2 avr 2014

Manuel Valls, la franc-maçonnerie et Dieudonné

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La nomination de Manuel Valls au poste de premier ministre pose un problème fondamental aux progressistes, auquel on ne pense pas forcément : celui du rapport aux « radicaux », c'est-à-dire aux centristes de gauche, ou encore à la franc-maçonnerie, qui a précisément la même idéologie.

Rappelons ici un point fondamental : les radicaux ont été une composante du Front populaire. Cela tient à la culture républicaine bourgeoise des radicaux, à leur conception « démocratique » de la vie publique.

La base idéologique pour cela est la franc-maçonnerie, qui s'est développée lors de la période des Lumières. Ces « clubs » contournant l'interdiction de s'organiser en association prônent la discussion entre toutes les fractions de la bourgeoisie, avec comme idéologie commune le « progrès » intellectuel et moral, dans l'esprit du déisme.

Le déisme est la conception de la bourgeoisie française, qui a raté le protestantisme et bien entendu ne pouvait pas assumer l'athéisme porté par Denis Diderot, Paul-Henri Thiry d'Holbach, etc. Le déisme considère qu'il existe un Dieu, grand architecte, qui a conçu le monde et l'a confié aux humains, c'est-à-dire en fait à la bourgeoisie.

Le grand horloger qu'est Dieu a conçu le monde, tel une horloge qu'il a remonté, pour le laisser aux humains qui peuvent, en en comprenant la mécanique, développer les forces productives.

Bien entendu, cette partie de la bourgeoisie a été très durement combattu par le fascisme. Son libéralisme est intolérable à la bourgeoisie impérialiste qui veut le pouvoir terroriste des monopoles.

C'est la raison pour laquelle le Front populaire, élaboré par le Parti Communiste français suite au 6 février 1934, a considéré qu'il était nécessaire d'intégrer les radicaux. Cette stratégie a bien entendu été validé par l'Internationale Communiste.

Et naturellement, les trotskystes ont considéré que cela était intolérable, que c'était une trahison de la révolution etc. Les trotskystes rejettent le principe de l'antifascisme comme Front, au nom de la « révolution permanente ».

C'est pour cette raison également que Dieudonné, dans sa dernière vidéo (en lien ici) suite au premier tour des élections municipales de mars 2014, attaque frontalement la franc-maçonnerie, qu'il considère comme étant au pouvoir.

C'est sans doute la première fois, d'ailleurs, que Dieudonné construit son offensive sur ce terrain. Nul hasard à cela : la bourgeoisie libérale est un obstacle majeur au fascisme.

Pour cette raison, Dieudonné parle de « pouvoir mafieux » contrôlant la France, et salue l'abstention dans une logique anti-parlementaire typique du fascisme.

Puis, bien sûr, il dit que l'ennemi c'est le Parti Socialiste et l'UMP et que si on peut le battre, alors il le faut ! C'est un appel clair à voter Front National en contradiction avec le principe de l'abstention, mais peu importe pour Dieudonné, qui joue sur l'irrationnel.

Voilà pourquoi il enchaîne ensuite sur un thème évident, commun aux fascistes et aux trotskystes : « saloperie de front républicain », « la grande délinquance est tenue par le front républicain, je pense qu'on est tous d'accord avec ça, il faut l'éliminer »

Il est intéressant de voir que Dieudonné mène son offensive contre la franc-maçonnerie et le front républicain avant la nomination de Manuel Valls. Etait-il au courant de cette nomination prochaine ? Car Manuel Valls correspond précisément à ce que Dieudonné critique.

On peut tout à fait penser que des indications ont été fournies à Dieudonné, qui a un impact énorme. En trois jours sa vidéo a déjà été vue par un million de personnes. Mais peu importe que Dieudonné ait été prévenu ou pas, ni même par ailleurs qu'il se soit converti à l'Islam chiite et qu'il ne le dise pas.

Car de toutes manières, tout cela converge. Ce principe de convergence est essentiel. Le fait que les trotskystes et les fascistes réagissent de la même manière est significatif. Leur objectif commun est de viser la bourgeoisie libérale qui en réalité perd du terrain, afin d'aider la bourgeoisie impérialiste qui elle ne cesse de se renforcer.

Manuel Valls aujourd'hui, pas plus que Nicolas Sarkozy hier, ne représente pas une force en expansion, bien au contraire. Manuel Valls et Nicolas Sarkozy sont des réactionnaires, mais toujours plus des tigres de papier, alors que le fascisme devient un monstre toujours plus puissant.

Il ne faut pas ici cesser de souligner le rôle profondément réactionnaire des anarchistes et des trotskystes, qui ne cessent de contribuer à jeter dans les bras des fascistes toujours plus de gens, par pseudo radicalité, par opportunisme de gauche, jouant le rôle de cinquième colonne du fascisme !

Il ne faut pas considérer les catholiques de gauche, la franc-maçonnerie, les centristes, les « radicaux », comme l'ennemi principal. Ils forment un ennemi secondaire de la révolution socialiste, et un allié possible de l'antifascisme. Nier cela, c'est rejeter l'expérience du Front populaire en France et les enseignements fondamentaux de l'Internationale Communiste.

Rubriques: