en son sein.
Par conséquent, que des molécules organiques soient présentes sur une comète est aussi logique que le fait que la planète Terre ait donné naissance à la vie. Cela renforce même l'idée que la vie est un phénomène systématique dans l'Univers, ce qui est conforme au matérialisme dialectique.
Et cela n'enlève rien à la formidable découverte de ces molécules sur une comète. La matière animée naît de la matière inanimée. C'est quelque chose digne de notre constant émerveillement et cela se produit assurément en divers endroits de l'Univers.
Mais pourquoi vouloir absolument y voir l'origine de la vie sur Terre ?
Dans l'article sur Rosetta, nous expliquions, notamment en citant Lynn Margulis, que toutes les conditions nécessaires à la naissance de la vie y étaient réunies et qu'il n'y avait nul besoin d'invoquer les comètes.
Rejeter l'intervention des comètes n'est pas une affirmation ni nouvelle ni révolutionnaire. En 1886, dans le chapitre « Cours de cosmographie polaire », Jules Verne écrivait la remarque suivante :
« La comète est le Deus ex machina ; toutes les fois qu’on est embarrassé en cosmographie, on appelle une comète à son secours. C’est l’astre le plus complaisant que je connaisse, et, au moindre signe d’un savant, il se dérange pour tout arranger ! »
Jules Verne, Voyages et Aventures du Capitaine Hatteras (1886)
Si Jules Verne pouvait exprimer une telle critique à la fin du XIXe siècle, pourquoi aucun scientifique ou journal de vulgarisation scientifique ne vient émettre de pareils doutes quant à l'hypothèse de l'origine de la vie sur Terre dans les comètes ?
Une première réponse est apportée par la lutte inter-impérialiste qui est livrée au travers du CNES et de la NASA. Ainsi mettre en avant une telle hypothèse correspond à revendiquer une découverte majeure pour l'être humain et à gagner des points dans cette lutte.
Mais il n'y a pas que ça qui rentre en jeu. Une autre raison est que la science bourgeoise d'aujourd'hui a atteint ses limites : elle est imprégnée de métaphysique et elle ne peut admettre le principe de saut qualitatif.
Mao Zedong définissait la vision du monde métaphysique et sa conception du changement comme suit :
« Si elle reconnaît les changements, c'est seulement comme augmentation ou diminution quantitatives, comme simple déplacement. Et les causes d'une telle augmentation, d'une telle diminution, d'un tel déplacement, elle ne les fait pas résider dans les choses ou les phénomènes eux-mêmes, mais en dehors d'eux, c'est-à-dire dans l'action des forces extérieures. »
Mao Zedong, De la contradiction (1937)
À la lecture de cette citation, il est évident que c'est ce qui se passe chez les scientifiques.
Pourtant, depuis plusieurs dizaines d'années, des expériences ont été réalisées (depuis les expériences de Urey-Miller jusqu'à d'autres plus récentes) et prouvent qu'il est correct de penser que ce sont les conditions sur Terre qui ont permis l'apparition de la vie.
Mais ces preuves se heurtent à la conception métaphysique. Et, consciemment ou non, les scientifiques bourgeois défendent cette conception. Car la combattre signifierait assumer que la cause du changement est interne, et donc assumer la loi de la contradiction.
Autrement dit, il faudrait qu'ils modifient entièrement leur mode de pensée, ce qui rentre en contradiction avec le fait que ce mode de pensée n'est que le reflet du travail de chercheur scientifique aujourd'hui.
En effet, les scientifiques sont coincés dans leur position de classe : ils sont au service de la bourgeoisie, au service d'une certaine organisation du mode de production, le capitalisme. Et cette situation ne peut être dépassée que grâce au matérialisme dialectique.