Le Parti "Communiste" français (1978)
Submitted by Anonyme (non vérifié)[Document du 3 Congrès du PCMLF, 1978.]
Le Parti que dirige aujourd'hui Georges Marchais n'a plus rien de commun avec le Parti qui s'édifia à travers mille difficultés avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale, qui participa à la résistance armée contre l'occupation nazie, et même qui conduisit de grandes luttes de classe dans la période de mai 1947 à novembre 1952. Nous allons examiner successivement sa transformation sociale et idéologique, ses reniements théoriques, sa ligne et sa stratégie politiques, son projet étatique, sa place dans le Mouvement révisionniste international.
La mutation rapide du contenu social du Parti "communiste" français s'est effectuée en une dizaine d'années. Elle se caractérise par une baisse sensible du pourcentage des ouvriers présents dans ses rangs et par une augmentation des représentants des classes moyennes.
Dans un ouvrage publié fin 1976, l'historien révisionniste Elleinstein triture les chiffres pour essayer de dissimuler cette réalité, mais il est cependant contraint à quelques aveux. Considérant par exemple la situation de son Parti à Paris, il est obligé de reconnaître la validité des indications fournies par une étude de la Revue française de science politique, qui relève que le contenu social du PCF comporte 16% de professions libérales et cadres supérieurs, 25% de cadres moyens, 21% d'employés et seulement 16% d'ouvriers.
Elleinstein écrit alors : "Si nous comparons ces chiffres avec l'enquête de 1966, nous observons que le nombre d'ouvriers parait en diminution sensible... ", et il ajoute, pour éviter une conclusion trop grave: "... ce qui n'est pas forcément exact". Or, en 1966, les pourcentages des catégories sociales des membres du Parti "communiste" français de Paris étaient les suivants: ouvriers 61,1 %, employés 18,57%, ingénieurs et intellectuels 9%.
L'auteur révisionniste, utilisant d'autres statistiques en France, réussit en fin de compte à faire la double démonstration qu'il désire: il établit que le PCF est encore un parti ayant une base ouvrière. Pour cela, il utilise la répartition sociale des délégués au XXIIe Congrès de son parti.
Cela donne: 32,2% d'ouvriers et 3,5% de retraités issus de la classe ouvrière, soit 35,7% de délégués d'origine ouvrière. Il note au passage que "Parti d'ouvriers et de salariés, le PC est également un grand Parti d'enseignants". Il y en a en effet 16,3%, contre 4,85% en 1966. Il revient ensuite sur le cas de Paris et établit que 49% des délégués aux Conférences de section n'appartenaient pas à un milieu social ouvrier. Il y a dans ces 49%, 12% d'ingénieurs et techniciens et 13% de cadres administratifs supérieurs ou moyens et de professions libérales.
Voici donc une première constatation importante pour notre analyse.
Le Parti communiste français voit diminuer sensiblement sa base ouvrière et augmenter aussi sensiblement, quoique dans une proportion moins forte, son recrutement dans les classes moyennes. Toutefois, nous prendrions nos désirs pour des réalités si nous estimions qu'il n'est plus un parti conservant une influence importante dans la classe ouvrière. Il reste en effet la formation politique française qui compte encore dans ses rangs le plus grand nombre d'ouvriers. Dans une autre manipulation des chiffres, une étude publiée de manière plus officielle que celle d'Ellenstein, dans le numéro 1 des Cahier du communisme de 1976, parvenait à prétendre qu'il y avait encore 60,9% d'ouvriers dans le PCF en 1974. Mais ces chiffres-là étaient véritablement trop beaux. pour correspondre à la réalité, et nous ne les avons pas retenus.
