18 déc 2013

Piratage de la dieudosphère et explosion de l'antisémitisme

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le PCMLM avait averti : nous sommes à l'aube des années 1930. L'analyse s'est avérée totalement juste, et nous y voilà. Et comme l'a expliqué le PCMLM, l'antisémitisme est une donnée fondamentale de la décomposition du capitalisme.

Lors de l'affaire Merah, le silence avait été complet chez les progressistes. Il n'y a que sur notre média qu'il y a eu des articles, de nombreux articles cernant les différents aspects du phénomène en cours, phénomène qui est un anticapitalisme romantique, où les personnes juives sont considérées comme des « monstres » ayant pris le pouvoir.

Si l'on regarde le phénomène des « quenelles » de Dieudonné, dont le PCMLM a déjà parlé, on peut voir qu'il s'agit justement d'une expression politique et culturelle de cela.

Et il faut tout l'irrationalisme des anarchistes « antifascistes » du type La Horde – les mêmes qui font des meetings « antifas » à... Sciences-Po – pour considérer que Dieudonné est un « bouffon ».

En réalité, on va vers le pogrom. La situation est explosive et il ne manque guère d'élements pour que quelque chose du genre se lance. Nous vivons un moment historiquement douloureux et terrible.

Nombre de progressistes nient cela. C'est une erreur grossière et une caution aux tendances antisémites. Il suffit d'ailleurs d'utiliser un moteur de recherche, comme Google, pour faire des recherches sur un site précis, pour s'apercevoir que personne à part le PCMLM n'analyse l'antisémitisme, n'explique ses ressorts et le dénonce.

C'est un suicide idéologique, ou bien une soumission à l'antisémitisme pour qui les juifs soit n'existent pas, soit ne devraient pas exister.

L'un des grands problèmes qui vient s'ajouter à cela est le rôle du sionisme. En raison de l'idéalisme complet des forces soutenant la juste cause palestinienne, le sionisme n'a pas été analysé et son interprétation a relevé de plus en plus du fantasme. Les restes de l'influence du social-impérialisme soviétique n'ont ici pas aidé ; si on y ajoute l'anticapitalisme romantique et l'anti-impérialisme petit-bourgeois, on a un cocktail explosif.

En pratique, donc le sionisme a totalement changé de forme ces 25 dernières années. Le sionisme historique est laïc, se voulant même progressiste voire socialiste, appelant les personnes juives à abandonner l'aliénation « nationale » pour aller travailler l'agriculture en Palestine en se protégeant par les armes, et donc à se transformer physiquement et moralement.

Or, sous ce masque progressiste de transformation, le sionisme était en réalité un mouvement fasciste, cachant son caractère uniquement nationaliste en le liant à la question sociale. L'existence de l’État israélien a, au fur et à mesure, fait tomber le masque, et le sionisme historique s'est effondré politiquement et idéologiquement ; il n'existe plus.

L'une des erreurs fondamentales de l'antisionisme idéaliste, petit-bourgeois, anti-matérialiste, est de ne pas avoir compris cela.

Aujourd'hui, donc, le sionisme est devenu principalement religieux ; les religieux juifs qui historiquement ont rejeté de manière catégorique le sionisme ont inversé leur position. La raison pour cela est que le projet sioniste a besoin d'un justificatif idéologique, que le sionisme historique ne peut plus lui fournir.

Les religieux, quant à eux, voient la possibilité de parasiter non plus simplement des communautés dispersées, mais carrément un État au moyen de subventions : c'est le sens de la participation aux élections israéliennes de partis sionistes religieux, qui historiquement à l'origine rejetaient le sionisme...

L'antisionisme en France montre son caractère abstrait de par son incapacité à ne serait-ce que remarquer cela. L'ennemi qu'est le sionisme n'est ni analysé, ni étudié, ni compris : c'est une preuve d'un travail non sérieux.

Il est évident pourtant que si l'on veut combattre une idéologie réactionnaire comme le sionisme, alors on doit le comprendre. Il est parlant que l' antisionisme idéaliste fantasme sur le « Bétar » de manière irrationnelle, alors qu'une telle structure sioniste « historique » n'existe plus depuis pratiquement un quart de siècle, ayant été remplacé par une structure comme la « Ligue de Défense Juive ».

Les différence sont pourtant significatives : là où le Bétar était sioniste et appelait à quitter la France, la « LDJ » se veut sioniste–religieuse et appelle à s'allier aux réactionnaires de France ; là où le Bétar refusait d'agresser des personnes juives et se voulait même non raciste, la « LDJ » assume ouvertement tant une violence intra-communautaire que le racisme anti-arabe forcené.

Pour en revenir à Dieudonné, les médias se sont fait l'écho du piratage de son site et de la mise en ligne sur le site http://dieudospherehacked.su/ des données qu'on pouvait y trouver (adresses, photos, etc.).

Ainsi ont été rendus public les données relatives à 1500 clients du site « dieudosphère » (noms, prénoms, adresses, données bancaires, etc.) et 4900 adresses mails de personnes abonnées à la newsletter de Dieudonné, avant que le site soit retiré de la plateforme overblog (qui héberge aussi les sites de Dieudonné), l'adresse du site ayant été reprise par un site pro-dieudonné peu de temps après. Le site a été remis en ligne sur une autre plateforme avec des photos de personnes faisant la « quenelle » assortis de leur noms, prénoms et des entreprises dans lesquelles ils travaillent (principalement des membres de forces armées bourgeoises).

