13 avr 2012

Daniel Cohn-Bendit liquide l'esprit révolutionnaire du 22 mars 1968 en rejoignant le conseil d'administration de Nanterre

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Début avril, Daniel Cohn-Bendit a été désigné comme membre du conseil d'administration de l'Université de Nanterre, en tant que « personnalité extérieure ». C'est une initiative du nouveau président, Jean-François Balaudé, qui considère que « Mai 68 » est « enraciné dans l'histoire de notre université qui est d'ailleurs connue dans le monde entier grâce à lui » et que « cela fait partie de notre identité ».

La portée politique de cette nomination est très forte, car c'est tout l’esprit révolutionnaire qui à émergé à Nanterre à la fin des années 60 qui est ainsi liquidé, complètement torpillé. Daniel Cohn-Bendi rejoint finalement ses pires ennemis de l'époque et finit de boucler la boucle de l’absorption de mai 68 par la société capitaliste.

 

 

 

 

Bien sur, cela fait longtemps que Daniel Cohn-Bendit est clair sur le fait qu'il est maintenant favorable au mode de production capitaliste, qu'il est pour «  une écologie qui prenne acte de l'économie de marché pour mieux la réguler », qu'il marche au sein des institutions bourgeoises. 

 

Mais il est une figure du mouvement étudiant de mai-juin 1968, et précisément du mouvement étudiant de la faculté de Nanterre qui a en quelque sorte déclenché la vague de contestation. 

 

Le mouvement étudiant de Nanterre était porteur d'un esprit révolutionnaire, il a été à l'avant-garde dans un contexte de révolte culturelle contre la France gaulliste.

 

Daniel Cohn-Bendit était membre du mouvement du 22 mars, une sorte de magma « gauchiste » regroupant des étudiants plus ou moins anarchistes, situationnistes, maoïstes ou trotskistes qui menaient une activité politique intense. 

 

A ce moment là, le soutien à la lutte anti-impérialiste du peuple vietnamien était très importante à Nanterre, ce qui a d’ailleurs donné lieu à plusieurs attaques fascistes.

 

 

Le mouvement du 22 mars s'est formé lors de l'occupation du bâtiment administratif de l'université, après que deux responsables du Comité Vietnam national se soient fait arrêter pour le saccage d'une agence American Express pendant une manifestation « pour la victoire du peuple vietnamien contre l'impérialisme américain ».

 

L'occupation de ce bâtiment administratif - la salle du conseil d'administration en fait - avait une portée forte, c'était un affront total à l'autorité de la bourgeoisie, c'était pour ainsi dire un acte qui avait une portée révolutionnaire. 

 

Ce qui prévalait à Nanterre à ce moment là, c'était une remise en cause générale des formes de l'enseignement et de la vie dans l'université.

 

Un slogan tagué lors de l'occupation du 22 mars disait ainsi – résumant bien l'esprit de l'époque :

 

"Professeurs, vous êtes vieux... votre culture aussi"

Mais au delà de l'esprit de lutte contre les mandarins (le terme « mandarin » désigne les professeurs et leur savoir borné enseigné dans les cours magistraux, c'est une référence péjorative aux fonctionnaires de l'ancien Empire chinois), il y avait une remise en cause générale de la vie dans le monde capitaliste et des normes bourgeoises. 

 

 

Une des grandes cause des étudiants de Nanterre était que les jeunes hommes puissent circuler dans les résidences universitaires reversés aux filles. Les normes conservatrices de la vieille société étaient remises en cause au nom de libération sexuelle : c'était une insurrection du mouvement de la vie contre la société capitaliste moribonde et figée dans le passé.

 

Daniel Cohn-Bendit était connue pour être actif sur cette question, on lui prête souvent d'avoir rétorqué à l'auteur d'un rapport sur la jeunesse à l'époque :  « 400 pages sur la jeunesse, et pas un mot sur la sexualité !»

