19 nov 2011

Quand des pseudos totos célèbrent le viol et le meurtre

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le mouvement autonome a été pourri en France par une frange de spontanéistes petit-bourgeois n'en ayant rien à faire de l'autonomie prolétarienne, et cultivant un mode de vie semi-criminel. Le document suivant, publié sur Indymédia, reflète cette tendance au glauque, au sordide, bref aux bas-fonds dans une version que l'on peut et doit qualifier de fasciste.

Si le document se veut humoristique avec comme but de se moquer d'un certain intellectualisme - notons au passage que le discours anti-intellectuel est typique du fascisme - au sein des totos (=les autonomes), il est sordide, notamment par sa référence plus que malsaine à Guy Georges. Ce dernier est une victime de la société, en tant qu'enfant de la DDASS, et est devenu lui-même un bourreau, violant et tuant de nombreuses femmes. Ce criminel forgé par la société capitaliste a été très médiatisé en raison de sa série de crimes, il a notamment été surnommé "le tueur de l'Est parisien". Or, il a vécu par moments dans des squatts.

On notera enfin, mais c'est logique vue la nature fasciste d'un tel document, qu'à la fin il soit moqué des camps de la mort. On a ici un pur nihilisme, une banalisation du sordide, une expression hautement malsaine de la société, qui est exactement la maladie qui ronge et tue le mouvement autonome en France depuis 1977 même. A l'époque en effet, déjà, une telle fascination pour le crime existait, jusqu'au sordide également.

Ce qui rappelle que sans culture d'avant-garde, rien ne peut se développer authentiquement; le spontanéisme en soi n'aboutit à rien à part l'auto-destruction (notamment par les drogues) ou le fascisme. C'est bien en ce sens que le matérialisme dialectique est une lumière qui guide!

Témoignage : « J’ai vécu l’enfer d’une assemblée générale chez les totos ! »

G.G, que nous appellerons « Gégé » ou encore « Guy » (ou parfois « Georges », pour ne pas révéler son identité) à vécu dans les squats autonomes parisiens ces dix dernière années. Très éprouvé par cette expérience traumatisante, il a soudainement décidé de violer, de tuer et de mutiler plusieurs jeunes femmes pour extérioriser ses souffrances. Purgeant actuellement une peine de réclusions criminelle à perpétuité, il se confie à nous pour répondre à nos interrogations : comment un jeune homme brillant, sans histoire, collectionnant les images Vache- qui- rit et aimant la vie et la musique country en est il arrivé là ? Pour nous aider à en savoir davantage Gégé va nous raconter l’horreur d’une de ces séances collectives appelée « Agé » dans cette mouvance extrémiste dont il a fait partie. Le récit qui va suivre a été écrit de sa main dans un de ses rares moments de lucidité : du fond de sa cellule, G.G nous fait revivre avec lui l’une de ces après- midi infernales. 12 h 30 : préparation de la salle : Dans le squat de Monku on s’active : les chaises sont minutieusement placées selon les règles précises du « feng-shui situationniste » pour ne pas reproduire un encadrement disciplinaire et/ou biopolitique des corps, que les énergies puissent circuler librement dans la salle et fasse émerger un « Commun » qui abolirait la séparation entre le « Vous » et le « Nous ».

On met les chaises en rond quoi !

Après cinq minutes d’hésitation et une relecture rapide de « Surveiler et punir » et de « Théorie du Bloom », on décide d’abolir spontanément la table, avec rage et courage, dans la passion insurrectionnelle de la repossession de notre espace et de notre temporalité.

Un groupe d’individus-singularités s’en va poster un résumé de cette magnifique action spontanée sur Indymédia et sur Juralibertaire dans la rubrique « Brève chronique du désordre de la guerre sociale : abolition de toutes les séparations ! ».

