31 déc 2013

Y aura-t-il un exode sioniste des juifs français ?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Depuis le succès du « non » à la constitution européenne lors du référendum de 2005, la voie est ouverte pour la fraction impérialiste de la bourgeoisie. Le PCMLM a magistralement analysé ce processus, à un moment où de manière idéaliste le « non » était présenté comme « de gauche ».

La grande vague d'antisémitisme qui s'est lancée depuis est le fruit de cette tendance au nationalisme et à la guerre impérialiste, portée par une bourgeoisie entendant sauver son taux de profit et utiliser le mécontentement des masses dans le sens d'une mobilisation en sa faveur.

Les masses juives françaises ont parfaitement constaté la montée de l'antisémitisme ; inversement, la société française a été d'une passivité complète, au nom du relativisme, de la liberté bourgeoise d'opinion et du fait qu'après tout, il y aurait parfois du vrai dans ce qui est dit.

Le résultat est qu'on a désormais Manuel Valls, le ministre de l'intérieur, tentant de bloquer à tout prix Dieudonné, alors que le joueur de football millionaire Anelka effectue une quenelle après un but lors d'un match en Angleterre.

Il y a le feu à la maison et le pompier Valls arrive trop tard ; l'idéologie pogromiste a englouti une partie significative des masses.

Dans ce contexte, il est logique pour l’État israélien de tenter de résoudre enfin la « question française » qui lui pose un énorme problème. En effet, contrairement aux apparences, les masses juives françaises ne sont nullement marquées par le sionisme.

Des personnes juives venant du Maghreb anciennement colonisé, celles d'Algérie n'ont connu quasiment aucune émigration vers l'Etat israélien, et seule une minorité a fait ce choix depuis le Maroc ou la Tunisie.

On trouve ainsi en Israël 270 000 personnes originaires du Maroc, mais seulement 28 000 venant d'Algérie. Les personnes juives d'Algérie forment le noyau dur, dans leur culture, d'une démarche éloignée de la religion et non liée au sionisme.

De fait, les masses juives venant d'Afrique du Nord sont très fortement marquées historiquement par la France, vue comme la patrie de l'émancipation depuis la Révolution française et Napoléon.

De la même manière, les communautés juives d'Alsace et de Provence sont présentes en France depuis le Moyen-Age et sont pleinement liées à l'histoire moderne de la France bourgeoise depuis la Révolution française.

Les juifs français sont depuis le concordat organisés de manière centralisée au sein d'un Consistoire central avec des subdivisions régionales et dirigé par un « Grand Rabbin » élu par les pratiquants. Cette structure a d'ailleurs été exportée dans de nombreux pays (notamment au Maghreb) servant ainsi d'appui à l'accroissement de l'influence de la bourgeoisie française.

Il y a en fait en parallèle au sionisme et au communisme, une « tentation française » reliée à la perspective universaliste particulière de la République bourgeoise française.

Une de ses manifestations en est qu'aujourd'hui le métissage est une pratique très largement répandue au sein des personnes juives françaises, touchant au moins 50 % des gens.

L'Etat israélien porte de fait à bout de bras l'idéologie sioniste, étant bien aidé il faut le dire ici par un « antisionisme » démagogique et idéaliste.

L'affaire Dieudonné d'en ce moment fait ainsi que l’État israélien annonce qu'il va annoncer une grande campagne pour que les personnes juives fassent leur « alyah » depuis la France, leur « montée »  vers la « terre promise ».

Et cette fois l’État israélien entend discipliner les personnes juives françaises. En effet, déjà il y a peu de personnes juives allant vivre en Israël – 2000 personnes par an – mais qui plus est 1/3 revient, abandonnant leur tentative, quant au reste on trouve notamment beaucoup de personnes âgées y allant vivre leur retraite, ou bien des gens motivés pour des questions économiques.

En pratique d'ailleurs, les personnes juives émigrant font comme les personnes non juives : elles vont surtout aux États-Unis, en Grande-Bretagne, au Canada, en Australie, etc. Seul un quart des personnes juives quittant la France, environ, choisissent le sionisme.

A cela s'ajoute que les personnes juives venant de France sont... françaises, toute leur culture le reflète, et elles sont ainsi en porte-à-faux avec la culture israélienne qui ne manque pas de lui faire savoir.

Bref, le projet sioniste est un échec en France, pays des Lumières d'un côté, et de l'autre un pays où le communisme a été un mouvement puissant, sachant gagner les masses juives.

L'Etat israélien tente donc de lancer un grand projet, en reconnaissant massivement des diplômes (dentistes, médecins, opticiens, kinésithérapeutes, etc.), en fournissant des aides spécifiques pour l'emploi et le logement, etc.

Et les ambitions sont énormes : l'Etat israélien veut faire partir de France, d'ici 2017, pas moins de 42 000 personnes : 6000 en 2014, 12 000 en 2015 et 24 000 en 2016 !

Quand on sait qu'il y en a Israël à peu près 100 000 personnes émigrées depuis la France, on voit facilement l'ambition démesurée, qui vise de fait à lancer, en réalité, l'émigration totale des personnes juives françaises, l'exode.

La question de l'exode se pose cependant, dans la mesure où l'antisémitisme peut tourner au pogrom. Les masses juives sont inquiètes, car elles voient l'antisémitisme, mais également une incompréhension fondamentale de cela au sein de la société française.

L'antisémitisme est « excusé » par la société française, au nom de la question palestinienne, comme si la juste cause palestinienne avait un rapport quelconque avec un « antisionisme » n'aidant en rien la libération palestinienne et ne servant que de rhétorique anticapitaliste romantique.

Il y a ainsi une petite tendance à l'exode sioniste, 3120 personnes juives ayant quitté la France pour Israël en 2013, contre 1916 l'année précédente. Le même phénomène d'augmentation se retrouve en Belgique et en Hollande.

Il y a trois alternatives possibles. La première est que le choix soit fait, au sein des masses juives, de l'idéologie sioniste. Historiquement, c'est impossible et l’État israélien le reconnaît lui-même. Il y a bien des récentes tentatives de développer un sionisme religieux, qui a un impact dans certains secteurs, mais il ne se transforme pas en mouvement de masse.

La seconde, c'est qu'une situation extrême oblige les personnes juives à sauver leur peau et à partir – l'Etat israélien, qui a profité de différentes « alyahs » de ce type justement pour se peupler, table dessus. L'Etat israélien ne compte pas du tout, fort logiquement, combattre l'antisémitisme, mais admettre son existence et en profiter dans son projet colonial.

La troisième, c'est que les masses juives françaises assument le socialismeet l'unification des masses populaires de France pour écraser le fascisme et instaurer le socialisme.

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