31 oct 2016

Croix de Feu et P.S.F. - 25e partie : la question du fascisme français

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Ainsi, la France des années 1930 a connu de nombreuses organisations d'extrême-droite, mais les historiens bourgeois ont toujours nié que celles-ci relevaient du fascisme. Ils ont en particulier cherché à nier la nature des Croix de Feu et du Parti Social Français.

Seuls deux historiens bourgeois se sont opposés à cette vision : Bernard-Henri Lévy et Zeev Sternhell, qui ont considéré qu'il y a eu toute une scène fasciste qui a fait office de laboratoire et est passé ensuite dans le camp du pétainisme.

Ils considèrent, à juste titre malgré leur base idéaliste, qu'il a bien existé un fascisme français, issu des idées anti-démocratiques la fin du XIXe siècle et du « socialisme français » à la Pierre-Joseph Proudhon, de la célébration du vitalisme avec Henri Bergson, du syndicalisme avec Georges Sorel, du nationalisme à la suite de Maurice Barrès, du mysticisme social avec Charles Péguy.

Le « cercle Joseph Proudhon » lié à l'Action française fait ici office de matrice historique sur le plan idéologique. 

Pour cette raison, lorsque Bernard-Henri Lévy publia L'idéologie française en 1981, lorsque Zeev Sternhell publia La droite révolutionnaire (1978) et Ni droite ni gauche (1983), le scandale fut énorme et tous les historiens bourgeois firent bloc contre eux.

Le problème est que les choses en restèrent là, pour une raison simple : il n'y avait pas de lecture politique correcte de la part de ces deux historiens. Initialement proche du maoïsme tout en venant d'une famille richissime, Bernard-Henri Lévy se tourna vers le libéralisme américain qu'il considérait comme une dynamique modernisatrice effaçant les bases du fascisme. Daniel Cohn-Bendit, juif également, trahit aussi son engagement révolutionnaire de mai 1968 dans une perspective similaire. Zeev Sterhell, quant à lui, est un historien israélien, lié à la social-démocratie existante dans ce pays. 

Les importantes contributions historiques de ces penseurs se résumèrent, par conséquent, par cosmopolitisme, à l'histoire des idées. C'est la raison de leur impact culturel, mais de leur impossibilité à s'inscrire également dans la réalité.

C'est aussi la raison pour laquelle ils sont passés à côté des Croix de Feu et du P.S.F., eux étant pourtant les seuls en mesure d'en comprendre la nature véritable.

Zeev Sternhell reconnaît lui-même ne pas s'y être intéressé, car ce qui l'interpellait, comme chez Bernard-Henri Lévy, c'est uniquement l'histoire des idées, la genèse des théories fascistes. Celles-ci s'appuyant en partie sur un anti-marxisme issu d'une gauche révolutionnaire basculant dans le syndicalisme, le nationalisme, ils n'ont pas pu porter une attention correcte aux Croix de Feu et au P.S.F., ce qui est une lourde erreur.

Les faits sont en effet là : rien ne saurait masquer l'existence historique d'un véritable mouvement fasciste, à la fois de masse et organisant des structures armées, tout en se structurant sur le plan électoral : le Parti Social français, issu des Croix-de-Feu ou Association des combattants de l'avant et des blessés de guerre cités pour action d'éclat.

Il parviendra, à la fin des années 1930, à rassembler autour de lui plus d'un million de personnes, sur une base violemment antimarxiste, appelant à un régime fort, chrétien corporatiste.

Les historiens bourgeois prétendent ici que le Parti Social français issu des Croix-de-Feu n'était pas fasciste, car il participait aux élections et ne s'est pas uni à l'extrême-droite ouvertement violente et anti-parlementaire.

C'est là rater , en suivant cette ligne, que le Parti Social français issu des Croix-de-Feu a adopté exactement la ligne stratégique mise en avant par Adolf Hitler dans Mein Kampf. Adolf Hitler y explique qu'il était absurde de s'imaginer prendre le pouvoir par un simple coup d'État de type paramilitaire, ce qu'il avait d'ailleurs lui-même essayé auparavant.

Il dit, ainsi, dans Mein Kampf

« Ce dont nous avions besoin, ce n'étaient pas de cent ou deux cents conspirateurs audacieux, mais de centaines de milliers de militants fanatiques épris de notre idéal.

Il fallait travailler non pas dans des conciliabules secrets, mais par de puissantes démonstrations de masses, et ce n'était point par le poignard ou le poison ou le revolver que le mouvement pouvait vaincre, c'était seulement par la conquête de la rue.

Nous devions faire comprendre au marxisme que le national-socialisme était le maître futur de la rue, et qu'il serait un jour le maître de l’État. »

Ces lignes d'Adolf Hitler résument parfaitement la stratégie décidée par François de La Rocque pour les Croix de Feu et le P.S.F., dont il fut le dirigeant. Il a rejeté l'esprit des Ligues qui entendaient uniquement prendre le pouvoir par un coup d'État, en s'appuyant sur une petite minorité.

Il a voulu participer aux élections tout en développant des organismes de masse, avec de vastes rassemblements pour gagner la guerre psychologique. S'il n'y a jamais eu d'affrontements comme les S.A. allemands en organisaient, ce fut uniquement pour une raison d'opportunité : en face, les communistes avaient su faire face, en février 1934, donnant naissance ainsi au Front populaire avec les socialistes et les centristes.

Il n'y avait pas de marge de manœuvre pour un affrontement ouvert. Cependant, et cela les historiens bourgeois le masquent systématiquement, le Parti Social français issu des Croix-de-Feu disposait d'unités armées, avec même des avions, se structurant ainsi militairement dans une stratégie de prise du pouvoir, les élections devant servir de force de mobilisation des masses qui elles-mêmes devaient s'accompagner, le jour J, d'une liquidation militaire de la gauche.

De plus, et c'est un élément important, ce que voulait le Parti Social français issu des Croix-de-Feu, c'est d'un fascisme français, conforme aux exigences de la France capitaliste : maintenir l'empire colonial , profiter de la victoire de 1914-1918, faire face au retour de la concurrence allemande, être capable d'autonomie militaire complète, etc.

Voilà pourquoi il pouvait rejeter tant le national-socialisme allemand que le fascisme italien, eux-mêmes étant deux modèles idéologiques différents l'un de l'autre.

Le colonel La Rocque, comme l'appelait ses partisans Croix de Feu et au P.S.F., tentait d'élaborer une stratégie pour la France dans le cadre des relations internationales troublées, où l'Allemagne apparaissait comme la menace principale.

Il rejetait l'antisémitisme, car il se plaçait justement sur une ligne de catholicisme social conservateur s'appuyant sur une république comme régime moderne centralisateur et mobilisateur.

La ressemblance, d'ailleurs, avec le programme du Front National, en ce début de XXIe siècle, est frappante.