30 juil 2014

Israel : quelle est la nature de sa société et de son Etat ?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Comprendre le monde exige des outils fournis par le matérialisme dialectique. Sans cela, on arrive à l'idéalisme. Si nous prenons Eugen Dühring par exemple, que Friedrich Engels a critiqué dans une œuvre connue sous le titre de « L'anti-Dühring » par exemple, nous pouvons voir qu'après qu'il se soit opposé au marxisme, il a développé une nouvelle conception idéaliste du socialisme.

Comme il y avait le besoin d'une dimension anticapitaliste, Dühring a formulé la théorie raciale « sociale » moderne antisémite où les « Juifs » formeraient un peuple parasite qui serait à exterminer, puisque même les amener dans un ghetto ne serait pas suffisant, parce que les Juifs, suivant cette conception raciste, seraient des « nomades », ou qu'ils utiliseraient même leur nouveau territoire pour conquérir le monde.

La grande signification du fait qu'Eugen Dühring a formulé la base de ce qui sera plus tard historiquement le « national-socialisme » - la collaboration de classe dans la considération que seuls les Juifs étaient la « classe » exploiteuse - n'a jamais été étudié jusqu'à présent. C'est une chose très mauvaise, et nous pouvons voir ici comment le « national-socialisme » est né directement dans la confrontation avec le matérialisme dialectique.

Le « national-socialisme » n'est pas une « déformation » allemande, mais la réponse radicale contre-révolutionnaire au matérialisme dialectique affirmant la dialectique de la nature et appelant à résoudre les contradictions entre le travail manuel et le travail intellectuel et entre les villes et les campagnes.

Naturellement, cela joue un rôle central dans la compréhension de la nature de la société et de l'État israéliens. Sans le matérialisme dialectique, l'idéalisme prévaut. Pour certains, Israël est le « seul État démocratique du Moyen-Orient », pour d'autres ce n'est qu'une « entité sioniste ». D'autres encore parlent aussi de « l'impérialisme israélien », et de toutes manières nous pouvons facilement trouver des conceptions antisémites, voyant Israël comme manipulant les autres régimes dans le monde, contrôlant les États-Unis, pratiquant des génocides « comme les nazis », etc.

Tout cela est fondamentalement la même position que celle d'Eugen Dühring, voyant les « Juifs », et ici Israël, comme inhumain, formant une catégorie spéciale, etc. En revanche, suivant le matérialisme dialectique il n'y a pas de « catégorie spéciale ». Les idéologies islamistes, chrétiennes fascistes, nationalistes juives et l'antisémitisme peuvent devenir hystériques et irrationnelles avec cette question, en raison de son caractère « spécial ». Ce n'est pas la position du matérialisme.

Donc, qu'est-ce qu'Israël suivant le matérialisme dialectique? En fait, il n'y a que deux solutions: soit Israël est un État impérialiste, soit c'est un pays semi-colonial semi-féodal.

Les faits parlent d'eux-mêmes. L'idéologie sioniste n'est pas née comme idéologie religieuse, mais elle a utilisé très tôt la religion pour légitimer la colonisation de la Palestine et ensuite l'expansion de l'État et la primauté des Juifs face à une importante minorité arabe vivant dans le pays. L'aspect religieux a de plus en plus grandi, avec de fortes tendances théocratiques, avec aussi une hégémonie irrationnelle ultra-nationaliste.

Ce n'est pas démocratique du tout et c'est logique comme historiquement le nouvel État d'Israël, né en 1948, n'a pas eu de bourgeoisie ayant fait une révolution démocratique. En fait, dès le départ, la bourgeoisie a pris une forme bureaucratique: l'Etat n'a pas été formé par en bas, par les immigrants, mais directement par des organismes bureaucratiques, comme le syndicat de la Histadrout, l'Agence juive, etc.

