Au lendemain de mai 1968, les courants ultra-gauchistes ont profité de l’effervescence politique pour s'ancrer parfois dans la société française. C'est le cas de « Voix Ouvrière » devenue « Lutte Ouvrière », nom employé par l'Union Communiste (trotskyste).

Celle-ci présente des candidats à chaque élection depuis 1973, Arlette Laguiller ayant été longtemps sa candidate aux élections présidentielles. C'est désormais Nathalie Arthaud, agrégée d'économie et de gestion, qui a pris le relais ; c'est sa seconde participation après 2012 (0,56 % des voix, 202 548 voix).

L'objectif de « Lutte Ouvrière » est de profiter des élections pour populariser des mesures en adéquation avec les principes formulés par Léon Trotsky dans Le programme de transition. Ces mesures formeraient des « revendications transitoires » entre les revendications existantes et le programme révolutionnaire.

Elles sont, dans cette optique, toujours de nature uniquement économiques, jamais de caractère politique. Elles sont systématiquement formulées en-dehors de toute analyse du contexte historique, de la culture nationale, du rapport de force entre les classes, de la question éventuelle d'une menace fasciste, du rôle des idées et de la culture, de la signification éventuelle d’événements historiques importants (comme le mouvement « Je suis Charlie »), etc.

« Lutte Ouvrière » nie tout contexte, opposant de manière formaliste ses mesures économiques aux candidats des « partis bourgeois [qui] ne sont que de simples clubs électoraux qui ne servent qu’à faire accéder au pouvoir une coterie politique ».

Nathalie Artaud ne se présente donc pas dans l'optique de gagner aux élections, mais de diffuser ces mesures. Elle formule cela ainsi dans une réponse à une association :

« Je tiens tout d’abord à vous dire que je ne serai pas élue et que, si je me présente, c’est pour populariser un programme de lutte dont le monde du travail a besoin pour cesser de subir les conséquences de la crise économique. »

Quelles sont les forces sociales qui portent
la candidature de Nathalie Arthaud ?

L'idée est que certaines mesures popularisées doivent faire avancer la conscience des masses qui, une fois qu'elles les assument, voient leurs luttes faire boule de neige jusqu'à la révolution.

Il s'agit de :

a) l'abolition du secret des affaires ;

b) l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous ;

c) l'augmentation des salaires et des pensions.

Ces revendications, économiques seulement, sont formulées comme étant systématiquement légèrement plus à gauche de celles de la gauche de gouvernement. Cela correspond aux besoins sociaux de deux milieux en particulier :

a) le milieu trotskyste historique relevant du courant porté par « Lutte Ouvrière », notamment dans la petite-bourgeoisie intellectuelle et universitaire ;

b) une partie de l'aristocratie ouvrière liée aux syndicats.

Les « revendications transitoires » correspondent aux besoins de « Lutte Ouvrière » fonctionnant comme secte pro-syndicaliste anti-politique et à l'aristocratie ouvrière vers qui elle se tourne.

Quelle est par conséquent la nature
du projet de Nathalie Arthaud ?

Il s'agit d'une simple candidature témoignage, afin de profiter d'une partie des masses populaires qui soutient dans tous les cas une candidature d'extrême-gauche, dans l'objectif de légitimer « Lutte Ouvrière » comme une sorte de parti politique pro-syndicats.

Quelles sont par conséquent les mesures
qu'elle entend appliquer ?

Les propositions de Nathalie Arthaud sont un mélange de revendications réformistes et de positions d'ultra-gauche : augmenter le SMIC de 300 euros, la liberté de circulation et d’installation afin d'accueillir les « migrants à bras ouverts », l'embauche par l’État de professionnels nécessaires à la construction de logements sociaux de qualité, l’argent public aux services publics, le soutien aux droits des prostituées, la réalisation des États-Unis Socialistes d’Europe, « le retour à l’âge légal de la retraite à taux plein à 60 ans et aux 37, 5 années de cotisations maximum pour en bénéficier,  tels qu’avant 1993 », la reconnaissance administrative facilité de la transsexualité.

Il n'y aucune position sur l'écologie, sur la culture, toute question des valeurs étant remise à après la révolution mondiale censée se dérouler d'un seul coup. Le communisme se résumerait simplement à la mise en commun des moyens de production.

Comment résumer la nature
de la candidature de Nathalie Arthaud ?

Il s'agit d'une candidature réformiste pro-syndicale et anti-politique, se masquant derrière un discours économiste à prétention révolutionnaire.