2 juin 2016

La surenchère racialiste de Benzema, Debouzze et Cantona

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Lorsque le mouvement des « Indigènes de la République » est apparu, au milieu des années 2000, nous ne pouvions que le critiquer comme étant ethno-différentialiste.

L'extrême-gauche anarcho-trotskyste a, quant à elle, massivement soutenu ce mouvement, notamment les milieux de la CNT et de ce qui deviendra le Nouveau Parti Anticapitaliste.

La théorie de ces gens était qu'il ne pouvait y avoir de racisme que de la part des personnes à la peau blanche, qu'il fallait raisonner non pas en termes de classes sociales mais « d'en haut » et « d'en bas », ce qui amenait à justifier tout et n'importe quoi venant « d'en bas ».

C'était le début d'une vague communautariste débridée, pratiquant une hystérie typiquement petite-bourgeoise, avec un ton véhément et provocateur.

C'est en cela qu'on reconnaît que les « Indigènes de la République » est le parti des vendeurs de kebabs et des imams, tout comme la « Ligue de Défense Juive » est celui des magasins cachers et des rabbins.

La petite-bourgeoisie veut devenir bourgeoisie en mobilisant les masses à leur service, ce qui amène à les communautariser, au moyen du racisme, de la paranoïa, de la religion.

Les propos racialistes de Karim Benzema, Jamel Debouzze et Éric Cantona se situent dans cette perspective. Ils ont pris comme prétexte l'exclusion de Karim Benzema de l'équipe de France de football, en raison de ses liens présumés dans une affaire de tentative d'extorsion par chantage à la sextape, pour parler de « racisme ».

En réalité, l'équipe de France de football, depuis le scandale de la « grève » en Afrique du Sud, est sur des charbons ardents, de par sa fonction idéologique très importante pour promouvoir le nationalisme et la négation de la lutte des classes.

L'affaire de la sextape était un scandale de trop par rapport à Benzema, qui est d'ailleurs ostensible dans sa position de multi-millionnaire mal élevé, connu pour pavoiser dans ses voitures de luxe, recourir à la prostitution par le bias d'« escort-girl » pour gens riches, ou bien acheter un ballon parsemé de diamants à 250 000 euros.

Il a donc été mis de côté afin d'éviter la patate chaude en cas de condamnation, afin de ne pas nuire à l'image de l'équipe de France de football, sa reconnaissance populaire – et on sait comment le peuple commence à en avoir plus qu'assez de l'orgueil des grands bourgeois et de leur luxe ostentatoire et barbare.

Il n'en fallait pas plus que pour que l'idéologie post-moderne s'empare de l'affaire.

C'est le footballeur Éric Cantona qui a commencé, tenant des propos délirants et populistes qui sont typiques de lui. Alors que sa femme participait à une campagne publicitaire de la banque LCL, Éric Cantona avait prétendu la même année qu'il participerait au retrait massif de l'argent des banques, afin de faire la « révolution ».

Une prétention ridicule pour celui qui a fait des publicités pour Nike, Pepsi et Kronenbourg, et qui a donc tenu des propos racistes hallucinants au journal anglais The Guardian :

« Une chose est sûre, ce sont les deux meilleurs joueurs en France et ils ne joueront pas à l’Euro. Ce qui est certain également c’est que leurs origines sont nord-africaines. Donc oui, le débat est ouvert (…).

Deschamps a un nom qui sonne bien français. C’est peut-être le seul en France à avoir un nom aussi français. Personne ne s’est jamais mélangé avec personne dans sa famille. Comme les mormons en Amérique… »

Quand on voit que l'équipe de France de football est composée, ces vingt dernières années, de très nombreuses personnes de couleur, on voit l'absurdité de ces propos… Quant aux propos racistes envers les personnes qui ne sont pas « mélangées », ils sont limpides, au point qu'Éric Cantona s'est senti obligé d'envoyer une lettre au Journal du Dimanche quelques jours après, affirmant :

« pour ceux qui voudraient faire croire que je verse dans le racisme anti-Blancs, ma réponse n’est que mépris. »

Les faits sont pourtant là : de tels propos sont ethno-différentialistes : le « blanc » serait incapable de ne pas être raciste. C'est ce que l'idéologie post-moderne prétend de Denis Diderot et de Karl Marx, au nom de la « déconstruction », du « post-colonialisme » et autres concepts farfelus anti-matérialistes.

Les propos d'Éric Cantona sont du racisme, ni plus ni moins ; d'ailleurs, personne ne s'y est trompé et l'humoriste Jamel Debbouze lui a emboîté le pas tentant d'expliquer la situation par une philosophie sociale ethno-différentialiste :

« Ces gamins [Karim Benzema, 28 ans, et Hatem Ben Arfa, 29 ans!] représentent en plus tellement de choses, notamment en banlieues. N'avoir aucun de 'nos' représentants en équipe de France… (...)

Tant qu’on ne permet pas aux quartiers d’évoluer et qu’on en fera pas des Sillicon Valley, qu’on ne leur permettra pas de s’épanouir humainement, socialement et économiquement, on 'leur' en voudra toujours d’être ce qu’ils sont. Karim Benzema, et par extension Hatem Ben Arfa, payent la situation sociale de la France d’aujourd’hui. »

De tels propos aident au maximum les racistes anti-arabes reprochant une « victimisation mensongère ». Et la catastrophe a pris une nouvelle ampleur hier avec les propos de Karim Benzema lui-même dans le journal madrilène Marca :

« Non, je ne le pense pas [que le sélectionneur Didier Deschamps soit raciste]. Mais il a cédé à la pression d'une partie raciste de la France. »

Tous ces propos correspondent à l'idéologie des « Indigènes de la République », qui dénoncent les « souchiens » (terme visant les Français de souche), faisant des « Blancs » la source des malheurs du monde.

La logique de Houria Bouteldja, la dirigeante des « Indigènes de la République » qui a publié cette année « Les Blancs, les Juifs et nous », est la même pour les « Blancs » que celle de Dieudonné pour les « Juifs » : il y aurait une « communauté » qui tromperait, manipulerait, serait arque-bouté sur ses privilèges, etc.

La petite-bourgeoisie « blanche » d'extrême-gauche qui a massivement soutenu les « Indigènes de la République » y ont reconnu un message ayant la même base sociale qu'eux. L'idéologie post-moderne des communautaristes, qu'ils soient religieux, ethniques, « nationalitaires » (comme les « Bretons » ou les « Occitans »), nie le matérialisme, la lutte des classes, l'histoire comme fusion des peuples.

Face à la crise générale du capitalisme, la petite-bourgeoisie multiplie les fétichismes religieux, ethniques, mystiques, nationalitaires. Rejoindre les « Indigènes », Dieudonné ou la LDJ, c'est s'imaginer ne pas basculer dans le prolétariat grâce à « sa » communauté, c'est critiquer le capitalisme tout en l'acceptant afin de tenter de se faire une « place au soleil ».

Comme si les contradictions sociales propres à la France devaient aboutir, non pas à la révolution socialiste, mais à la possibilité de devenir un footballeur ou un humoriste multi-millionnaire surfant sur une « culture » aliénée et pathétique, entièrement soumise au capitalisme le plus forcené...

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