Une seconde constatation s'impose : les adhérents actuels du PCF lui ont accordé leur adhésion à raison de 61,29% d'entre eux. depuis 1968 et de 82,89% depuis 1958, c'est à dire postérieurement au XXe Congrès révisionniste khrouchtchévien. Il faudrait encore connaître avec précision le pourcentage correspondant aux deux. années 1956 et 1957, et l'on se rendrait compte qu'il n'y a sans doute pas beaucoup plus d'un adhérent sur 10 dans le PCF actuellement qui ait adhéré et milité à l'époque où il n'avait pas encore définitivement dégénéré sous le signe de la baguette révisionniste moderne.
Le Parti "communiste" français a donc bien connu une profonde transformation de son contenu social, depuis vingt ans, et plus particulièrement depuis une dizaine d'années. Les hommes et les femmes qui ont adhéré pendant la guerre pour prendre sous sa direction les armes contre les nazis ne représentent plus qu'un infime pourcentage de ses militants, bien que leur génération les place dans une même tranche d'âge allant actuellement de 54 à 75 ans approximativement.
Ce phénomène, qui n'a pu se produire sans qu'il soit délibéré et encouragé par les dirigeants en place, et notamment par le Secrétaire à l'organisation qui ne fut autre pendant des années que Georges Marchais en personne, a pour conséquence bien évidente la transformation complète de l'idéologie révolutionnaire des membres du PCF en idéologie caractéristique de la bourgeoisie. Ne nous étendons pas sur ce sujet qui pourrait fournir de quoi parler longuement: les majorettes, tambour major en tête et uniformes chamarrés de style américain sont là pour nous avertir : le PCF est désormais placé dans la zone d'influence morale, culturelle et idéologique de la bourgeoisie.
Ses fêtes, organisées avec l'apport d'une publicité commerciale gigantesque, et la participation nullement gratuite des artistes les plus réactionnaires, voire fascisants comme Sardou, en sont aussi d'éclatants témoignages. Les propos sexistes et les paroles grossières de certains de ses militants attaquant sur le marché d'Ivry nos camarades femmes en train de diffuser notre journal témoignent d'un mépris profond de la femme.
Cette attitude n'a rien à voir avec l'idéologie de ceux qui veulent instaurer le socialisme et en définitive ne traduit rien d'autre qu'une mentalité individualiste et brutale, aussi bien vis-à-vis de tous les hommes que des femmes elles-mêmes. Dernier exemple de cette idéologie, la construction et aujourd'hui l'utilisation faite par le PCF du Palais de verre de la place du colonel Fabien, dont le luxe et l'architecture prouvent combien ces gens se croient déjà définitivement installés au pouvoir, ou proches de l'être, et ne sont donc pas des révolutionnaires.
Les révisions, abandons et reniements théoriques du marxisme-léninisme se sont effectués suivant un long processus qu'il faudra bien étudier de manière approfondie un jour, et le plus tôt sera le mieux. Les racines de ce processus existaient déjà avant 1939 et se révélaient dans l'esprit opportuniste de droite et parlementaire impulsé par Maurice Thorez. L'attitude du Parti envers les peuples colonisés était aussi la marque d'une idéologie rompant avec le léninisme à la fois sur le plan théorique et dans la pratique.
Pendant la guerre et l'occupation nazie, le Parti dirigea des luttes héroïques et des dizaines de milliers de ses militants sont morts sous son drapeau.
Mais si nous nous attachions à étudier la ligne suivie pendant toute cette période, nous découvririons que les dirigeants communistes ont délibérément placé toutes leurs forces à la remorque de la bourgeoisie. Ils n'ont pas contesté une seconde l'auto-institutionnalisation de la France-libre et de son Empire par De Gaulle à Brazzaville en octobre 1940.
Ensuite, avant même le déclenchement de l'agression hitlérienne contre l'Union soviétique, en mai 1941, dans une résolution célèbre du Comité central clandestin du PCF, ils ont annoncé leur actif soutien à toutes personnalités et tous généraux de la bourgeoisie qui engageaient la lutte contre l'occupant. La ligne de collaboration de classe avec la bourgeoisie n'a pas commencé en 1945, après la Libération, mais bien avant, au cours et à l'occasion de la guerre elle-même.
