23 mar 2012

Khaled Kelkal et Mohamed Merah, pèlerins du néant

Submitted by Anonyme (non vérifié)

En 1995, Khaled Kelkal du Groupe islamique armé (GIA) aurait pu être arrêté, mais il a été abattu par les gendarmes. Il était alors l'« ennemi public n° 1 » en France pour ses actions au sein du GIA ; 170 000 affiches signalétiques avaient été diffusées. Il avait 24 ans.

Mohamed Merah, qui est mort hier, avait 23 ans. Son action rentre dans la même logique que Khaled Kelkal : l'Islam est un drapeau révolutionnaire, l'oppression est un mélange idéaliste inventé par un anti-capitalisme romantique, mêlant anti-impérialisme de façade et antisémitisme.

Dans un même ordre d'idée, il faut penser au gang de Roubaix, décimé en 1996, avec notamment des membres préférant mourir dans les flammes que de céder à l'assaut policier.

Kelkal venait lui de la banlieue lyonnaise, Merah de Toulouse.

Trois initiatives, venant de trois lieux prolétariens, à partir de trois expériences de vie prolétarienne, qui ne s'élèvent pas dans la guerre populaire, mais basculent dans l'anticapitalisme romantique.

Un anti-capitalisme romantique qui est pure folie pour les commentateurs bourgeois, et qui en réalité ne s'explique pas sans une compréhension matérialiste dialectique de la crise générale du capitalisme dans le cadre national français.

Car dans tous les cas, il s'agit de jeunes rebelles choisissant de basculer dans l'idéalisme religieux. Ils ont décidé de faire un saut en ce sens, sans nécessairement d'ailleurs avoir une vie quotidienne conforme à ce qu'exige la dite idéologie.

La religion musulmane, comme toutes les religions, est conservatrice ; ce n'est qu'en raison d'une situation particulière qu'une lecture subversive de cette religion peut être faite.

Une lecture fausse et faussement révolutionnaire, avec des conséquences anti-populaires. Mais une lecture qui a la dignité du réel et si l’État bourgeois exécute systématiquement ces pèlerins du néant, c'est pour empêcher qu'on les voit, qu'ils aient un procès, qu'on engage une réflexion sur eux.

Réflexion qui pourrait s'avérer radical et prolétarienne... Car Merah aurait pu être endormi avec des gaz, etc., il ne pouvait pas tenir 30 heures face à des équipes suréquipées et disposant d'armes non léthales pour justement récupérer quelqu'un s'il le faut.

Mais il fallait pour l'Etat bourgeois présenter Merah comme un cas à part, tout comme Khelkal et le gang de Roubaix. Donner la possibilité à l'anti-capitalisme romantique de les présenter comme d'éventuels héros et des modèles (pour le même échec), et surtout de présenter toute tentative « subversive » comme nihiliste et suicidaire.

Nihiliste et suicidaire, alors que les motifs se voulaient la justice : Merah a assassiné des enfants au nom des « petits frères » et des « petites sœurs » en Palestine. Une fausse justice donc, une pseudo justice même car Merah pouvait aisément comprendre que cela ne rimait même pas symboliquement à rien : ici on a de l'antisémitisme dans un mode vraiment nazi.

Mais ce qu'il faut retenir, c'est que Khaled Kelkal et Mohamed Merah étaient des pèlerins du néant, non pas tombant du ciel, mais produits par la société française.

Tous ne viennent pas de l'extérieur de la société française, ce n'étaient pas des « étrangers », mais des Français que la société française a façonné d'une certaine manière.

Il ne faut pas que condamner leurs erreurs et leurs fautes, il faut également les dépasser. Les rejeter n'a aucun sens ; on ne peut pas effacer une réalité historique. On peut et on doit la comprendre et la dépasser.

Ce n'est qu'ainsi qu'à l'avenir, les Khaled Kelkal et Mohamed Merah du demain n'existeront pas finalement, se transformant en communistes et non en fascistes !

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