2 nov 2015

Quelle a été la nature des émeutes de novembre 2005 ?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Il y a souvent un décalage entre quand il y a un mouvement de lutte et quand on est bien après. Le PCF devenu révisionniste a été farouchement contre mai 1968, aujourd'hui il tient un discours en sa faveur.

Au moment des émeutes de novembre 2005, on retrouve la même chose. A l'époque, le PCF devenu révisionniste n'a rien dit avant plusieurs jours, pour appeler finalement au calme. Aujourd'hui, il peut prétendre prendre une posture radicale : « la situation s’est aggravée » est-il dit. Mais s'il y a une révolte, on aura droit au même rejet…

C'est pour cela qu'il faut voir quelle est la position qui a été prise à l'époque par les uns et les autres. Si la position est cachée, si elle n'est pas remise en avant, alors c'est qu'il y a anguille sous roche.

De notre côté, les choses sont très claires, puisque nous avons pris position, que nous présentons aujourd'hui encore ces positions. Comme le résume le titre du document final à ce sujet, le mot d'ordre était celui de la lutte : « Continuons le processus enclenché, continuons à nous rebeller ! ».

Nous avons alors considéré que la révolte des banlieues était un moment de ce que nous appelons la « guerre populaire ».

Précisons ici d'ailleurs un point historique. Il n'y a historiquement que trois mouvements ayant parlé de guerre populaire dans les pays capitalistes. Le premier, c'est Fraction Armée Rouge en Allemagne de l'Ouest au début des années 1970, jusqu'au moment des arrestations de la « première génération ».

Le second, c'est le Mouvement Populaire Pérou, organisme généré par le Parti Communiste du Pérou pour le travail à l'étranger. Le PCP considérant la guerre populaire comme universelle, le MPP l'assumait dans ses positions.

Le troisième, c'est la revue Front Social dans les années 1990. Il faut ici être très clair sur cet aspect historique. Aujourd'hui, on peut trouver dans les pays occidentaux des mouvements se prétendant maoïstes et utilisant les termes de guerre populaire. Or, on peut voir deux choses : d'abord, qu'il s'agit de mouvements légalistes agissant à ciel ouvert et avec les mêmes méthodes que les trotskystes.

Ensuite, ces mêmes mouvements puisent leur histoire dans les années 1970-1980, où ces gens étaient alors absolument et complètement opposés à tout ce qui était illégalité. La revue Front Social, inversement, est allé au maoïsme en venant des milieux autonomes, des milieux « rupturistes ».

Un exemple parlant est le groupe « Drapeau Rouge » (utilisant également différents noms au fur et à mesure, entre autres Parti Communiste de France (maoïste), Parti Communiste Maoïste de France, Mouvement Révolutionnaire de la Jeunesse, la Cause du Peuple, Comité de Soutien à la Révolution au Népal, Comité de Soutien à la Révolution en Inde, Secours Rouge, Front Unitaire de Lutte de Classe, Front Révolutionnaire Anticapitaliste/Antifasciste Populaire, Bloc Rouge Unification des Maoïstes).

« Drapeau Rouge » était initialement farouchement opposé à la guerre populaire, rejetant la Gauche Prolétarienne et les autonomes de la fin des années 1970, pour changer de position afin d'avoir l'air « radical ». Tout cela est bien sûr ridicule et absolument vain. On ne passe pas d'une culture associative-syndicale à une idéologie révolutionnaire de cette manière.

Que dire quand on voit que « Drapeau Rouge » a soutenu la guerre populaire au Népal… au moment où les accords de paix avaient été signés ! Cela en dit long !

En ce qui nous concerne, nous avions rejeté le principe des accords de paix au Népal, au nom de la guerre populaire. Cette position ferme et juste permettait de comprendre de manière correcte la révolte de novembre en France.

Nous citions Lénine au sujet de la guerre des partisans ; nous constations :

« La « guerre populaire » n'est pas un concept inventé dans un livre et signifiant l'enrôlement des masses; c'est au contraire la généralisation du principe d'organisation des masses par elles-mêmes, masses dont les communistes sont les éléments les plus avancés.

La rébellion de novembre a montré que ceux qui rêvaient d'un grand soir tranquillement organisé par des syndicats défendaient une ligne petite-bourgeoise, et qu'ils n'ont rien compris aux principes essentiels de la lutte populaire, à sa nature même.

La révolte a été une rébellion qui possède la même nature que la guerre populaire. »

Dix ans après, cette analyse était-elle juste ? Oui, elle l'était. La révolte de novembre était une rébellion contre l'ordre dominant. Elle était portée par une fraction du peuple, de manière organisée et prolongée. Ce sont là les éléments substantiels de ce qu'est la guerre du peuple.

La guerre populaire n'est pas une guerre de nature populaire, mais la guerre du peuple lui-même. Il est évident que de par l'ampleur et la profondeur de la révolte de novembre 2005, on a une mobilisation du peuple tendant à un processus révolutionnaire.

C'était une pierre trop lourde pour être soulevée alors, mais c'est un moment évident du processus non linéaire qu'est la révolution socialiste dans notre pays. C'est un épisode de la lutte des classes en France, dont la substance est la guerre du peuple, la révolution socialiste.

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