Le reste du groupe est face à un dilemme : doit- il y avoir un ordre du jour à la discussion ? Et doit- on l’écrire sur un tableau ? Réflexion, discussion, débat, engueulades ! Si l’Ethique doit primer sur les considérations d’ordre pratiques, écrire au tableau n’est ce pas utiliser les moyens de l’ennemi ? N’est ce pas réinstaurer des pratiques de gestionnaires au sein même de cet embryon de contre-société qui essaie de se mettre en place ? N’est ce pas réinstaurer un rapport d’aliénation spectaculaire entre les individus-singularités et l’organisation de leur vie réelle ? Est-ce éthique ? Certains intellectuels marxistes de la revue « Réunion : pour la collectivisation » soulèvent le fait que s’obstiner à vouloir écrire au tableau relève d’une conception archaïque de la lutte des classes comme tentative de dépassement de l’impossibilité d’une représentation du prolétariat selon les modalités spectaculaires du tableau velleda, conception qui n’aurait pas pris en compte les restructurations du Capitalisme et sa capacité à absorber toute contestation par la réification des médiations revendicatives exprimés avec un feutre !

Après cinq minutes d’engueulade, une remarque timide fuse : « C’est quand même plus pratique comme ça ». Accordé ! On écrira sur le tableau !

Pendant ce temps, le groupe de dissidents de la revue « Réunion » va poster sur Indymédia un texte dénonçant ces procédés Staliniens, intitulé : « Théorie de la Communisation du tableau, et impasse tactico- pratique de la lutte de classe dans la restructuration du capitalisme spectaculaire et l’affrontement de classe réifié aux bouleversements du rapport Capital- Travail exprimés avec un feutre ».

14 h 00 : Début de la discussion : Les invités arrivent (en retard) au compte goutte. Avant de s’asseoir tout le monde est prié de retirer la batterie de son portable, d’enlever la puce et de les passer au micro- onde. On distribue également des passoires en fer recouvertes d’aluminium pour éviter que la DCRI ne puisse lire dans les pensées grâce au réseau ECHELON : une fois que ces formalités sont terminées, chacun peut s’asseoir !

On se regarde bêtement, on fume des clopes roulées entre « groupes affinitaires », on se re-regarde bêtement. Quelqu’un toussote : prendra t- il la parole ? On sent s’instaurer des tentatives de prise en main par des gestionnaires. Finalement il se cure le nez et regarde au plafond. Cinq minutes après, il hasarde tout de même : « Euh ». Puis il allume une clope roulée et se tait.

15 h 00 : (re) Début de la discussion : On ne sait pas comment, mais la discussion a enfin réussi à commencer (sans doute spontanément, avec rage et courage). Sujet de l’A.G : les gens qui ont ouvert le squat ont décidé d’en faire un lieu de lutte radicale. Manque de pot : ils ne savent pas comment faire … Ils ont donc convoqué une rencontre au sommet de tout le gratin militant de Paris pour tenter de remédier à cette impuissance. Mais avant de commencer à répondre collectivement à cette passionnante question, ils veulent se présenter. Ils amorcent donc un début de laïus centré sur cette question cruciale : « Qui sommes nous ? ».

Mauvaise idée : on sent arriver le débat sans fin. Et le débat sans fin pointe le bout de son nez quand ON (un négriste ?) en vient à poser cette question : ceux qui ont ouvert le squat sont ils des individus ou des singularités ?

17 h 00 : Après deux heures de débat, quatorze engueulades, deux suicides collectifs et douze textes de charabia postés sur Indymédia, fruits d’élaboration collective au cours de ce passionnant échange, quelqu’un a enfin la bonne idée de dévier le sujet. Tant mieux, de toute façon on n’en sortait pas.

17 h 01 : On en vient donc à un sujet sans doute plus intéressant : le squat entend abolir le « vous » et le « nous » entre ses résidents et ses usagers, c’est-à-dire que, dans l’espace collectif, le premier venu est « chez lui ». Mais dans quelle mesure et dans quelles limites ?

On sent revenir le débat sans fin.

19 h 00 : Après deux heures de débat, quatorze engueulades, deux suicides collectifs et douze textes de charabia postés sur Indymédia, fruits d’élaboration collective au cours de ce passionnant échange, quelqu’un a enfin la bonne idée de dévier le sujet. Tant mieux, de toute façon on n’en sortait pas.

— h – [Le temps a été aboli spontanément avec rage et courage : il est désormais une singularité-di-viduelle temporelle quelconque, prenant en compte les restructurations du capitalisme et du rapport capital- travail, bien évidemment.]

