6 Jan 2012

Xavier Mathieu soutenu par la sociale-démocratie dans son procès pour refus de prélèvement ADN

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le syndicaliste Xavier Mathieu, leader des ex-salariés de Continental dans l'Oise qui s'était battus contre leur licenciement, comparaissait devant la cour d'appel de Amiens ce mercredi. La prétendu « Justice » bourgeoise le juge une nouvelle fois car il lui est reproché d'avoir refusé de donner son ADN à la police, après le saccage de la préfecture par les ouvriers en colère. 

 

L’État français dispose d'un fichier, le FNAEG, dans lequel sont recensé des centaines de milliers d'empreintes ADN d'individus (plus 1,7 million de personnes selon le Syndicat de la Magistrature). C'est une version complémentaire du fichiers des empreintes digitales. L’intérêt de ce fichier pour l’État est évident afin de surveiller les masses populaires : autant il est facile d’effacer une empreinte digital, autant il est très difficile de ne pas laisser d'empreintes ADN lorsque l'on est quelque part. Un simple cheveu suffit pour déterminer l'ADN de quelqu'un. 

 

Lors d'une garde-à-vue, la police demande quasi-systématiquement aux individus de donner leurs empreintes digitales et leurs empreintes ADN (en crachant sur une sorte de coton-tige). C'est ce qui s'est passé pour Xavier Mathieu et c'est ce qui se passe chaque jour pour la plus part des personnes retenues en garde-à-vue. Le fichage ADN n'est donc pas une condamnation ou une sanction, c'est un droit que se réserve l’État dans les commissariats, sans que l'individu concerné soit coupable de quoi que cela soit pour autant. 

 

Le fait de refuser de cracher sur le coton-tige pour donner son ADN est considéré comme un délit et la loi prévoit un maximum de 1 an d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende. Dans la pratique, la plus part des personnes qui refusent de donner leur ADN ne sont pas poursuivie par la suite (bien qu'elles doivent subir la pression de la police qui fait croire que la condamnation à 1 an de prison est automatique). Pour certaines personnes par contre, une convocation judiciaire peut suivre ce refus. Le fait d'être poursuivie relève parfois d'une sorte de « loterie », d'un « pas de chance » pour des personnes isolées ; dans d'autre cas les poursuites on une raison politique évidente. De nombreuses personnes impliquées par exemple dans des fauchages volontaires d'OGM sont poursuivies et condamnés pour avoir refusé de donner son ADN. Les condamnations sont en générale de plusieurs centaines d'euros, et de la prison avec sursi dans certain cas. 

 

Il est évident que nous encourageons tout le monde à refuser de donner son empreinte ADN à l’État bourgeois. Le résultat d'une éventuelle convocation en justice est ensuite le fruit d'un rapport de force politique. Comme toute condamnations par l’État bourgeois, la « loi » n'est qu'un prétexte, elle s'applique ou non, plus ou moins, suivant un rapport de force.

 

Ce rapport de force est un rapport de classe. La « Justice » est bourgeoise, elle condamne les prolétaires avant tout en tant que ce qu'ils sont, et non pas en rapport à ce qu'ils ont ou ce qu'ils sont supposé avoir fait. En sens, la pseudo-justice de l’État bourgeois est profondément injuste ; elle n'a d'autre fonction que de légitimé et protéger l'existence de la Bourgeoisie. 

 

Cela Xavier Mathieu refuse de le comprendre pleinement. Alors, il fait appel aux candidats de gauche à l'élection présidentielle, ainsi qu'à François Hollande, pour le soutenir. Parmi les candidats venus, il y a Éva Joly, une ancienne magistrate, c'est à dire une cadre de la « Justice » bourgeoise. Et lors de son procès, le syndicaliste CGT à également obtenu l'appui et le soutient du Syndicats de la Magistrature, un syndicats « de gauche » regroupant des juges et des procureurs qui veulent se donner bonne conscience lorsqu'ils envoient des prolétaires en prison. 

 

Tout ces soutiens entretiennent l'illusion que la pseudo-justice serait neutre, qu'elle serait au dessus de la lutte des classe. D'autant plus qu'il envisage de saisir la Cour européenne des droits de l’homme. Tout cela ne permet pas de prendre conscience de réel enjeux de la répression anti-prolétarienne.

 

Xavier Mathieu est le symbole d'une Classe Ouvrière qui se cherche encore, qui peine à prendre conscience d'elle même et est encore incapable d'acquérir une expression politique autonome. 

 

En l'absence de perspectives politiques concrètes, il se réfugie dans les bras de la sociale-démocratie pour le soutenir contre la répression de l’État. Cela est à l'image de la démarche désespéré aux prud’homme qu'il a entamé récemment avec ses collègues de l'ancienne usine Continental à Clairoix. 

 

Lors de la bataille contre la fermeture de l'usine Continental, Xavier Mathieu, poussé par la base ouvrière, commençait à comprendre le rôle de la social-démocratie et affirmait à propos du refus de la CGT de les soutenir après le saccage de la préfecture de Compiègne que : «Les Thibault et compagnie, c’est juste bon qu’à frayer avec le gouvernement, à calmer les bases. Ils servent juste qu’à ça, toute cette racaille»

 

Le drame de la Classe Ouvrière aujourd'hui, c'est de ne pas parvenir à assumer totalement la radicalité de la situation. Si la colère explose sporadiquement ici et là à mesure que la crise capitaliste prend de l'ampleur, le pouvoir de nuisance de la social-démocratie est encore trop fort. La sociale-démocratie parvient toujours à calmer la situation, à enfermer la lutte des classe sur le terrain de la la légalité bourgeoise et à entretenir des illusions électorales. 

 

Mais l'avenir de la Classe Ouvrière c'est la confrontation politique et violente avec la Bourgeoisie et son État, c'est la Guerre Populaire, l'établissement de la dictature du prolétariat dans tout le pays. Il n'y a pas d'autre voie!

[Délibéré du procès le 3 février 2012]

 

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