Jacques Sapir et la vague actuelle de social-chauvinisme
Submitted by Anonyme (non vérifié)Quand on nie l'existence de la bourgeoisie et du mode de production capitaliste, ainsi que le rôle des monopoles, quand on nie par conséquent les enseignements du PCF (mlm), alors on bascule dans la dénonciation du « système », de « l'oligarchie », on veut une « union nationale » face à qui parasiterait l'économie.
Les tendances nationalistes se renforcent de manière ininterrompue depuis 2005, depuis le triomphe du « non » social-chauvin au référendum sur la constitution européenne. C'est vrai à l'extrême-droite, bien entendu, mais également à l'extrême-gauche, par exemple avec l'apologie de la « libération nationale » bretonne ou occitane.
Jean-Luc Mélenchon joue ici un rôle particulièrement pervers et ces derniers jours il a renforcé son offensive social-chauvine. Lors d'une interview à Sud Ouest le 20 août, il a prôné « l'indépendantisme français » :
« Seriez-vous prêt à mettre dans la balance une éventuelle sortie de la France de la zone euro ?
Pourquoi enfermer le débat dans cette question ? Avec ou sans euro, le traité budgétaire s'appliquerait. Nous ne sommes donc plus libres. Je propose un nouvel indépendantisme français. Mais il n'y a pas à menacer. Si l'on ne peut convaincre l'Allemagne, il faut la contraindre. Sinon, mieux vaut divorcer qu'une vie commune humiliante. »
Dans le Journal du Dimanche, le 23 août, il expose de la manière suivante le même point de vue :
« Vous, quel est votre "plan B"?
Je vous le dirai le moment venu. Tout est dans les textes du congrès du Parti de gauche. Clairement, s’il faut choisir entre l’indépendance de la France et l’euro, je choisis l’indépendance. S’il faut choisir entre l’euro et la souveraineté nationale, je choisis la souveraineté nationale. Il n’y a pas de raison pour qu’à la fin, ce soit nous les Français qui cédions devant les Allemands. La monnaie est autant à nous qu’à eux. J’admets très facilement l’idée que c’est peut-être une utopie de croire qu’on peut encore parler avec le gouvernement allemand.Mais je voudrais qu’on en fasse les preuves. En attendant, le Parti de gauche a une attitude tout à fait pédagogique. "Plan A" on discute. Si vous ne voulez pas : "plan B", vous vous gardez votre monnaie. Les choses sont arrivées à un point de rupture. Je le dis solennellement : l’Europe allemande, ce n’est pas possible. C’est n’est pas viable pour la liberté des Européens, ni pour la liberté des Français. Nous ne l’accepterons pas. C’est la raison pour laquelle je dis que je suis en quelque sorte un nouvel indépendantiste français. On ne peut dire « oui » que si on est libre. »
Dans le même esprit « national » et « social », il y a eu la fête de la rose d’Arnaud Montebourg à Frangy-en-Bresse en Saône-et-Loire, avec comme invité d'honneur le grec Yanis Varoufakis, figure du social-fascisme de SYRIZA.
Il y a surtout la proposition stratégique faite par l'économiste, Jacques Sapir, figure de la « gauche radicale » institutionnelle, c'est-à-dire des intellectuels de gauche liés aux universités et soutenant le Front de Gauche.
Dans une interview accordée au Figaro, Jacques Sapir prône un « front de libération nationale » allant de l'extrême-droite à l'extrême-gauche. C'est une ligne social-impérialiste et une contribution à l'élaboration d'une idéologie national-socialiste. Jacques Sapir présente la chose ainsi :
« La présence de Jean-Pierre Chevènement aux côtés de Nicolas Dupont-Aignan lors de l’Université d’été de Debout la France est l’un des premiers signes dans cette direction. Mais, ce geste – qui honore ces deux hommes politiques – reste insuffisant.
A terme, la question des relations avec le Front National, ou avec le parti issu de ce dernier, sera posée. Il faut comprendre que très clairement, l’heure n’est plus au sectarisme et aux interdictions de séjours prononcées par les uns comme par les autres. La question de la virginité politique, question qui semble tellement obséder les gens de gauche, s’apparente à celle de la virginité biologique en cela qu’elle ne se pose qu’une seule fois.
Même si, et c’est tout à fait normal, chaque mouvement, chaque parti, entend garder ses spécificités, il faudra un minimum de coordination pour que l’on puisse certes marcher séparément mais frapper ensemble [il s'agit d'un slogan trotskyte NDLR]. C’est la condition sine qua non de futurs succès. »
Voilà qui correspond bien au fascisme. C'est une critique social-chauvine du réformisme modernisateur de François Hollande. Le ministre de l'Économie de ce dernier en 2014, Pierre Moscovici, avait d'ailleurs attaqué Jacques Sapir lors d'un débat télévisé avec Marine Le Pen, l'accusant d'être « d'extrême droite ».
C'est une vérité élémentaire, sauf que le réformisme modernisateur ne peut rien dire, car il nourrit par ses échecs le fascisme, qui justement s'appuie sur une gauche « radicale » anti-communiste mettant en avant une critique « de gauche » du réformisme.
De fait, le collaborateur de Jacques Sapir, Philipe Murer est devenu conseiller économique de Marine Le Pen. Jacques Sapir lui-même a parlé à la tribune d'un meeting de Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan. Cela ne l'empêche pas de se considérer absolument comme un « homme de gauche ».
Une preuve de plus, s'il en est, qu'il y a lieu, pour comprendre la situation actuelle, de lire les œuvres de l'historien Zeev Sternhell retraçant le basculement à l'extrême-droite de l'extrême-gauche anti-communiste, d'étudier nos dossiers concernant le proudhonisme et le national-socialisme.