17 juin 2012

Le Capital de Marx – 2. Le travail, expression du rapport initial entre l'humanité et la nature

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Lénine a dit que "la théorie de Marx est toute puissante, car elle est vrai". Ce que cela signifie, c'est que le matérialisme dialectique n'est pas une simple méthode d'analyse juste, mais il est une vérité scientifique, un fait établi.

 
La démarche scientifique ce n'est pas que l'application d'une méthode d'analyse, c'est la reconnaissance de lois fondamentales. Grâce à Karl Marx et Friedrich Engels on comprend que la loi de l'unité des contraires est la loi fondamentale qui régit le mouvement de la Nature.
 
Marx n'a pas choisi arbitrairement d'analyser le Capital, tel un scientifique bourgeois faisant une thèse dans son domaine de prédilection. Marx part de l'étude et la compréhension scientifique du monde, de la nature. Puis il se consacre à l'étude des mouvements du Capital, car il a saisi que c'était fondamental pour faire avancer la société. Pour Marx, l'existence du mode de production capitaliste n'est pas un choix subjectif de l'Humanité – c'est une réalité matérielle, un développement particulier de la matière qu'il faut étudier, au même titre que n'importe qu'elle autre réalité matérielle.
 
Pour lui, «le développement de la formation économique de la société est assimilable à la marche de la Nature et à son Histoire».
 
Ce qui est principal dans le Capital, c'est la compréhension de la loi de la valeur. Mais pour arriver à  cela, Marx doit partir de la compréhension de la Nature, ou plus précisément de la contradiction entre l'Humanité et la Nature.
 
Voyons cela avec cet extrait du premier chapitre du Livre 1 :
 
« Mais toile ou habit, n'importe quel élément de la richesse matérielle non fourni par la nature, a toujours dû son existence à un travail productif spécial ayant pour but d'approprier des matières naturelles à des besoins humains. En tant qu'il produit des valeurs d'usage, qu'il est utile, le travail, indépendamment de toute forme de société, est la condition indispensable de l'existence de l'être humain, une nécessité éternelle, le médiateur de la circulation matérielle entre la nature et l'humanité.
 
Les valeurs d'usage, toile, habit, etc., c'est-à-dire les corps des marchandises, sont des combinaisons de deux éléments, matière et travail. Si l'on en soustrait la somme totale des divers travaux utiles qu'ils recèlent, il reste toujours un résidu matériel, un quelque chose fourni par la nature et qui ne doit rien à l'être humain.
 
L'être humain ne peut point procéder autrement que la nature elle-même, c’est-à-dire il ne fait que changer la forme des matières [note]. Bien plus, dans cette œuvre de simple transformation, il est encore constamment soutenu par des forces naturelles. Le travail n'est donc pas l'unique source des valeurs d'usage qu'il produit, de la richesse matérielle. Il en est le père, et la terre, la mère, comme dit William Petty.
 
[Note : « Tous les phénomènes de l'univers, qu'ils émanent de l'homme ou des lois générales de la nature, ne nous donnent pas l'idée de création réelle, mais seulement d'une modification de la matière. Réunir et séparer — voilà les seuls éléments que l'esprit humain saisisse en analysant l'idée de la reproduction.
 
C'est aussi bien une reproduction de valeur (valeur d'usage, bien qu'ici Verri, dans sa polémique contre les physiocrates, ne sache pas lui-même de quelle sorte de valeur il parle) et de richesse, que la terre, l'air et l'eau se transforment en grain, ou que la main de l'homme convertisse la glutine d'un insecte en soie, ou lorsque des pièces de métal s'organisent par un arrangement de leurs atomes. » (Pietro VERRI, Meditazioni sulla Economia politica, imprimé pour la première fois en 1773, Edition des économistes italiens de Custodi, Parte moderna, 1804, t. xv, p. 21-22.)] »
 
On a ici un élément essentiel pour la compréhension de la loi de la valeur : Marx définit ce qu'est le travail ( nous verrons bientôt que la compréhension de ce qu'est le travail est essentiel ).
 
Pour Marx, le travail est le médiateur de la circulation matérielle entre la Nature et l'Humanité
 
C'est très simple, cela signifie que par le travail, l'Humanité transforme la Nature, modifie la matière.
 
Mais encore plus précisément, le travail est pour la Nature le moyen de se transformer par le biais de l'Humanité ; il est pour la matière une façon de se modifier par l'activité humaine.
 
Cela est plus précis de présenter les choses ainsi, c'est ce qu'a voulu signifier Marx en disant que :
 
« L'être humain ne peut point procéder autrement que la nature elle-même, c’est-à-dire il ne fait que changer la forme des matières. Bien plus, dans cette œuvre de simple transformation, il est encore constamment soutenu par des forces naturelles. »
 
Dans la Nature, la matière change constamment de forme. Elle est en mouvement perpétuel. Le travail n'est qu'une des formes du mouvement de la matière. Il ne diffère pas en tant que tel du reste de mouvement de la matière : la formation des premières molécules d'hydrogène, la symbiose bactérielle produisant les cellules vivantes, l'évolution des espèces animales, etc.
 
Ce sont donc les même lois qui régissent le tout ; c'est la même science qui permet de comprendre l'ensemble du mouvement de la matière : le matérialisme dialectique. Pour saisir les mouvements du Capital, il faut comprendre le matérialisme dialectique.
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