25 mar 2012

Mohamed Merah, suicidaire politique dans l'esprit du romantisme français

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Il est un roman qu'il faut absolument lire pour comprendre le romantisme français : Stello de Vigny. Car Mohamed Merah a largement été imprégné par l'idéologie nationale française, il n'est pas un « musulman » abstrait qui serait devenu « fou. »

Son projet, suicidaire et politique en même temps (à ses yeux), est typiquement romantique, et parfaitement dans l'esprit du romantisme français du début du XIXe siècle.

A cette époque, un jeune romantique était prêt à tout, jusqu'au suicide, pour que son mal intérieur soit reconnu par les autres. Vie de bohème et extravagance allaient de pair avec un engagement forcené pour une cause, elle-même ayant peu d'importance en fait sur le plan du contenu (d'où le passage des romantiques de l'ultra-droite royaliste au christianisme social, comme avec Victor Hugo par exemple).

Dans le roman Stello, Alfred de Vigny décrit précisément un docteur venant voir un jeune romantique dénommé Stello qui veut s'engager ; pour le pousser à se contenter de l'art pour l'art (ce que feront le Parnasse et Baudelaire par la suite), le docteur lui raconte l'histoire tragique de trois jeunes romantiques (Gilbert, de Chatterton et d’André Chénier).

Ceux-ci ont été brisés par la société de trois régimes politiques différents (monarchie absolue, monarchie constitutionnelle, république), qui les ont mis socialement à mort.

Quand on voit Stello et son mal de vivre (le romantisme est « le mal du siècle »), on peut aisément rapprocher le cas de Mohamed Merah, délinquant cherchant une morale, rebelle sans cause.

Et donc la manière avec laquelle est décrite Stello est très utile pour comprendre le caractère romantique de Mohamed Merah.

Voici par exemple la scène où le docteur constate que Stello est tombé dans le précipice de la mélancolie :

« En prononçant ces dernières paroles, Stello baissa la tête et la mit dans ses deux mains. Il se tut, et soupira profondément.

Le Docteur demeura aussi froid que peut l’être la statue du Czar en hiver, à Saint-Pétersbourg, et dit :

« Vous avez les Diables bleus, maladie qui s’appelle en anglais Blue devils. »

Stello reprit d’une voix basse :

« Il s’agit de me donner de graves conseils, ô le plus froid des docteurs ! Je vous consulte comme j’aurais consulté ma tête hier soir, quand je l’avais encore ; mais, puisqu’elle n’est plus à ma disposition, il ne me reste rien qui me garantisse des mouvements violents de mon cœur ; je le sens affligé, blessé, et tout prêt, par désespoir, à se dévouer pour une opinion politique et à me dicter des écrits dans l’intérêt d’une sublime forme de gouvernement que je vous détaillerai...

— Dieu du ciel et de la terre ! s’écria le Docteur Noir en se levant tout à coup, voyez jusqu’à quel degré d’extravagance les Diables bleus et le désespoir peuvent entraîner un Poète ! »

Prêt, entièrement prêt, par pur désespoir, à rejoindre une opinion politique : voilà du romantisme, voilà la démarche de Mohamed Merah.

Évidemment, à notre époque, ce romantisme ne pouvait que s'affirmer « révolutionnaire », et dans sa nature idéaliste il a cherché un anti-capitalisme imaginaire.

Ces dernières années, ces démarches ont pullulé, avec plus ou moins de sincérité, avec plus ou moins de radicalité. Pèlerins du néant, fascistes, rebelles sans cause... Sans comprendre le romantisme, on ne peut pas les comprendre, eux et leur souffrance réelle allant de pair avec une compréhension imaginaire du monde et une démarche pratique anti-sociale criminelle.

C'est ce que nous avons expliqué dans l'article Sauvons le clair de lune du fascisme, ce romantisme dévoyé et assassin (Pourquoi il faut étudier le romantisme), voilà pourquoi nous avons réalisé une longue analyse du romantisme, sous tous ses aspects.

Publié sur notre ancien média: 
Rubriques: