Sur les élections de septembre 2015 en Grèce
Submitted by Anonyme (non vérifié)Lors de la première victoire de SYRIZA aux élections en Grèce en janvier 2015, l'extrême-gauche et la gauche des « frondeurs » a salué cela comme un grand pas en avant. Soit les espoirs étaient placés en SYRIZA, soit dans le mouvement populaire qu'il y aurait derrière. Les choses allaient bouger, profondément !
Le PCF(mlm) a pensé une chose tout à fait différente, comme formulée dans la Déclaration 67 : Sur le victoire de SYRIZA aux élections parlementaires grecques. En synthèse, il était dit que SYRIZA n'a pas de contenu démocratique, seulement la forme de celui-ci.
C'est très simple. En regardant objectivement, on ne pouvait que constater que la base idéologique et culturelle de SYRIZA ne rentrait pas en contradiction avec le nationalisme grec, avec l'omniprésente Église Orthodoxe qui est le principal propriétaire terrien, avec les tout puissants et richissimes armateurs, avec l'armée dont le budget est colossal.
Nous avons donc rejeté la thèse selon laquelle SYRIZA aurait été un pas en avant : accepter cela aurait été accepter la thèse trotskyste du « programme de transition ». Au contraire, armé du matérialisme dialectique, nous avons dit que cela allait accentuer le social-fascisme : la « gauche » du type social et national prépare le terrain au fascisme.
Il ne s'agissait nullement de considérer les masses comme social-fascistes parce qu'elles ont soutenu SYRIZA, mais bien de voir qu'elles sont amenées sur le terrain du fascisme par SYRIZA. Cela fut également le sens de la campagne et le triomphe du non au référendum grec de juillet 2015.
Il y a eu hier de nouvelles élections en Grèce, les secondes depuis janvier 2015. C'est un bon moyen de voir qui avait raison et quelle est la situation.
1. Tout d'abord, nous pouvons voir que SYRIZA, qui a obtenu 35 % des voix, maintient sa ligne d'alliance avec les ultra-nationalistes des « Grecs indépendants », qui sert pratiquement de parti des puissants armateurs grecs (qui ne paient même pas d'impôt).
Aléxis Tsipras a tweeté que le gouvernement allait tenir quatre ans, jusqu'aux prochaines élections, et que c'était une « victoire pour les classes travailleuses », et en même temps on le voit déjà main dans la main avec le dirigeant des « Grecs indépendants », ou plutôt bras dans les bras comme ce fut le cas à la télévision.
2. La scission de gauche de SYRIZA, « Unité populaire », qui aurait dû en théorie être portée la pseudo vague sociale, n'a obtenu que 2,83% des voix et n'ira pas au parlement. C'est là une démonstration qu'il n'y a pas d'alternative de gauche qui pouvait être issue de SYRIZA, et pour cause !
3. Les masses n'ont pas été mobilisées. Avec un taux d'abstention de 45 %, c'est même la plus mauvaise participation électorale en Grèce. C'est une preuve que SYRIZA a anésthésié les masses. Il ne s'agissait pas de réformisme, mais d'écrasement social-fasciste, d'asséchement de la base populaire en révolte.
4. Les néo-nazis d'Aube Dorée ont maintenu leur score, en l'augmentant légèrement, avec 7,12 %. En sachant que leurs dirigeants avaient été sévèrement réprimés depuis des mois, au point que l'organisation était quasi démantelée, c'est un grand succès pour ces gens qui assument ouvertement leur fascisme et qui sont désormais la troisième force électorale du pays, avec 500 000 voix.
5. Comme on le sait, malgré ou justement avec le succès du référendum dans le cadre actuel, SYRIZA a finalement accepté les exigences des créanciers. On comprend que François Hollande ait déclaré hier que « La Grèce va connaître une période de stabilité avec une majorité solide ».
Que va-t-il se passer désormais ? C'est facile à deviner : SYRIZA va faire passer des mesures d'austérité en tentant de les gérer en minimisant certains impacts. Cela va affaiblir les luttes de classes. Par contre l'extrême-droite va se renforcer, comme « seule opposition ».
Dans un contexte où il y a plus de 25 % de chômeurs et pareillement un quart de la population ultra-précarisée, c'est explosif, surtout si on ajoute la crise des migrants. Il y a vraiment un espace pour un national-socialisme structuré avec des S.A. dans les rues et un soutien derrière de l'armée.
Ce qu'il faudrait, c'est démasquer SYRIZA en tant qu'organe social-fasciste, en constatant son refus de toucher à l’Église orthodoxe, aux armateurs et à l'armée. La crédibilité de l'option révolutionnaire est à ce prix là, mais il ne semble pas qu'en Grèce cela soit à l'ordre du jour : SYRIZA a asséché le terrain de la lutte de classes au moyen de débats sur l'Union Européenne, masquant la réalité économique nationale du pays, ses rapports de classes, ses structures idéologiques et culturelles.