Ce piratage serait le fait d'une seule personne, écrivant avec des fautes d'orthographe, etc. ; en pratique, il n'est pas difficile de voir que vu le discours sioniste qu'on trouve mis en avant, il s'agit d'une initiative organisée et ne relevant nullement d'une décision individuelle.

Il s'agit ici d'un « coup » organisé par des gens soit de la « LDJ », soit proches, et certainement, comme on peut le deviner, avec le soutien technique de l’État israélien. De son côté, l’État français a laissé faire ce piratage pour s'en servir afin de pouvoir serrer la vis autour de ce phénomène ayant pris de l'importance jusque dans les membres des forces armées françaises. Il y a ainsi en parallèle une campagne de la part d'une partie des démocrates bourgeois à sévir contre Dieudonné et sa sphère (comme l'article récemment mis en tête du gondole du Monde d'une virulence peu habituelle pour ce journal démocrate chrétien).

Le piratage n'a pas eu lieu à n'importe quel moment non plus : il se produit alors qu'avant-hier soir le président François Hollande recevait le Conseil Représentatif des Institutions juives de France (Crif), qui fête son 70e anniversaire.

Et son nouveau président, Roger Cukierman (qui en fait était déjà son président de 2001 à 2007 et a placé entre-temps son conseiller à ce poste), a justement en ligne de mire Dieudonné, dont il considère qu'il  est « devenu un professionnel de l'antisémitisme ».

Comme on le voit, tout cela converge. La raison en est que les sionistes-religieux et les conservateurs « traditionnels » du Crif paniquent : ils voient deux courants concurrentiels se développer.

D'un côté, la frange réactionnaire des journalistes de culture juive, comme Eric Zemmour ou Elisabeth Lévy, bascule de plus en plus et inévitablement dans l'orbite du Front National. Les « intellectuels » bourgeois juifs, principalement d'origine ashkénaze, soutiennent de plus en plus une ligne raciste et nationaliste française, dont l'organe le plus connu est la revue « Causeur ».

De l'autre, les religieux orthodoxes et ultra-orthodoxes (comme les « Loubavitch ») connaissent un succès fulgurant. Par l'intermédiaire des écoles privées (qui regroupent à peu près 20 % des enfants d'origine juive), un discours orthodoxe est martelé, sur une ligne sioniste-religieuse digne du moyen-âge. Associée à un mysticisme forcené comme avec le « rabbi de Loubavitch » présenté quasi ouvertement comme le messie, il y a une véritable dynamique populaire réactionnaire, présentant un succès réel auprès de la haute bourgeoisie comme auprès des couches prolétaires voire lumpenprolétaires.

Tous ces courants réactionnaires, anti-assimilationnistes et anticommunistes, ont tenté de nier l'antisémitisme, c'est-à-dire concrètement qu'ils sont allés dans le sens de l'instrumentaliser afin de gagner des positions politiques, sans le prendre réellement au sérieux.

Or là, la vigueur populaire de la « quenelle » modifie toute la donne. Dieudonné a été l'idiot utile de cette frange réactionnaire « traditionnelle », et là il s'avère une bombe à retardement. La « quenelle » a synthétisé un mouvement réellement populaire, antisémite et fantasmant sur une « conspiration », d'esprit totalement petit-bourgeois, et le tout fait tâche d'huile.

C'est cette situation actuelle qui amène ce « piratage », ou l'affirmation toute récente de la « LDJ » de soutenir le départ en Israël. La situation devient intenable pour les réactionnaires tentant de contrôler les personnes juives en France.

La situation est donc explosive à tous les points de vue. D'un côté, le mouvement de la « quenelle » a libéré l'antisémitisme de toute frontière morale. Les photos de « quenelles » effectuées dans des endroits sans rapport avec le sionisme, comme les camps de concentration ou d'extermination, reflètent bien l'anticapitalisme romantique typique des nazis.

De l'autre, les masses juives sont tout à fait conscientes de ce qui se passe, et si elles se réfugient dans l'attentisme, il existe une tradition d'auto-défense suffisamment puissante pour qu'une étincelle suffise à lancer un processus violent.

D'autant plus que cette tradition d'auto-défense trouve une vigueur nouvelle depuis les massacres perpétrés par Mohamed Merah et la défiance qui s'empare des masses juives vis-à-vis de l’État français au vu du nombre de personnes des forces armées (militaires, policiers, pompiers) prises en photos en train de faire des « quenelles ».

Les antisémites fantasmant sur les personnes juives riches de la ville de Neuilly-sur-Seine se verraient alors se confronter aux masses populaires, voire lumpenprolétaires, du 19e arrondissement de Paris, dans ce qui ne pourrait être qu'un déchaînement de violence.

Une telle situation révèle le rôle néfaste de Dieudonné, qui a contribué à diviser les masses populaires, soutenant ainsi la bourgeoisie. Le communautarisme, ce poison, a largement été diffusé ces dernières années ; des communautés, plus ou moins fictives par ailleurs, sont construites et opposées l'une à l'autre en bloc.

Dans un tel contexte, affirmer le caractère historique de l'universalisme est la tâche essentielle des personnes progressistes. Face au monstre de la division et de la soumission au capitalisme, face à l'anticapitalisme romantique, il faut affirmer la science, le matérialisme dialectique.

Dans une telle obscurité, seul le Parti d'avant-garde peut être un phare guidant les masses : c'est ce que vise le PCMLM.

 

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