Dans la question du Front national, les dirigeants du Parti communiste français ont adopté une ligne opportuniste qui consistait d'emblée à délaisser l'objectif stratégique de tout parti communiste authentique concernant la révolution prolétarienne, même si se présente une étape préalable comportant la nécessité de réaliser d'abord une révolution de libération nationale.
Après la Libération, Thorez, de retour de Moscou, a pris une initiative dont on peut assurer qu'elle fut la première manifestation du révisionnisme moderne après les prises de position du dirigeant américain Earl Browder aux Etats-Unis en 1939. Il accorda en effet une déclaration au grand journal anglais "Times" qui la publia le 18 novembre 1946.
Dans le corps de cette déclaration figurait le passage suivant : "Les progrès de la démocratie à travers le monde, en dépit de rares exceptions qui confirment la règle, permettent d'envisager pour la marche au socialisme d'autres chemins que celui suivi par les communistes russes. De toute façon, le chemin est nécessairement différent pour chaque pays. Nous avons toujours pensé et déclaré que le peuple de France, riche d'une glorieuse tradition, trouverait lui-même sa voie vers plus de démocratie, de progrès et de justice sociale".
Par cette déclaration, le secrétaire général du Parti "communiste" français, s'appuyant sur le prétexte d'ailleurs jamais contesté par les marxistes-léninistes des conditions spécifiques nationales de chaque révolution prolétarienne, préparait insidieusement la voie à la révision et à la trahison des principes révolutionnaires universels établis par Marx, puis par Lénine sur la question du passage du capitalisme au socialisme. Il renonçait à la voie inéluctable de la violence révolutionnaire armée.
Les grandes étapes ultérieures de la pénétration du révisionnisme moderne dans le Parti communiste français peuvent être sommairement énumérées comme suit: de 1956 à 1960, l'approbation sans réserve des thèses développées par Khrouchtchev devant le XXe Congrès du Parti communiste d'Union soviétique. En 1962, 1963 et au cours des années suivantes, le débordement des injures lancées contre le Parti communiste chinois et contre le Parti du travail d'Albanie, après avoir essayé de se faire le conciliateur auprès de ce dernier pour le réconcilier avec les révisionnistes khrouchtchéviens. En mars 1966, l'adoption du fameux Manifeste d'Argenteuil sur les problèmes idéologiques et culturels.
Ensuite, l'adoption en décembre 1968 du Manifeste de Champigny "Pour une démocratie avancée, pour une France socialiste". Puis, le 27 juin 1972, la signature du "Programme commun de gouvernement du Parti communiste français et du Parti socialiste" qui va fonder toute la politique du PCF au cours des années suivantes et la fonde encore aujourd'hui en dépit de la rupture. Marchais déclare à son sujet: "Nous n'avons pas de stratégie de rechange".
Tout ce processus constituait la révision, l'abandon et la violation des principes révolutionnaires du marxisme-léninisme, mais il lui restait encore à en tirer officiellement les conséquences théoriques. Cette tâche fut assumée par le XXIIe Congrès réuni en février 1976. Dans ce Congrès, les dirigeants du Parti révisionniste firent approuver le rejet officiel du principe marxiste-léniniste de la dictature du prolétariat et préparèrent les conditions du rejet de tous les autres principes marxistes-léninistes dont se réclamait encore en paroles leur Parti.
A plusieurs reprises, depuis lors, Marchais déclara de manière fanfaronne: "Nous irons encore beaucoup plus loin", et, de fait, dans deux numéros successifs de l'hebdomadaire central du PCF, France nouvelle, les 5 et 12 décembre 1977, Jean Kanapa a publiquement révisé et abandonné le contenu de classe du principe de l'internationalisme prolétarien, en annonçant qu'il importait de le remplacer par le principe de la solidarité internationaliste, car le premier aurait signifié la soumission inconditionnelle au Parti et à l'Etat d'Union soviétique, ce qui est totalement faux.
