Un « blanc » peut-il comprendre le racisme ?
Submitted by Anonyme (non vérifié)Un « blanc » peut-il comprendre le racisme ? Telle est la question, à laquelle est répondue non, posée par tout un courant « antiraciste » petit-bourgeois niant la lutte des classes et refusant le métissage.
En tant que matérialistes, nous sommes universalistes. Il n'y a pas pour nous des « individus », mais une société humaine en transformation, en rapport avec la biosphère.
Aussi ne pouvons-nous que trouver fondamentalement petit-bourgeois les tentatives de nier les luttes de classe, pour les transformer en luttes des « races », des ethnies, des peuples, des nations, etc.
Lorsque les Indigènes de la République dénoncent les « souchiens », qui servent-ils à part des gens voulant se renforcer dans la société, des petits-bourgeois voulant devenir des bourgeois ? Les magasins casher et halal soutiennent forcément la religion, et pourquoi ? Par opportunisme.
Il est tout à fait exact de dire que le racisme, l'antisémitisme, le patriarcat... sont des idéologies compliquées, dont on ne triomphe intérieurement, pour ainsi dire, que difficilement. Cependant, seul le matérialisme dialectique permet d'en saisir tous les aspects, la signification historique.
En ce sens, le discours inattendu du président des Etats-Unis Barack Obama vendredi dernier est très parlant : il est exemplaire d'une idéologie faussement antiraciste, et petite-bourgeoise en fait. « Trayvon Martin could have been me » a-t-il expliqué.
Trayvon Martin, jeune noir tué par une sorte de milicien le trouvant « louche » avec sa capuche, aurait pu être Barack Obama, c'est-à-dire président, et inversement Barack Obama aurait pu être tué aussi, il y a 35 ans, lorsqu'il était adolescent.
Sauf que Barack Obama n'est pas « noir », mais un métis : sa mère est « blanche ». De plus, le père de Barack Obama est africain, et pas afro-américain.
Il y a donc escroquerie lorsque Barack Obama explique qu'il sait ce que ressent la communauté afro-américaine, ce qu'il fait d'ailleurs en prenant des exemples de la vie quotidienne qu'il a lui-même connu (être suivi par un vigile dans un magasin, les gens qui bloquent la porte de leur voiture lorsqu'on traverse la rue, etc.)
Barack Obama réduit une réalité de classe – l'oppression des afro-américains relève de la lutte de classes – à la « discrimination ». Il parle de racisme là où il s'agit d'une oppression de classe, et d'ailleurs il a été obligé dans son discours de reconnaître que la proportion de personnes noires en prison est anormalement grande par rapport à la population.
Tout le monde sait bien également comment les prisons américaines jouent sur les différences ethniques, laissant les gangs se former sur une base ethnique pour mener des trafics juteux et concurrentiels, afin de diviser pour régner.
Dans les prisons américaines ces gangs sont racistes, fonctionnent sur des critères ethniques parce que le système les tolère et les pousse en ce sens, afin d'empêcher l'unité populaire, au-delà des « races ».
Il s'agit de business: le racisme est là pour que la machine tourne. Et ces gens ont un point commun, dans leur démarche anti-communiste.
Ce point commun, ce démominateur anti-progrès, c'est la la négation du métissage. Tous ces gens raisonnent en « blanc », en « noir », en « jaune », jamais ils n'acceptent ou ne conçoivent le métissage.
Même pas Obama dans son discours ! Il parle de bonne entente entre les blancs et les noirs, à la fin il prend même en exemple ses enfants et leurs amis. Or, pour Obama, ses enfants sont « noirs »...
Du fait que sa femme soit noire, alors ses enfants seraient simplement « noirs » : voilà bien une logique bourgeoise, qui nie les échanges, la fusion.
Pour la bourgeoisie, ce processus est littéralement incompréhensible. Dieudonné est d'ailleurs métis et il agit exactement comme Jean-Marie Le Pen a prétendu définir les métis : comme ayant une identité perturbée, etc. Dieudonné s'amuse à jongler entre ses « identités » sans que personne ne le remarque en apparence.
Frantz Fanon, théoricien petit-bourgeois de l'identité noire comme « subjectivité », était d'ailleurs lui aussi métis, comme par ailleurs Bob Marley ! A chaque fois, il y a la volonté subjective de lutter contre une oppression bien saisie car étant « entre les deux », mais si l'on pousse l'analyse jusqu'au bout, alors c'est la fusion qu'on doit assumer – le communisme.
Ce que le matérialisme affirme, c'est le caractère inévitable de la synthèse, le métissage est un processus inévitable; l'humanité fusionne à travers toute une série d'échanges, sur tous les plans.
Ce processus, le matérialisme dialectique le comprend, et partant de là le racisme est analysé et compris, et rejeté.
A l'opposé, quelle est la compréhension du racisme par les petits-bourgeois ? C'est un outil, un moyen, un levier dans le jeu du rapport de force avec la bourgeoisie. En fait de rejeter le racisme, ils le « renversent » tout en le gardant comme base. Que fait donc d'autre Barack Obama si ce n'est partir sur la même base que le fascisme américain et sa théorie de la « goutte de sang » qui était à la base de la ségrégation raciale ?
En fait d'antiracisme, tout cela est de l'ethno-différencialisme et participe de la marche au pouvoir du fascisme.
Clairement, toute association antiraciste ne se posant pas comme affirmant le métissage comme réalité inévitable bascule nécessairement dans un jeu sordide, un jeu pragmatique d'utilisation de souffrances réelles, pour une politique petite-bourgeoise, de carriéristes.