Le mouvement Rose-réséda de Montebourg, un mouvement nationaliste
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Pour combler le vide de la campagne de François Hollande, Arnaud Montebourg a lancé le week-end dernier son « mouvement » appelé rose-réséda.
Comme nous l'avions déjà expliqué, Arnaud Montebourg c'est la caution « de gauche » du Parti Socialiste. Son rôle est d'être efficace face à la concurrence sociale-chauvine de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. C'est pour cela qu'Arnaud Montebourg s'agite avec un discours néo-socialiste semi-radical et fascisant contre « la finance » et la « mondialisation ».
Le nom du mouvement fait référence à la Rose et le Réséda, un poème de Louis Aragon écrit pendant la Résistance antifasciste en 1943. Dans ce texte qui illustre l'importance de l'unité antifasciste, la rose représente les communistes, athées, alors que le réséda, une fleure blanche, est un symbole représentant les résistants catholiques.
Ce poème, dans la lignée de l’œuvre de Louis Aragon, est particulièrement constitutif de l'histoire du révisionnisme du Parti Communiste en France. Par exemple, Aragon y écrit :
« Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas »
C'est à dire qu'Aragon relativise l'importance de l'idéologie communiste (« Un rebelle est un rebelle ») au profit des nécessités politiques du moment (l'unité fondamentale, vitale, des antifascistes face à la barbarie fasciste).
Ce n'est donc pas pour rien qu'Arnaud Montebourg a choisi de faire référence à ce poème. Son mouvement est une sorte de think thank pour soutenir François Hollande par la gauche ; le discours est simple : il s'agit de faire passer l'unité autour de François Hollande comme acceptable pour des gens qui se croient très à gauche. D'où donc la référence à l'unité prônée dans La rose et le réséda.
Nous disons des gens « très à gauche », mais il s'agit d'une « gauche » particulière, une « gauche » social-chauvine, archi-populiste et surfant sur des thématiques antisémites. Dans le sillage de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen.
Si Arnaud Montebourg détourne un symbole antifasciste important au profit d'un intérêt politicien assez misérable, c'est pour servir un discours qui ressemble en fait plus à celui des fascistes qu'à celui des communistes.
D'ailleurs, son propos a évolué depuis les primaires socialistes en octobre dernier, il est de moins en moins « pan-européen » comme nous l'expliquions, mais de plus en plus nationaliste franco-français. A mesure que le rêve idéaliste des bourgeois sur l'Europe s'efface devant la réalité de la crise du capitalisme, ce genre de populiste néo-socialiste s'aligne sur un nationalisme chauvin propre à la bourgeoisie impérialiste.
Derrière ses tirades pseudo-radicales contre la finance, Arnaud Montebourg est surtout un grand défenseur de l'impérialisme français :
« Nous pouvons imaginer aussi de créer les conditions, comme l'a dit notre candidat François Hollande, d'une Europe nouvelle, réorientée sur des projets au service des gens et non pas au service des marchés financiers. Nous pouvons imaginer aussi que la France se mette à parler pour le reste du monde, en imaginant qu'un nouveau cycle politique agissant sur l'économie pour sortir de le monde de la crise, soit enfin possible.
La France a une voix qui porte, il suffit de se souvenir les paroles de François Mitterrand au Sao Callo de Mexico lorsqu'il exhalait la liberté de ces peuples en souffrance qui aujourd'hui, 30 ans plus tard, se sont délivrés, ont acquis la démocratie, rejoint la prospérité et sont aujourd'hui des peuples fiers d'avoir souvent placé au pouvoir des gauches qui elles-même font le bien de leur peuple, luttent contre la pauvreté, aident les classes moyennes à s'élever, éduquent des générations entières et créent pour leurs biens même leur industrie, leur agriculture, et deviennent et font de leur continent le continent émancipé dont leurs grands parents et leur parents rêvaient il y a 30 ou 40 ans pour leurs petits-enfants.