Enfin, on parle actuellement dans les rangs du parti révisionniste de rejeter le principe du centralisme démocratique. Il est vrai que le juste fonctionnement prolétarien de ce principe mis au point par Lénine est violé depuis longtemps par les dirigeants du parti révisionniste qui l'avaient remplacé par un autoritarisme bureaucratique.
Mais, que devient donc aujourd'hui la ligne politique du Parti "communiste" français dans les conditions concrètes de toutes ces violations des principes du marxisme-léninisme ?
La stratégie et la ligne politique du parti révisionniste français se réduit ni plus ni moins à la stratégie et à la ligne d'un parti bourgeois, qui aspire à conquérir le parlement, le gouvernement et l'Etat pour assurer lui-même la direction et la gestion du système capitaliste.
A cet égard, la conception qu'avancent Marchais et ses acolytes au sujet du programme commun de gouvernement est tout à fait claire. Pour eux, il s'agit de parvenir, par la voie électorale qui n'exclut pas le développement de manifestations populaire, à entrer dans le gouvernement. La rupture avec les socialistes traduit la volonté forcenée des révisionnistes d'utiliser l'infiltration dans les organismes dirigeants aussi bien des grandes sociétés nationales ou nationalisables, que dans les autres rouages des Ministères, des administrations, en définitive des organes de l'Etat, pour préparer leur domination hégémonique du pouvoir et de la société française. S'agit-il d'une tactique pour passer au socialisme ?
En aucune manière puisqu'il ne serait qu'un capitalisme monopoliste d'Etat dont ils assureraient la direction et l'administration bureaucratique. Marchais n'a pas manqué d'être très explicite à ce sujet quand il a tenté de rassurer les ingénieurs, cadres et techniciens en leur promettant qu'ils conserveraient toutes leurs places dans la nouvelle organisation des entreprises et de l'Etat. Naturellement, ce qu'il ne leur a pas dit, c'est qu'ils se trouveraient alors sous la férule de ministres et de PDG membres du parti révisionniste.
En fait, le Parti révisionniste représente les intérêts non point de la bourgeoisie capitaliste monopoliste ancienne et encore en place, mais ceux d'une nouvelle bourgeoisie révisionniste susceptible de fournir l'encadrement bureaucratique du capitalisme monopoliste d'Etat porté à son point de concentration le plus achevé, exactement comme en Union soviétique. Cette nouvelle bourgeoisie révisionniste s'est formée à partir d'éléments de l'aristocratie ouvrière et de la vieille bourgeoisie infiltrée dans le parti.
Pour mettre en oeuvre sa stratégie, le parti révisionniste croyait pouvoir utiliser le parti socialiste en le dominant. Mais en ce domaine, il a complètement échoué. En remettant en selle les politiciens sociaux-démocrates et en leur assurant un soutien qui a rétabli leur prestige effondré, Marchais et les dirigeants révisionnistes ont un peu joué aux apprentis sorciers. Ils se sont trouvés rapidement dépassés et, contrairement à ce qu'ils avaient espéré, le parti de Mitterrand, Deferre, Maurois et Rocard a débordé l'influence électorale du Parti communiste français, ce qui ne s'était jamais produit depuis 1945. Du coup, le PCF n'est plus maître du jeu et se trouve contraint non seulement à un partage du pouvoir dont il espérait ne pas avoir à endosser les conséquences, et à accepter que ce pouvoir soit sous direction socialiste. Le plan stratégique des révisionnistes débouche sur un échec retentissant. C'est là ce qui explique en majeure partie la nouvelle tactique du PCF, qui préfère rompre avec ses partenaires et alliés s'il ne détient pas la première place, c'est à dire la place dirigeante dans l'Union de la gauche et dans le gouvernement chargé de mettre en application le programme commun.