 

Dans un esprit typique des gauchistes de Nanterre, Daniel Cohn-Bendit aurait aussi répondu devant un conseil de discipline qui lui reprochait d'avoir accédé à la résidence réservée aux filles en 1967 :

- Le 22 mars (1967), vous étiez à la faculté ?

- Non, je n'étais pas à la faculté.

- Où étiez-vous ? 

- J'étais chez moi.

- Et que faisiez-vous chez vous à 3h de l'après-midi ?

- Je faisais l'amour, M. le président, ça ne vous est sûrement jamais arrivé.

 

Le 3 mai 1968, une grande grève était organisée par les groupes d’extrême gauche pour protester contre l'expulsion de Daniel Cohn-Bendit, l'un des principaux noms d'une fameuse « liste noire » d'étudiants qui circulait chez les professeurs. 

 

C'est cela qui donna lieu ensuite à l'occupation de la cour de la Sorbonne et l'intervention policière qui suivra, qui sont considérés comme déclencheurs de « Mai 68 ».

 

L'eau a coulé sous les ponts de la Seine depuis mai 1968 et l'esprit révolutionnaire du mouvement du 22 mars de Nanterre a bien reculé.

 

L'explosion qui a eu lieu face poids énorme la réaction a fini par se dissiper et être intégré par le capitalisme français pour se moderniser. Car si Jean-François Balaudé fait une grosse opération symbolique en intégrant Cohn-Bendit au conseil d'administration de Nanterre, il explique bien que « c'est surtout l'image positive et internationale de M. Cohn-Bendit qui importe, car je compte sur lui pour nous aider à développer nos partenariats européens ».

 

Daniel Cohn-Bendit est maintenant un « vieux » lui aussi, non pas par son âge (car cela est sans importance), mais par son attitude qui consiste à se mettre totalement au service du monde capitaliste tel qu'il est – et qui n'a pas fondamentalement changé depuis 1968.

 

« Danny le rouge » n'a jamais été un rouge, il a toujours été un petit-bourgeois anarchiste qui voulait casser les normes de manière individualiste et anti-communiste. Mais il était porté par une époque, par un mouvement de masse qui poussait vers la révolution culturelle. 

 

Daniel Cohn-Bendit a réussi, il voulait « baiser » librement, il  a « baisé » et s'est donc intégré. Mais le monde ne tourne pas mieux pour autant et les masses populaires continuent à subir – de plus en plus avec la crise - la pression culturelle de la bourgeoisie.

 

La pornographie et la décadence dans les rapports sexuels et amoureux se sont généralisés d'un côté – comme déviation libérale-bourgeoise de mai 68 – et dans le même temps la misère sexuelle est resté une réalité toujours aussi brutale pour une importante partie des masses populaires.

 

Aujourd'hui la religion revient en force en France, avec l'Islam entre autre, comme fausse contestation du libéralisme bourgeois et comme une solution réactionnaire à la dureté des relations produite par la société capitaliste. 

 

L'université de Nanterre pour sa part, est en quelque sorte retournée dans les années 1960, il n'y a plus d'esprit révolutionnaire authentique, qu'un folklore gauchiste qui se maintient à peine à coté de la masse étudiante qui essayent de s'accrocher à des diplômes pour fuir la crise.

 

C'est en fait toute la France qui est amorphe, surtout en cette morne période électorale, avec une classe ouvrière qui – en l'absence d'une culture subversive – est totalement endormie par le ron-ron syndicaliste, le football ou les smartphones.

 

Mais le soleil se lève toujours et la nuit annonce des nouveaux matins : une nouvelle révolution culturelle bouleversera totalement les vieilles normes bourgeoises !

 

Cependant, seule une adéquation parfaite entre les forces politiques communistes et le mouvement de masse, c'est à dire un parti Communiste authentique capable de synthétiser la contre-culture et d'organiser la discipline révolutionnaire, permettra d’empêcher des nouveaux Daniel Cohn-Bendit de trahir le peuple pour servir la bourgeoisie !

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