1 sep 2014

Université d'été du Parti socialiste : social-libéral, social-démocrate, socialiste ?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Très très emmerdée, voilà ce qu'est la gauche du Parti Socialiste, dont l'université d'étét vient de se terminer à La Rochelle. Pourquoi ? Pas seulement parce que le premier ministre Manuel Valls penche carrément vers le libéralisme. Le fond du problème est que cela appelle à des définitions, ce que le Parti Socialiste a toujours évité jusque-là.

Jean-Christophe Cambadélis , ancien cadre trotskyste ayant rejoint le Parti Socialiste dont il est désormais le sécrétaire, a affirmé hier soir dans l'émission BFM Politique/Le Point/RMC plusieurs choses importantes à ses yeux :

« Le Parti Socialiste ne sera pas social-libéral. C'est clair et net. »

« Quand on est social-libéral on déverrouille les 35 heures, quand on est social-démocrate, on garde les acquis sociaux, même si on veut les moderniser ici ou là, donc c'est pas tout à fait la même chose. »

Lien vers le dossier intitulé La Social-démocratie (1883-1914)On a ici affaire à deux expressions : social-libéral qui est relativement récente, et social-démocrate. Il faut en fait ajouter également le terme « socialiste ».

Regardons maintenant ce que ces mots veulent dire. A la base, le terme de social-démocrate désigne les partisans du marxisme en Allemagne et en Autriche, ainsi qu'en Bohême-Moravie, c'est-à-dire des partis fondés sur l'idéologie marxiste, ayant comme objectif le socialisme, la dictature du prolétariat, s'appuyant sur un syndicat très puissant et se présentant aux élections pour développer sa propagande.

Le mouvement va connaître un processus de corruption, aussi certains sociaux-démocrates vont-ils employer l'expression « social-démocrate révolutionnaire », notamment en Russie avec Lénine. Après la révolution russe, c'est le terme de communiste qui sera employé par cette ligne rouge, le terme de social-démocrate restant à « l'ancienne maison ».

Le problème est que cette « ancienne maison » n'a jamais existé en France. La social-démocratie française a historiquement utilisé le terme « socialiste » et pas social-démocrate, et qui plus est elle n'a jamais été unie, existant toujours à travers plusieurs fractions, toutes par ailleurs rejettant le marxisme, unies dans la Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO).

Donc, ce que signifie « socialiste » n'a jamais été défini, à part que c'est quelqu'un voulant le « socialisme ». Par là il faut entendre la socialisation des moyens de production, c'est en tout cas le point de vue de Léon Blum dans les années 1930. Mais cela ne va pas plus loin et François Mitterrand en 1969 a pu ainsi refonder un Parti Socialiste unissant des gens aux opinions diverses, luttant pour un « socialisme » entendant « rompre avec le capitalisme » sans que l'on sache ni comment ni pour quoi faire.

Le résultat a été un réformisme gestionnaire très proche finalement du « néo-socialisme » planiste des années 1930 – une tendance fascisante voire fasciste regroupant un tiers des socialistes de l'époque.

Être « socialiste », c'est ici s'intégrer à l'appareil d'Etat, proposer des plans pour redresser l'économie que le capitalisme ne sait pas gérer, pour inciter à telle ou telle évolution économique, nationaliser le cas échéant pour mieux organiser l'économie capitaliste, renforcer la dimension sociale également pour appuyer la consommation, etc.

Cela n'a rien à voir avec la tradition social-démocrate historique... Que la France n'a de toutes façon pas connu, à part sans doute avec le Parti « Communiste » français des années 1960-1980.

D'où le problème de la gauche du Parti Socialiste. Manuel Valls, Ségolène Royal, François Hollande... sont des technocrates en cohérence avec l'évolution historique du Parti Socialiste. D'ailleurs, dans ce parti, l'idéologie a le plus souvent disparu.

Un blog de Libération, intitulé Bobines, a d'ailleurs publié une photo de deux membres du Parti Socialiste, en indiquant en légende :

« Samira et Martin - La Rochelle
Ils sont venus du Pas de Calais avec leur campagne de communication pour les prochaines elections, leur probleme à eux  disent-ils, c'est de sortir de cette spirale electorale, le bla bla des courants, ça ne les interesse pas trop. »

Léon Blum et Jean Jaurès doivent se retourner dans leur tombe : les débats politiques, la base même du Parti Socialiste, sont réduits à un « bla bla » inintéressant ! Toute l'histoire du Parti Socialiste tombe à l'eau !

Alors qu'en plus, le niveau de ces courants est pathétique sur le plan idéologique ! Cela en dit long sur la France !

Mais il y a pire. Car Samira et Martin sont de de la section d’Hénin-Beaumont du Parti Socialiste, marquée par une corruption terrible, un maire condamné, la section placée sous tutelle, etc. On a donc fait gagner à Samira... le « concours de selfies », comme symbole de la reconquête des masses par le Parti Socialiste.

Elle a même reçu son prix par Manuel Valls , Claude Bartoloneet Jean-Christophe Cambadélis...

Mais qu'est-ce que Hénin-Beaumont, sinon la symbole de la trahison de la classe ouvrière par le Parti Socialiste ? Voici à titre parlant ce que dit la page Facebook de la section (qui n'a pas de site). Outre de n'être pas à jour – à partir de juin ce sont les vacances donc finie l'activité – on a une grande photo du président François Hollande comme accueil.

A cela s'ajoute une présentation ouvertement réformiste tentant, de manière démagogique et pathétique, d'apparaître radical :

« À propos
Page officielle des militants socialistes d'Hénin-Beaumont
Activités
Page officielle des militants socialistes d'Hénin-Beaumont en opposition avec les magouilles du PS 62.

« Être socialiste, c’est ne pas se satisfaire du monde tel qu’il est, c’est vouloir changer la société. L’idée socialiste relève, à la fois, d’une révolte contre les injustices et du combat pour une vie meilleure. Le but de l’action socialiste est l’émancipation complète de la personne humaine. »

A Hénin-Beaumont plus qu’ailleurs nos valeurs sont celles de la République: la Liberté, l’Egalité, la Fraternité, la Laïcité. Réformistes, nous entendons exercer les responsabilités de gouvernement, à tous les niveaux, afin de changer la société. Le Parti Socialiste veut contribuer à changer la vie en portant un projet de transformation sociale radical. »

C'est lamentable et une honte pour la classe ouvrière. C'est cependant le prix à payer pour l'opportunisme, pour avoir toléré voire soutenu un Parti qui au lieu de la lutte des classes, s'est vautrée dans la « lutte des places ».

Rien que l'appel de 200 des 289 parlementaires à soutenir François Hollande sur une ligne « ni godillots ni déloyaux » témoigne de l'absence de courage, de culture authentiquement social-démocrate historiquement... et tout cela aide totalement le Front National.

 

Rubriques: 
Resume page accueil: 
On a deux expressions : social-libéral qui est relativement récente, et social-démocrate. Il faut en fait ajouter également le terme « socialiste ». Regardons ce que ces mots veulent dire...