1 avr 2012

Toulouse : une action djihadiste conforme à l'idéologie et la doctrine militaire islamistes

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le meurtre d'enfants juifs ne représente pas une « folie » et Mohamed Merah n'a pas été « manipulé. » Une preuve évidente de cela est la conformité parfaite de son action avec l'idéologie et la doctrine militaire islamistes.

Voyons précisément de quoi il en retourne, à la lumière du matérialisme dialectique.

La doctrine militaire du « Djihad » est le fruit d'une longue élaboration idéologique née au sein de la religion, dans le courant appelé le « salafisme. »

C'est là que le « Djihad » puise son identité, dans une double bataille. Voici les présupposés de la conception du Dhihad, et l'explication selon le matérialisme dialectique.

1.La conception de départ est que l'Islam serait rentré dans une période de décadence, comme en témoignerait sa faiblesse aux influences « mécréantes ».

C'est là bien entendu l'expression de la pénétration de l'impérialisme dans les pays caractérisés par une domination religieuse islamique, au moment du colonialisme, au 19ème siècle. C'est à cette époque qu'il y a le « renouveau » idéologique de l'Islam pour faire face aux nouveaux « défis » pour la religion (les historiens parlent de la « Nadha », la « renaissance » islamique au 19ème siècle).

2.Pour faire face à cette décadence, il faudrait rejeter toute innovation. Le terme d'innovation fait partie du vocabulaire religieux islamique, la tradition rejetant toute innovation comme par définition blâmable, selon le dire du prophète (le « hadith ») : « Les pires d'entre les choses sont celles nouvellement créées, et toute innovation, est erreur. »

L'islamisme est conservateur, il tente de maintenir la domination féodale à l'encontre de la pénétration impérialiste, en mobilisant les masses au nom de la religion. Il n'a pas de dimension social-révolutionnaire.

3.Refuser toute innovation signifie en revenir à une compréhension littérale du Coran ainsi que des dires du prophète (les hadiths). Il n'y a pas d'interprétation possible ni souhaitable. Il n'y a pas de tradition « cachée » au sein des textes, contrairement à l'interprétation chiite ou soufie. A Ali, genre du prophète et représentant traditionnel de l'étude du sens « caché » des textes, est opposé à la figure d'Abraham en tant que représentant de la Loi.

C'est de fait une attaque directe contre Averroès, sans même le savoir qui plus est. Un Averroès pourtant déjà vaincu dans le monde arabo-persan alors qu'il permettra l'éclosion de la Renaissance en Europe. Mais un Averroès qui revient par la modernité.

Pour l'islamisme, il s'agit par conséquent d'à nouveau réfuter la science et la possibilité d'une source de la connaissance autre que religieuse. Ce qui compte c'est la religion et la loi, donc surtout le clergé : on reconnaît la logique féodale.

4.Le modèle de société serait celle des premiers siècles de l'Islam, appelé « salaf. »

On a ici la même chose qu'avec le romantisme européen, idéologie de la restauration monarchiste : le modèle est dans le passé, formant un idéal de pureté où le « trouble » individuel n'existait pas, chacun étant à sa place.

5.Les salafis – ceux qui suivent le salaf – ont le droit de rejeter des musulmans passés selon eux dans la « mécréance » (c'est le principe du takfir).Ils doivent mener le Djihad contre ces ennemis internes à l'Islam.

C'est là la spécificité djihadiste par rapport aux courants salafistes non engagés dans la lutte armée. Le djihadisme a une dimension urgentiste.

6.Les salafis devraient également, dans une perspective radicalisée, défendre la Ummah, la « communauté islamique. » Le Djihad est ici extérieur, consistant en des représailles aux pénétrations ennemies.

On a ici très exactement la clef pour comprendre l'action de Mohamed Merah. Dans tous les cas, les djihadistes considèrent que leur action n'est rien d'autre qu'une auto-défense, une réplique.

Le djihadisme n'a aucune dimension « offensive » ; il peut très bien prétendre « sincèrement » ne pas vouloir renverser le gouvernement ou les institutions.

