Les billets brûlés au Bataclan lors des attentats de novembre 2015
Submitted by Anonyme (non vérifié)Si le matérialisme dialectique raisonne en terme de mode de production – la manière avec laquelle la vie se reproduit dans la réalité – ce n'est bien entendu pas le cas des autres idéologies.
Le fondamentalisme islamique étant un romantisme, il réfute bien entendu tout rapport à la matière ; c'est un idéalisme. Les personnes rejoignant le « califat » s'attendent à avoir de manière « automatique » un appartement, des biens alimentaires, une vie insérée socialement, un mariage.
La notion de travail, de transformation de la réalité, disparaît, tout autant que dans les jeux vidéos où tout vient de manière « naturelle ». Avoir une vie sociale et des moyens seraient « naturel » dans le califat et cette insertion sociale « naturelle » fait partie du « programme » vanté par l’État Islamique.
On ne dira jamais assez à quel point le fondamentalisme islamique est un romantisme, regrettant une société se reproduisant elle-même comme au Moyen-Âge. Nos romantiques français, Victor Hugo en tête, ne disait pas autre chose. Les nationaux-socialistes allemands avaient la même mystique.
Aujourd'hui, cette idéologie féodale ne peut plus toucher les masses, ayant été façonnées par la démocratie bourgeoise, sauf les secteurs immigrés des masses, principalement ceux d'origine arabe maghrébine et juive séfarade.
Les superstructures féodales y sont encore très présentes, ce qui permet d'un côté une spontanéité et une souplesse d'esprit bien plus gaie que le style compassé de la bourgeoisie grand style, mais est en même temps accompagné d'unilatéralité et de raisonnements formels, par syllogisme, sans esprit de contradiction.
Cela aboutit à des fuites en avant romantiques, dans une sorte d'approche anticapitaliste romantique, avec des pays idéalisés, que ce soit ici Israël ou le « califat », considérés comme exempts de défauts.
On ne sera donc pas étonné de ce qui s'est passé lors de l'assaut du Bataclan. Une personne présente raconte en effet :
« À un moment donné, ils ont demandé du feu et ils voulaient savoir si l’argent avait de l’importance pour moi. Ils ont sorti une liasse de billets de 50€ et j’ai dû la brûler. »
Ainsi, au milieu d'un carnage, il y a eu au Bataclan une sorte de scène de théâtre contemporain à l'esprit d'ultra-gauche. L'argent, ce « mal absolu » des nationaux-socialistes, des idéalistes fascistes (au sens strict et historique) et de l'ultra-gauche apparaît comme l'ennemi de djihadistes en pleine opération. On a là un fétichisme complet, rappelant que seul le matérialisme dialectique peut comprendre la nature de l'argent, son rôle pour le capital, comme l'a expliqué Karl Marx.
Le numéro de Dabiq, la revue de l’État Islamique, qui vient de sortir, fait en ce sens, pareillement, la publicité pour une vidéo dénonçant le dollar, au profit de la monnaie du califat. Ce serait de la « bonne monnaie » face à l'argent-roi.
On est là en plein anticapitalisme romantique et que cela se soit déroulé en plein milieu d'un massacre est d'une clarté exemplaire quant à sa nature. Tout comme dans le national-socialisme (pris au sens strict et historique), on a l'affirmation d'une communauté contre l'argent, et donc contre les « Juifs » (qui sont conceptualisés, déshumanisés) et l'argent, la finance, l'impérialisme.
La scène des billets brûlés est exemplaire de l'attitude de « chevaliers » pratiquant, tels les SS lors des invasions nazies, une « purge » communautaire, une extermination des fantômes venant hanter, troubler, tourmenter la société.
On a là un idéalisme romantique qui combine nihilisme et rébellion à l'apparence révolutionnaire ; la nature morbide et pourtant fascinante pour les esprits faibles saute aux yeux.
Cela rappelle une chose évidente du point de vue du matérialisme dialectique : les mentalités féodales ne peuvent être dépassées que par un style supérieur intellectuellement et culturellement, par un saut qualitatif allant vers l'unification des masses. C'est très exactement le principe de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne chinoise des années 1960-1970.
De ce fait, il est impossible pour les pays semi-coloniaux semi-féodaux où l'Islam est influent de battre celui-ci sans avoir étudier Avicenne et Averroès, la falsafa arabo-persane en général, en plus bien sûr de batailler contre le féodalisme agraire. C'est une question de niveau intellectuel, idéologique et culturel.
Dans les pays impérialistes, l'anticapitalisme romantique diffusé par le fondamentalisme islamique ne peut être battu pareillement que par un saut qualitatif – la défense de la biosphère, la valorisation de l'héritage national démocratique, la conquête spatiale, la planification collective.
De fait, c'est exactement la même bataille que contre l'extrême-droite, même si la source de l'extrême-droite est la décadence de la bourgeoisie.
C'est que l'impérialisme le plus « raffiné », le plus moderne, rejoint dans son nihilisme le féodalisme le plus abrupt, les deux entendant « régénérer », « revitaliser » une « communauté » où les contradictions doivent être masquées, niées, au profit de mobilisations guerrières, impérialistes.