....... A ce sujet, la question a été posée, essentiellement par les adversaires des révisionnistes que sont les partis bourgeois représentant les intérêts de classe de la bourgeoisie monopoliste ancienne et encore au pouvoir : le PCF a-t-il agi en obéissant à des injonctions venues du Parti communiste d'Union soviétique ?
Il n'y a pas si longtemps, à l'époque de notre IIe Congrès, nous aurions répondu par l'affirmative sans nulle hésitation. Pour nous, le PCF n'était autre que la cinquième colonne du social-impérialisme soviétique.
Les événements, les faits, les réalités, nous ont amenés à corriger cette affirmation totalement unilatérale et subjectiviste. Depuis déjà plusieurs années, le Président Mao avait indiqué que les partis révisionnistes occidentaux n'étaient pas des cinquièmes colonnes du Parti et de l'Etat soviétiques. (...) En fait, Mao Tsetoung prévoyait fort bien le phénomène que l'on désigne aujourd'hui couramment sous le nom d'euro-communisme, que nous nommons nous-mêmes euro-révisionnisme. Il s'agit encore d'un phénomène dont l'analyse est assez délicate.
Il importe en effet d'effectuer à son sujet une analyse profonde de la portée historique de la dégénérescence des partis communistes d'Europe occidentale placés sous la domination de l'idéologie révisionniste moderne. De nombreux camarades sont pressés que nous fournissions des réponses claires et catégoriques à ce sujet. Ils ne comprennent pas qu'il est extrêmement délicat d'avoir une connaissance définitive d'un phénomène avant même qu'il ne soit parvenu à la fin de son processus de développement, à son dénouement. Dire que maintenant le PCF est irréversiblement un Parti révisionniste et bourgeois, voilà qui est aisé et sans risque d'erreur. Indiquer de façon assurée s'il va continuer un processus l'éloignant ou le rapprochant du Parti révisionniste soviétique, centre mondial du révisionnisme moderne, voilà qui est plus difficile à l'heure actuelle.
Un fait est certain: les partis révisionnistes d'Europe occidentale agissent de manière de plus en plus indépendante par rapport au parti révisionniste d'Union soviétique. Mais cette indépendance s'affirme pour le moment essentiellement dans la détermination de leurs lignes politiques à l'intérieur des pays respectifs où ils interviennent. A l'exception du parti révisionniste espagnol, les partis euro-révisionnistes n'en définissent pas moins une ligne internationale qui soutient concrètement et activement celle du Parti révisionniste d'Union soviétique.
En ce qui concerne le Parti révisionniste français, c'est là un fait indéniable et ses prises de position condamnant la brutalité de la répression en Union soviétique, après avoir aussi stigmatisé l'intervention militaire et l'occupation de la Tchécoslovaquie ont moins de portée internationale en définitive que le soutien aux agissements des dirigeants soviétiques pour semer les illusions de la détente à travers différentes conférences réunies à Helsinki ou Belgrade.
D'ailleurs, le PCF a rigoureusement les mêmes positions que l'URSS au sujet de tous les conflits et événements qui surviennent dans les pays du tiers-monde, notamment en Afrique et dans le Proche-Orient à l'heure actuelle. Lors des événements du Chili, d'Angola, du Zaïre, du Liban, la politique suivie par les deux partis a été la même.
Mais le point le plus important qui permette de souligner la convergence des lignes internationales des révisionnistes français et soviétiques, concerne leur attitude vis-à-vis du Parti communiste chinois et de la République populaire de Chine. A cet égard, il suffit de lire l'article publié par les "Cahiers du communisme" de novembre 1977 sur le XIe Congrès du Parti communiste chinois, ou encore le passage consacré à ce dernier dans l'article de Kanapa sur le Mouvement communiste international publié dans "France nouvelle", le 12 décembre 1977, pour constater l'identité ou la proximité des appréciations et positions des deux partis révisionnistes.