Ainsi, il y a deux jours (vendredi), l'Etat bourgeois a arrêté 17 personnes considérées comme liées à Forsane Alizza (« Les Cavaliers de la Fierté »), un groupe salafiste. Le dirigeant de ce groupe peut très bien « sincèrement » expliquer que « l'instauration du califat en France n'a jamais été (l')objectif » tout en expliquant que « la lutte armée » serait un fruit inévitable de l'islamophobie.

Car les djihadistes ne sont pas révolutionnaires, ce sont des « conservateurs révolutionnaires » ; ils ne veulent pas renverser le régime, ils considèrent que celui-ci tomberait de fait de lui-même de par le progrès de l'Islam en tant qu'idéologie « naturelle » du monde entier.

Les vidéos saluant Mohamed Merah sont du même ton : Merah n'a fait que réagir aux attaques impérialistes et aux meurtres d'enfants provoqués par ces attaques. Il n'a fait que se défendre et surtout défendre l'Ummah, la communauté.

Tout est finalement résumé dans ce qu'on pouvait lire sur un mur de Tarbes :

« Tu as été un preux Chevalier de l'Islam

Tu as combattu la merde sionniste et les faux musulmans

tu es mort les armes à la main...

Je te salie Mohamed mon frère, mon ami...

Repose en paix ! »

C'est là en effet très exactement l'idéologie salafiste djihadiste : Merah est une victime, quelqu'un qui n'a fait que se sacrifier pour « protéger » la communauté. Voilà pourquoi il y a eu, dans certains lycées, un refus de la part de jeunes d'accepter la minute de silence pour les victimes.

Car selon l'idéologie salafiste djihadiste, les véritables victimes sont celles du « sionisme » et du « faux Islam » - il y a ici un véritable « moteur » anti-capitaliste romantique.

L'antisémitisme est ici par conséquent bien sûr un élément anti-capitaliste romantique essentiel : les masses étant opprimées par le capitalisme, le salafisme interprète le monde de manière biaisée et accuse les « Juifs » d'être les exploiteurs.

On croit donc rêver, quand on voit répondre au Figaro Dominique Thomas, « spécialiste de l'islam radical et chercheur à l'Ehess » :

LE FIGARO.- Y a-t-il un risque salafiste en France?

Dominique THOMAS.- Le salafisme, tel qu'il est pratiqué en France n'est pas un danger pour la société. En effet, les musulmans qui se sont radicalisés jusqu'à la violence sont très peu passés par les cercles de ces prédicateurs salafistes. En tant que tel, le salafisme rejette la violence politique. Certes, la mouvance al-Qaida et les djihadistes se recommandent du salafisme mais ce n'est pas le même salafisme que celui de ces prédicateurs.

(...)

En quoi les quatre prédicateurs interdits de séjour ne seraient-ils pas dangereux? Ils sont explicitement antisémites…

Ils ont une vision conservatrice de la société qui peut se révéler difficilement compatible avec les valeurs de la société française. Quant à l'antisémitisme, il faut bien comprendre que ces prédicateurs s'inscrivent dans un contexte arabe dominé par la problématique du conflit israélo-palestinien. Ils surfent sur cette vague pour mobiliser. Ils se solidarisent, par devoir, avec le combat des populations palestiniennes. Tant que cet abcès ne sera pas crevé, ce risque de débordement sera présent.

Cela est totalement faux et on voit qu'en fait Dominique Thomas reprend directement les arguments des salafistes djihadistes eux-mêmes ! Ce pseudo spécialiste les prend juste au pied de la lettre, et n'est même pas capable de reconnaître leur antisémitisme acharné!

Ainsi donc, Merah n'est pas du tout une anomalie. Il n'a pas du tout eu besoin d'être manipulé.

Sa logique est simple : il a directement repris les principes du salafisme djihadiste. Criminelles, ses actions n'en sont pas moins parfaitement logiques : elles visaient le « sionisme de merde et les faux musulmans » sous la forme de représailles, de manière parfaitement conforme à l'islamisme dans sa forme salafiste djihadiste.