Après ces (passionnants ?) débats, on n’est toujours pas plus avancé, et il n’y a plus de tabac à rouler. On en revient enfin au sujet central : « le lieu est ouvert, chouette, mais on en fait quoi ? »

Parce qu’avec ces 500m² d’espace en plein Paris, vu le prix que ça coûte, ça fait un peu beaucoup pour loger 10 pèlerins issus de la middle- class, surtout qu’il n’est pas vraiment question d’héberger n’importe qui, et surtout pas des pauvres.

Tout le monde semble au moins à peu près d’accord sur un point, en tout cas (c’est rare) : le lieu devra avoir ouvertement un cachet de radicalité certifiée. C’est-à-dire que tout le monde en entrant ici devra se dire « Ouah, ce lieu est trop radical ! » et ça ne devra laisser aucun doute à personne, ‘tention ! Le problème c’est qu’un lieu ça n’est jamais que quatre murs et un toit : tout ça manque de radicalité insurrectionnelle intrinsèque. Comment faire ? Organiser des « activités populaires » c’est gentil mais c’est pas insurrectionnel, et on voudrait surtout pas faire dans le social (beurk)… en plus ça attire des pauvres, qui sont bien souvent des gens réformistes, sexistes, genrés, homophobes et qui ne comprennent pas la restructuration du capitalisme et le bouleversement du rapport capital- travail et l’impossibilité de leur représentation en tant que sujet historique dans la dissolution de l’identité ouvrière du au post- fordisme et l’émergence de la singularité- di-viduelle comme éclatement de la multitude dans l’empire ! Quelle bande de Blooms, ces bâtards !

On veut bien lutter contre la gentrification, mais en trouvant une solution qui permette de rester entre jeunes blancs anarchistes radicaux, alors : que faire d’authentiquement radical qui ne laisserait aucune place possible à la récupération capitalistespectaculairemarchandesocialdémocrateréformistebiopolitique ?

Et si on organisait des concerts ? Ah ouais ! Et avant on pourrait éplucher des carottes pour faire des cantines autogérées alternatives ??

(« Autogérées » ça veut dire qu’on se met en rond et qu’on dit « On fait quoi à bouffer ce soir ? Des carottes ça va à tout le monde ? Okay, c’est cool, on fait des carottes ! » « Alternatives » ça veut … juste rien dire !)

Et aussi, pourquoi ne pas organiser des projections de films intellos néo- Foucaldiens sur la déconstruction des identités genrées tant qu’on y est ?

Oh oui, ça c’est des idées qu’elles sont bonnes ! Mais faudra pas oublier de tagguer sur les murs du squat « Non à la gentrification » tu penses bien, ohlala, ohalala, parce qu’on est contre la gentrification quand même.

Et si on est vraiment chauds, on organisera des « ballades » sauvages spontanées dans Paris. « Spontanées » ça veut dire qu’un groupe de décideurs invisibles fera tourner un mot d’ordre de rendez- vous, mais comme ça sera par « bouche- à- oreille » et qu’on saura jamais d’où ça vient, et qu’on aura pas le droit de demander de quoi il s’agit et qu’on pourra juste suivre commes des cons en risquant de se faire serrer pour rien, ça sera forcément pas du tout autoritaire comme façon de procéder.

Ahlala, qu’est ce qu’on va s’amuser.

Oh oui, qu’est ce qu’on va s’amuser …

On va s’amuser ! S’amuser !

Le récit s’arrête malheureusement ici. A l’heure où ce numéro est sous presse, nous apprenons que G.G s’est suicidé par étouffement dans sa cellule en avalant des pages entières du journal « L’Envolée » et des tracts du collectif anti-carcéral « Bali-balo ».

Le sens de son geste nous échappe. Même des années plus tard, il semblerait que celui-ci n’ait jamais vraiment totalement rompu avec son endoctrinement idéologique. Tel un ancien déporté revenu des camps de la mort, une partie de son esprit était parmi nous, mais une autre était toujours là- bas, dans ces lieux étranges où le temps était aboli, comme ces anciens déportés n’arrivant pas à oublier, ni à se pardonner, d’avoir survécu à l’enfer. Nous lui dédions ce numéro !

Au camarade G.G, affectueusement, toute l’équipe de la Sulfateuse rend hommage :

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