15 aoû 2012

Les émeutes d'Amiens et Valls

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Ainsi, la Picardie que nous présentions il y a peu comme une sorte de France miniature refait surface sur le devant de la scène politique française, consistant en le premier grand avertissement prolétarien à la social-démocratie (voir La Picardie, des contradictions à l'image de la classe ouvrière et Petit retour sur la Picardie et le succès local de Marine Le Pen).

 

Tirs de chevrotine, de mortier de feux d'artifice et des jets de projectiles... La colère de la jeunesse prolétarienne désocialisée a utilisé ses expressions traditionnelles, avec plus d'énergie cette fois (incendiant une école maternelle, une salle communale et un centre de loisirs), mais sans en rien n'être une surprise.

Car les quartiers populaires au nord d'Amiens représentent une question sociale brûlante non pas depuis quelques semaines, quelques mois, ni même quelques années, mais depuis des décennies. C'est une situation exemplaire : à la léthargie de la classe ouvrière traditionnelle s'oppose l'ultra-violence de quartiers de grande pauvreté et d'immigration.

 

Le ministre de l'intérieur Manuel Valls, qui est venu fanfaronner, s'est ainsi fait accueillir de manière inamicale et sur un ton véhément. Il s'est imaginé qu'en entonnant le chant petit-bourgeois de la sécurité, la « France profonde » allait le suivre.

Valls était bien plein d'assurance et a tenu son discours de petit facho : « Rien ne peut excuser, rien, qu'on tire sur des policiers, qu'on tire sur des forces de l'ordre et qu'on brûle des équipements publics.»

Il espérait que les forces conservatrices soutiennent son plan d'intégrer, en septembre, la ville d'Amiens dans les « Zones de sécurité prioritaires. »

Mais ce n'est donc pas suffisant et cela est même décalé. S'il avait été un véritable socialiste, il aurait compris que la colère était populaire et que sa volonté de sécurité ne visait pas vraiment la défense de la propriété et bien plus l'exigence de sécurité. Un sentiment contradictoire aisément récupérable par le fascisme, naturellement. Et là est une question essentielle.

On voit bien en effet que l'unité populaire, à l'exemple de la Picardie, ce n'est vraiment pas gagné. Mais c'est un chemin inévitable ; l'opposition au fascisme est le processus unifiant les masses dans la révolte face aux exigences bourgeoises.

Mais en attendant, les divisions dans les masses anéantissent le tissu révolutionnaire, affaiblissant terriblement la construction d'un authentique Parti Communiste menant la guerre du peuple.

 

La léthargie prolétarienne picarde est intolérable et inversement les quartiers les plus pauvres sombrent dans une ultra-violence sans autre perspective que l'effondrement dans la brutalité et la déchéance.

Soit les révolutionnaires trouvent le chemin pour unifier les masses, soit le rouleau compresseur fasciste profitera de la division des masses.

Avec bien entendu la complicité de la social-démocratie, qui soutient la répression et la « république. » Valls peut bien arriver ici en assumant un très fasciste : « Je ne permettrai pas que l'on fasse le procès de la police », personne n'est dupe et tout le monde sait très bien quel rôle joue la BAC dans les quartiers les plus pauvres.

Rappelons l'épisode de 2008 où trois membres de la bac sont allés se saouler dans un pub en tenant des propos nazis et en faisant des saluts hitlériens en hurlant « Sieg Heil. » Il faut une sacrée assurance pour se « laisser aller » de cette manière (le patron du bar a été menacé de fermeture administrative s'il racontait ces actes, deux employés d'origine africaine ont été pris à partie, etc.).

La police en général - et la BAC en particulier – forme un corps étranger à la société. Et les émeutes des dimanche et lundi soir à Amiens sont le fruit d'une provocation policière, c'est d'une simplicité évidente, d'une clarté limpide.

 

La vie sociale des masses dans la zone concernée est ennuyeuse et répétitive, culturellement étouffée, et la police est ce qui met le feu aux poudres.

Et si avec la social-démocratie, l'Etat bourgeois feint d'être souple, pour mieux jeter de l'huile sur le feu avec les courants ultras qui se développent et appellent à la répression, toujours plus de répression, faisant passer l'ancien ministre de l'intérieur Pasqua pour un pacifiste.

C'est ainsi le cas de « Ripose laïque », qui met en avant un article au titre évocateur (« 16 policiers blessés à Amiens : Hollande l’imposteur, Valls le lèche-babouches et Taubira coupables ! ») et où on lit « Ce gouvernement est coupable de non-assistance à policiers en danger. »

Chaque jour qui passe, la pression devient donc plus grande, et prouve la nécessité absolue de l'économie politique, du matérialisme dialectique assumant un haut niveau programmatique !

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