3 avr 2013

Pour Florian Philippot, la France c'est le PSG

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le vice-président du Front national, Florian Philippot, a décidé d'exposer au grand jour ses contradictions. Sur son compte Twitter – où il annonce notamment qu’il est aussi sur Facebook - il attaque le ministre de l'intérieur Manuel Valls qui entendait soutenir hier le FC Barcelone lors de son match contre le Paris Saint-Germain.

Florian Philippot annonce donc sur un média américain, Twitter - où il explique qu’il est aussi sur le média américain Facebook - que Manuel Valls n’est pas patriote en ne soutenant pas le PSG.

Le PSG serait donc français. Sur le papier, il y a 15 ans, peut-être, mais c'est discutable, car historiquement le club a toujours voulu  être « parisien », et ses fans ont toujours souligné cette culture. Même parmi l’importante frange ouvertement nationaliste (la tribune Boulogne), l’esprit parisianiste, la culture propre au club l’a toujours totalement emporté.

La culture populaire du PSG a depuis laissé la place au PSG comme grande entreprise qatarie. Avec désormais les opérations commerciales et marketing ouvertes, comme l’achat du très médiatique David Beckham, allant de pair avec la fin du rôle essentiel des supporters, la hausse des prix des places, etc.

De fait, la donne avait changé avec le rachat du PSG en 2006 par le fonds d'investissement américain Colony Capital. « Colony dehors » exigeaient les supporters, plein d’idéalisme…

Et en 2011-2012, c'est finalement le Qatar Investment Authority, fonds d'investissement souverain de l’émirat du Qatar, qui a racheté le club, pour en faire quelque chose d'encore plus « moderne ».

Le PSG est entièrement tourné vers le spectacle et le profit. C'est une machinerie économique. Est-elle française « nationalement » ? Voyons les faits.

Le président du PSG est le Qatari Nasser Al-Khelaïfi. Le directeur sportif est le Brésilien Leonardo (Nascimento de Araújo). L'entraîneur est l'Italien Carlo Ancelotti. Les joueurs les plus marquants sont l’Anglais David Beckham, le Suédois Zlatan Ibrahimovic, l’Italien Marco Verratti, l’Argentin Javier Pastore, l’Italien Thiago Motta, les Brésiliens Lucas, Maxwell, Alex et Thiago Silva.

L'est-elle culturellement ? On peut penser bien entendu qu'aucun des joueurs ou du staff n'a lu Racine ou Corneille ; peut-être Descartes est-il connu de nom, quant à Le Nôtre, cela doit être encore plus vague.

On arguera qu’on ne demande pas aux joueurs de football de la culture, cela est vrai, et c’est la limite du football, et en même temps c’est faux, car il est évident que l’Allemagne ne joue pas comme le Cameroun ou la Serbie.

Si le FC Barcelone est apprécié, au-delà de la démarche culturelle catalane ou bien identitaire, c’est pour son jeu « stylé », indéniablement marqué par une certaine approche catalane.

De fait, qu’est-ce que la culture nationale, si ce n’est une certaine sensibilité plus travaillée, rejoignant par là l’universel, et apprécié en tant que telle ?

Florian Philippot, ce personnage si important dans le Front National, montre bien qu’il ne connaît rien à la France en disant qu’un « patriote » doit soutenir le PSG.

C’est absurde, le PSG étant historiquement un club (et on soutient ici un club et sa tradition, pas une « nation »), et ce club voit son histoire bafouée, anéantie parce que c’est avant tout une entreprise et que les nouveaux propriétaires veulent en faire un rouage du cirque médiatique sportif.

Quand Philippot demande :

Le ministre français de l'Intérieur Manuel #Valls qui soutient le Barça face au PSG : insupportable ! Où est le patriotisme ?

On voit bien que la patrie, pour le Front National, c’est l’agitation d’un drapeau sans contenu, la mobilisation totale en faveur d'on ne sait pas trop quoi, mais certainement pas de la culture !

Voici enfin ce que raconte Le Parisien, donnant des chiffres très parlant, et rappelant que le logo du FC Barcelone était… du Qatar, propriétaire du PSG !

Dans la tribune officielle, sur le maillot catalan ou sur les panneaux publicitaires autour de la pelouse, le richissime émirat, impliqué financièrement dans les deux clubs -le Qatar Sports Investment (QSI) est propriétaire du PSG, la Qatar Foundation est sponsor du FC Barcelone- sera omniprésent lors de cette rencontre attendue par des millions de téléspectateurs. Quel que soit le résultat sur le terrain, il en tirera des dividendes immenses en termes d’image.
 
Le match est un véritable symbole de la puissance financière du Qatar
 
Ce match est un véritable symbole de la puissance financière du Qatar dans le monde du football. C'est, en effet, via QSI, un fonds souverain, que le Qatar est devenu propriétaire à l'été 2011 du club parisien. Un investissement initial d’une centaine de millions d’euros auquel il faut ajouter les achats pour les joueurs vedettes : Thiago Silva (45 millions d'€), Pastore (42 millions), Lucas (40 millions), Lavezzi (26 millions) ou encore Ibrahimovic (20 millions).
 
Ajoutons à cela un partenariat très lucratif conclu avec l’Office de Tourisme de l’Émirat, la Qatar Tourism Authority (QTA) à hauteur de 100 millions d’euros par an, la réalisation du nouveau centre d’entraînement pour 2015 (40 millions selon le journal l’Équipe). Enfin, la Banque nationale du Qatar (QNB), également partenaire du PSG, apparaît sur les panneaux publicitaires du Parc des Princes.
 
La Qatar Foundation a signé un chèque de 170 millions d’euros pour devenir le sponsor maillot du Barça
 
Côté FC Barcelone, la relation est certes plus classique. La Fondation du Qatar, un organisme censé développer des projets humanitaires dans l'émirat, est, depuis décembre 2010, le principal sponsor maillot. Un contrat d'environ 170 millions d'euros sur près de six ans.
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