La France a une parole forte et puissante et elle doit l'utiliser et l'employer. La rose et le réséda, c'est le poème du réveil français, du réveil entre citoyens d'un pays qui ne croit plus en lui-même. »
Il suffit de s'intéresser un tant soit peut à la réalité des masses populaires d'Amérique du Sud et centrale - comme nous le faisons nous grâce à nos liens internationalistes avec des communistes de ces pays-là - pour savoir combien la réalité des régimes populistes soi-disant de gauche (Chavez, Lula, Correa, etc.) n'est pas celle véhiculée par ce genre de populistes français.
Les Peuples d'Amériques centrale et du Sud « délivrés », ayant « acquis la démocratie, rejoins la prospérité» : voilà bien un mensonge honteux qui sert l'impérialisme français contre l'impérialisme américain !
Tout comme Marine Le Pen lors de son meeting de Toulouse, Arnaud Montebourg veux décomplexer le chauvinisme. À propos des ouvrières de Lejaby en lutte contre leur licenciement :
« lorsque je suis arrivé dans l'usine, elles scandaient : « fabriquer français, fabriquer français »... Étaient-elles xénophobes ? Non. »
Puis de rajouter à propos de l'annonce faire par le groupe LVMH de reconvertir la production de l'usine vers de la maroquinerie :
« cette solution que, un grand groupe de la maroquinerie decide en quelques minutes de reconvertir des ouvrières qui ont 35 ans de travail sur le tissu vers la cuir, cela montre que ces grands groupes ont des capacités... absolument cachées, qu'elles devraient nous dévoiler... »
Cela étant dit sur un ton suspicieux, anti-complotiste propre à l'idéalisme petit-bourgeois mais totalement étranger au matérialisme communiste.
Arnaud Montebourg ne critique jamais la bourgeoisie, il ne parle pas de la lutte des classes. D’ailleurs, il le présente lui-même au début de son meeting, son but est de réconcilier les classes : « salarié, cadre, ingénieur, RMIste, chômeur, inquiet, désespéré » etc.
Comme pour Marine Le Pen, le problème de Arnaud Montebourg n'est pas la bourgeoisie mais que la France serait « soumise » à la finance et qu'elle ne devrait pas s’effacer face à l'Asie...
« Ne croyez-vous pas que la souveraineté est une chose qui est en train de se faire rare en ce moment ? Et que nous ne sommes pas sur le point de perdre la nôtre ? […] Lorsque nous sommes finalement la proie, l'objet, le jouet du système financier parce qu'aucun de ces dirigeants politiques n'a eu le courage de la mettre sous clef, de lui imposer des mesures de compression, de restriction de son activité néfaste et nuisible. Et bien nous sommes maintenant un peuple qui, comme le disait le Général de Gaulle, est obligé de faire sa politique à la corbeille. Nous sommes pieds et poings liés à des marchés financiers »
Et voilà que ce néo-socialiste fait référence au Générale De Gaulle, grand chef de l'impérialisme français et ennemis des masses populaires, comme le montrait à cette époque le Parti Communiste, même quand il était déjà devenu révisionniste!
Plus tard dans son discours, Arnaud Montebourg rajoute de manière totalement délirante et anti-scientitifique, à propos du trading haute fréquence (l'automatisation d'une partie des transactions financières) :
« nous sommes en train de faire une politique destinée à rassurer des robots et des automates. Et ce sont les hommes et les femmes qui payent. »
Alors, bien sûr, Arnaud Montebourg explique donc, en se félicitant du discours fascisant du Bourget, qu'il faut suivre François Hollande pour « nous délivrer de l'emprise de la finance ».
Toute cette confusion, tout ce populisme et ce nationalisme, tous ces propos délirants et flirtant avec l'antisémitisme montrent bien la nature de classe de la sociale-démocratie : elle est l'infante fidèle de la bourgeoisie impérialiste! Sociale-démocratie et fascisme sont des frères jumeaux, ils n'ont qu'un seul but : mobiliser les masses contre le communisme!