31 mar 2012

Merah est-il « M le Maudit »?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Merah est un assassin et il a tué des enfants. Avant qu'il soit pris, un terrible sentiment était grandissant dans les masses: regardons cela.

Nous devons regarder cela pour comprendre ce phénomène social et comprendre ce que la mort Merah signifie pour les masses. Pour cela, regardons une importante production culturelle.

« M le Maudit », un film allemand réalisé par Fritz Lang, est ce qu'on appelle un « classique. » Il est très célèbre et très respecté, même si l'arrière-plan est clairement idéologique.

Sa première date de 1931, son scénario est de fait célèbre: un tueur en série crée une atmosphère terrible dans la plèbe d'une grande ville allemande, en tuant des enfants. Les nerfs sont en souffrance.

Nous avons ici une production culturelle importante, car elle est typiquement allemande de cette période, comme elle mélange:

- des aspects idéologiques français: le naturalisme, l'impressionnisme, la fascination pour la psychologie et la foule (comme « plèbe » qui peut être plus ou moins facile manipuler) ;

- des aspects idéologiques anglais et allemand: le romantisme, le symbolisme, la fascination de l'art nouveau pour les « nerfs. »

« M le Maudit » est ainsi un film fasciste, comme Metropolis ; il montre comment le réalisme bourgeois est devenu décadent, se transformant en naturalisme, en culte de la psychologie et avec cela fusionnant avec le romantisme aristocratique – mystique et le symbolisme.

Comment cela nous aide-t-il à comprendre Mohamed Merah et son impact?

Dans « M le Maudit », la ville est composée d'un plèbe qui perd les nerfs, alors que la police représente l'Etat moral. Néanmoins, dans un scénario baroque, les lumpen sont au milieu du mouvement pour attraper le tueur, avec les mendiants organisés par les criminels pour le trouver.

La société est représentée comme ayant un double visage: celle ouverte avec la plèbe, contrôlée par la police, qui est particulièrement rigide et efficace, et une société souterraine qui est présentée comme très bien organisée également, mais sans morale apparemment. Une conception typiquement nazie: « M le Maudit » a été écrit non seulement par Fritz Lang, mais aussi par sa femme Thea von Harbou (qui a par la suite soutenu le parti nazi).

Mais c'est aussi la conception de la société qu'ont les médias. La société ouverte reconnaît ouvertement qu'existe un monde souterrain plein de personnes « étranges » pratiquant la criminalité, différentes activités illégales, etc

Mohamed Merah, en tant que fils d'immigrés et vivant dans une banlieue, pratiquant différentes activités criminelles comme le vol, était une composante de cette « société souterraine. »

Cela aide la « république » - la société en surface - à le rejeter comme un « sous » élément, et à expliquer que l'antisémitisme ne vient pas de la société, mais était l'expression d'un esprit criminel, un esprit « malade. »

Malade comme le meurtrier de « M le Maudit », qui est même jugée par les criminels à la fin du film, et qui apparaît simplement comme « malade », comme étant mu par une sorte de « force étrange » que le possède (le concept a également été utilisé dans les films de Fritz Lang sur le « Docteur Mabuse » - Mabuse étant une référence à « m'abuse » en français).

Le meurtrier est ainsi quelqu'un venant de l'extérieur de la société et la force le mettant en branle est elle-même venant de « l'extérieur » de lui. Il s'agit d'un mouvement mettant à « l'extérieur » toute responsabilité, préservant la société capitaliste de toute critique.

Mais Merah n'est pas « M le Maudit » il n'y a pas de « M le Maudit. » La folie n'existe pas selon le matérialisme dialectique: une pensée « étrange » est toujours le résultat d'un processus matériel, un produit de la société et de la nature.

Comme Hegel l'a formulé, ce qui est rationnel est réel et ce qui est réel est rationnel. Les tueurs, les nazis, les racistes, les génocides, etc. sont le produit de la réalité. Les personnes folles ne sont pas nés folles, elles ont été choquées par la société, le trouble de l'esprit est toujours le reflet d'un processus social-naturel.

Cet aspect social ne peut PAS être compris par la bourgeoisie. Parce que cette classe est en décadence et ne peut plus penser (ce qui est la raison pour laquelle aucune « conspiration » n'est possible).

Ainsi, dans « M le Maudit », le meurtrier est jugé par les criminels, qui le considèrent d'une manière nazie. Le meurtrier est considéré comme non humaine, comme un « animal », qui doit être éliminé.

En faisant cela, les criminels rejetent le fait qu'il s'agit d'un produit de la société, comme eux. Et le film favorise de cette façon l'appel génocidaire à balayer les éléments « anti-sociaux » venant de l'extérieur de la société.

C'est pour cette raison que l’État français a voulu que le corps mort aille en Algérie pour y être enterré, et pourquoi l'Algérie a refusé. Personne ne veut avoir un élément anti-social venant de « l'extérieur. » Il s'agit clairement d'une conception génocidaire anti-humaniste des deux États.

Bien sûr, un État socialiste aurait appliqué la peine de mort. Mais Merah serait considéré comme un produit social, un reflet de quelque chose qui va mal dans la société. L'exécution de Merah ne serait qu'une première étape pour l’État socialiste, dans la lutte idéologique et culturelle.

Parce qu'il n'y a pas de « M le Maudit », il n'y a pas de monstre. Tout est un produit de la matière en mouvement, et la révolution socialiste est nécessaire pour que la matière se meuve dans la bonne direction. Et la naissance de Merah en tant que protagoniste réactionnaire est une expression claire de la nature de la société capitaliste décadente française.

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