Ces organismes ont directement été soutenus par l'impérialisme américain. D'abord, cela a été l'Allemagne de l'ouest, alors dépendant de l'impérialisme américain, qui a fourni de l'argent, de 1952 à 1966, formant même 87,5% du total des revenus israéliens en 1956. Ensuite, c'est l'impérialisme américain qui a soutenu financièrement l'État israélien, avec 233 milliards de dollars depuis 1948.

Les États-Unis donnent toujours 3 milliards de dollars chaque année comme assistance militaire (74% devant être dépensés auprès des États-Unis).

Ainsi, Israël a été porté par l'impérialisme américain, et logiquement son économie est dépendante du capital étranger. Les banques d'investissement sont massivement présentes, avec par exemple Sequoia, Benchmark Capital, Credit Swiss-First Boston, etc., mais il y a également des fonds de pension et des compagnies d'assurance, comme CalPERS, US Teacher's Union, AIG, AON, Marsh & McLennan, etc.

Israël héberge 300 sociétés étrangères, avec par exemple Intel, Cisco, Hewlett-Packard, Motorola, Texas Instruments, Siemens, IBM, etc., parce que le capital-risque joue ici un rôle très important. Il est passé de 58 millions de dollars en 1991 à 3,3 milliards de dollars en 2000, principalement bien sûr dans les domaines de la haute technologie: Israel avait alors 70% du capital-risque mondial dans la high-tech, et avait la première place pour les dépenses en Recherche & Développement en pourcentage du PIB.

L'économie israélienne dépend clairement des Etats impérialistes. Nous pouvons voir le fait qu'avec la crise le capital-risque a connu des changements : dans le domaine de la high-tech il est passé de 1,26 milliard de dollars en 2010 à 2,14 milliards en 2011, avant de retomber à 607 millions de dollars en 2012.

C'est pourquoi il y a une université centrale comme le « Technion » à Haïfa, fondée dès 1912, et un nombre important d'ingénieurs: 140 pour 10 000 travailleurs (il y en a 88 au Japon, 85 aux États-Unis, 60 en Allemagne). L'État israélien se rêve comme une « silicon wadi » (wadi signifiant « vallée » en arabe), en allusion à la Silicon Valley en Californie.

Il faut ici rappeler que durant les années 1990, 750 000 scientifiques, ingénieurs et médecins de l'ancienne Union Soviétique ont émigré en Israël ; si l'on compare le nombre de publications scientifiques par million d'habitant, la société et l'État israéliens prennent le quatrième rang.

La société et l'Etat israéliens sont un laboratoire high-tech, dans la forme d'un pays semi-colonial semi-féodal. Ce n'est pas un impérialisme. Mais c'est expansionniste. C'est un pays semi-colonial semi-féodal du type expansionniste, comme décrit en Afghanistan par Akram Yari, au Bangladesh par Siraj Sikder, en Turquie par Ibrahim Kaypakkaya.

Cet expansionnisme, qui a sa base dans le noyau même du sionisme car la présence elle-même en Palestine est coloniale, a renforcé la dimension féodale, avec la répression et la domination des Arabes de Palestine.

C'est pourquoi dans leur substance, la société et l'État israéliens sont très faibles : ils dépendent de l'aide et des investissements étrangers d'un côté - avec également 20% de la population sous le seuil de pauvreté -, l'oppression féodale de la colonisation faisant face, de l'autre côté, logiquement, à une résistance.

La révolution démocratique est inéluctable, et nous pouvons voir ici que la dimension anti-féodale place dans un rôle central le Mouvement National Palestinien.

C'est ici le sens d'une révolution démocratique supprimant le caractère national nationaliste juif de l'État israélien et donnant naissance à un État et à une société de Nouvelle Démocratie en Palestine.

Les grandes questions: 
Rubriques: 
Resume page accueil: 
Qu'est-ce qu'Israël suivant le matérialisme dialectique ? En fait, il n'y a que deux solutions: soit Israël est un État impérialiste, soit c'est un pays semi-colonial semi-féodal...