Une réforme de l'éducation nationale contre l'héritage et pour «l'autonomie»
Submitted by Anonyme (non vérifié)Difficile - impossible, même - de ne pas trouver Najat Vallaud-Belkacem insupportable, horripilante. Sa démagogie, son opportunisme, son carriérisme, tout la rend intolérable pour qui est progressiste.
On comprend bien qu'elle assume ouvertement d'être une marionnette se présentant comme une jeune d'origine populaire et immigrée, avec des valeurs de « gauche », pour en réalité faire passer le grand projet dans les cartons depuis 25 ans : le démantèlement de l'éducation nationale, la liquidation de l'héritage.
Il ne faut pas se leurrer : tout le monde politique dénonce, par opportunisme, la réforme des collèges, mais en même temps trouve le fond très bien, car enfin « l'autonomie » s'impose.
L'exemple des associations de parents d'élèves est ici très parlant : la FCPE, plutôt de gauche mais en fait totalement tenue par les petit-bourgeois, trouve la réforme très bien et la soutien officiellement ; alors que la PEEP, « apolitique » c'est-à-dire de plutôt de droite, se déclare « pas convaincue » mais en fait trouve qu'elle va dans le bon sens mais souhaiterait qu'elle aille plus loin dans « l'autonomie » et veut veiller à ce qu'elle soit réellement appliquée
Voici d'ailleurs une réponse très simple fournie à une question de Libération par Claude Berruer, secrétaire général adjoint de l’enseignement catholique (s'occupant par conséquent d'1/5 des jeunes allant à l'école, soit 2 millions d’élèves) :
« Pensez-vous que cette réforme, qui divise le pays, se traduise par une «fuite vers le privé» ?
Non, ce raisonnement n’a aucun sens. D’abord, parce que tous les représentants du privé, que ce soit les syndicats d’enseignants, de chefs d’établissement ou des parents, se sont prononcés favorablement à la réforme. Elle fait l’unanimité dans nos rangs, car elle correspond à ce que nous revendiquons depuis des années : laisser plus d’autonomie aux chefs d’établissement. Cette réforme, on va l’appliquer, et avec enthousiasme ! Pourquoi les réfractaires viendraient chez nous ? C’est absurde de penser cela. »
Cela fait des années que la décentralisation est prévue, que l'autogestion doit devenir le maître mot. Tout comme dans l'URSS social-impérialiste des années 1960 avec les entreprises, l’État fera en sorte de mettre en concurrence les collèges et les lycées, leur accordant leur propre gestion.
Afin de rendre cela possible, il faut cependant également réformer les programmes, en faisant sauter l'universalisme au profit de « packs ». Si sur lesmaterialistes.com, nous publions nos dossiers, c'est justement parce que nous avons compris que face à la décadence bourgeoise et son post-modernisme, il faut affirmer la connaissance, la science, donc à notre époque le matérialisme dialectique en tant que savoir total.
Nous affirmons qu'il faut assumer l'héritage national, dans sa réalité historique populaire et culturelle, dans ce qu'elle représente une élevation de la civilisation. C'est la tache de la classe ouvrière !
Cela va à l'opposé des intérêts de la bourgeoisie, qui elle ne voit les choses qu'en termes d'individu.
Dans le but d'ailleurs de réformer les programmes, l’État a mis en place en 2013 le « Conseil supérieur des programmes », qui a fourni il y a quelques semaines un projet qui devra être débattu à la mi-juin.
Tout ce qui est chronologie et mouvements culturels en est exclu. Ce qui compte, c'est un pragmatisme « adapté » à chaque individu, c'est-à-dire l'ultra-libéralisme. C'est le même principe qui veut qu'en dictée on ne doit plus noter négativement en enlevant des points avec les fautes, mais accorder de manière positive des points pour les erreurs évitées.
Le programme de français est ici éloquent, de par ses « thèmes » authentiquement individualistes qu'on retrouvera chaque année : « « Se chercher, se construire », « Vivre en société, participer à la société », « Regarder le monde, inventer des mondes », « Agir sur le monde ». »
C'est une manière individualiste d'aborder le monde, à travers des yeux « individuels », à partir d'un point de vue subjectif.
C'est là l'aboutissement de 40 ans de cours de philosophie célébrant le relativisme et la conscience individuelle à la René Descartes, de cours de français faisant l'éloge des post-modernes Louis-Ferdinand Céline, Samuel Beckett, etc., des cours d'histoire qui sont surtout l'apologie du libéralisme bourgeois anti-« totalitaire », des cours de mathématiques et de physique prétendant que le monde serait « en soi » mathématique.
En vérité, tout cela est surtout la preuve que le catholicisme a largement dominé idéologiquement en France ; la conception d'un Dieu ayant organisé « mathématiquement » le monde en accordant le « libre-arbitre » prévaut largement. Les franc-maçons ne disent pas le contraire, et c'est pourquoi leur « laïcité », finalement, se combine parfaitement avec l'existence d'un large secteur privé dans l'éducation.
Un secteur privé… payé par l’État pour ce qui concerne les professeurs, tout comme les « prépas » qui sont parfois d'ailleurs même directement étatiques. Là est le coeur de la question : l’État français est bourgeois et cela se lit parfaitement quand on voit son soutien aux « élites ».
Or, ces élites ont leur propre parcours, bien organisé, et par conséquent pour le reste de la population, il faut une éducation nationale répondant uniquement aux besoins du capitalisme en termes de formation.
La bourgeoisie n'est plus capable de prétendre qu'elle porte la culture, la civilisation. Elle est réduite à une position de gestionnaire. Elle n'a plus de moyens économiques, intellectuels, culturels. Elle précipite la société dans la barbarie.