Ne pas voir cela, c'est nier l'islamisme comme idéologie structurée et ayant un important écho dans certains secteurs de masse ; c'est ne pas avoir de ligne de masses, car la confrontation avec ce courant est inévitable pour quiconque a milité dans le peuple. On ne peut pas travailler dans les masses sans avoir fait l'expérience de ce genre de discours anti-capitaliste romantique.

Finalement, ici rien n'a changé depuis le début des années 2000 et la loi sur le foulard à l'école. Dans l'article Il y a trois ans était adoptée la loi raciste contre le foulard religieux, datant de 2004, nous constations déjà le rôle sinistre des anarcho-trotskystes:

« Il y a trois ans de cela, l'Etat bourgeois a mis en place une loi, et cette simple loi a anéanti toutes les positions révolutionnaires de l'extrême-gauche.

Les anarchistes, qui luttent pour l'abolition de tout Etat, ont salué l'initiative mettant en place cette loi. Les trotskystes, qui prétendent être les disciples de Lénine, ont soutenu cette loi, mise en place par un Etat impérialiste.

On est ainsi revenu à avant Karl Marx, à avant la conception révolutionnaire affirmant qu'il n'y a pas d'histoire de la « politique », du « droit », de la « science », de la « religion »... Car l'histoire est l'histoire de la lutte des classes!

On est ainsi arrivé à un point où l'extrême-gauche ne cherche même plus à représenter les masses populaires, tellement elle est rentrée dans le jeu des débats politiques bourgeois (...).

Surtout que rien ne dépasse! Du foulard à l'école aux émeutes de quartier, des violences contre la police aux revendications révolutionnaires! Rien ne doit venir troubler la quiétude et le « débat démocratique »! Tout cela n'est qu'une vaste mascarade, qui pave la voie au fascisme. »

A l'époque, notre média d'alors, Contre-Informations, soulignait déjà que soutenir l'Etat c'est faire son jeu poussant aux divisions communautaristes, à sa ligne de diviser pour régner.

En soutenant ouvertement l'Etat bourgeois, l'extrême-gauche a aidé cette manoeuvre et renforcé d'autant ce qu'elle prétendait combattre: le salafisme qui a eu beau jeu par la suite de présenter la « communauté » comme assiégée!

On voit là l'impact terrible du refus d'avoir une ligne démocratique antifasciste consistant simplement à comprendre que la laïcité républicaine n'était qu'un piège idéologique, une manoeuvre de l'Etat bourgeois pour obtenir une légitimation. 

L'extrême-gauche petite-bourgeoise n'a ainsi jamais pris l'islamisme au sérieux, s'imaginant toujours pouvoir récupérer les masses de manière « naturelle », alors qu'en réalité les salafistes menaient un véritable travail de fond dans certains secteurs de masse.

Le salafisme djihadiste est éminemment une forme de fascisme, un fondamentalisme prônant la « régénération. »

Et le fascisme ne peut être vaincu que si culturellement et idéologiquement on lui est supérieur. Concernant le salafisme djihadiste, l'extrême-gauche n'a même pas cherché cela et simplement déserté le terrain en soutenant la répression d’État dans les écoles.

De la même manière mais inversement, d'autres ont basculé dans la fascination dans l'Islam, religion « révolutionnaire », de « résistance » avec le Hizbollah, le Hamas, les Talibans, etc.

Une compréhension de l'Islam comme « résistance » qui est directement celle qu'a le salafisme djihadiste de lui-même et qui aura aidé celui-ci à se renforcer ! 

Tout cela est une preuve très nette que sans Parti prolétarien et idéologie conséquente allant avec la nature de ce Parti, l'échec dans la lutte des classes est évident. Quand on voit la complexité de tels phénomènes, on se doute que le spontanéisme et le syndicalisme ne mènent à rien. Face à l'Etat bourgeois et au fascisme, seule l'avant-garde indique la juste voie: tel est le besoin historique en France que nous avons du PCMLM.

 

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