Naturellement, nous ne devons pas ignorer que d'autres aspects paraissent intervenir en sens inverse, notamment au sujet des relations entre partis révisionnistes au sein de leur communauté internationale. Aussi l'opposition ou les réticences du Parti révisionniste français à participer à de nouvelles conférences internationales ne sont nullement ambiguës. Ses protestations contre les ingérences soviétiques dans la vie interne des partis euro-révisionnistes sont aussi très nettes.
Que signifient ces faits, contradictoires pour les uns, convergents pour les autres ? Il est délicat d'en fournir une explication définitive.
Mais nous pensons que le parti révisionniste français est aujourd'hui traversé par des courants divergents de plus en plus opposés. Par exemple, il est assuré que subsiste dans ses rangs un courant favorable à une politique entièrement subordonnée aux intérêts de l'Union soviétique. Le journal du groupe "Le Communiste" s'en fait ouvertement le porte-parole et, même si leurs âges assez avancés autorisent à penser que certains dirigeants comme Jeannette Thorez-Vermersch n'ont plus d'activités militantes soutenues, il reste certain qu'ils interviennent pour soutenir à fond les révisionnistes sociaux-impérialistes et sociaux-fascistes. Mais ce courant, ces militants ne sont pas vraiment en mesure de faire triompher leur ligne.
A l'opposé, un ou plusieurs autres courants se développent, que nous pourrions caractériser comme se rattachant à un révisionnisme "national", exigeant sa totale indépendance par rapport au parti soviétique. Ce ou ces courants ne peuvent pas non plus, pour le moment imposer l'intégralité de leur projet politique. De plus, il ne faut pas oublier que le Parti révisionniste soviétique n'hésite pas quand il le juge indispensable, à recourir à la création de nouveaux partis pro-soviétiques s'opposant aux partis euro-révisionnistes ou qualifiés d'opportunistes de droite. C'est là ce qui s'est passé pour l'Espagne, en Grande-Bretagne, en Grèce, ainsi que dans des pays nordiques.
Notre Parti a pour tâche de suivre avec le maximum d'attention et de vigilance l'évolution en cours du Parti révisionniste français, dans la mesure où il continue à exercer une influence néfaste non négligeable sur la classe ouvrière et les masses populaires de notre pays.
Il se pourrait d'ailleurs que sa rupture avec le Parti socialiste, si elle se poursuit à l'occasion du second tour des élections législatives, renforce cette influence dans la classe ouvrière, tout en réduisant la clientèle électoraliste des dirigeants révisionnistes dans les couches moyennes.
Quelle attitude notre Parti doit-il adopter vis-à- vis du Parti "communiste" français ? Notre Parti a pour tâche fondamentale de dénoncer systématiquement les reniements et trahisons du révisionnisme moderne. Il doit attaquer prioritairement le centre mondial de cette idéologie qui s'est transformé en bastion social-impérialiste et social-fasciste, ennemi commun, avec l'impérialisme américain, de tous les peuples du monde, et danger principal à l'heure actuelle pour le déclenchement d'une guerre mondiale.
Mais en France même, notre Parti a également pour tâche de dénoncer systématiquement la politique, l'idéologie et la stratégie des dirigeants du Parti communiste français, tant sur le plan intérieur que sur le plan international.
Cependant, notre Parti commettrait une grave erreur à la fois idéologique et tactique s'il n'effectuait pas une distinction claire et précise entre les dirigeants révisionnistes modernes français d'une part et les militants de base et sympathisants d'autre part. Comment pourrions-nous penser un seul instant dans les conditions actuelles en effet que ces derniers, y compris les millions d'électeurs et électrices qui ont l'habitude d'accorder leur confiance au Parti "communiste" français, ne soient pas plongés dans un trouble profond par la rupture de l'Union de la gauche ?
Tous ces gens croyaient déjà détenir la clef des changements avec la perspective d'un changement de majorité et donc de gouvernement. Ils ne doutaient pas une seconde de la victoire et voyaient déjà les dirigeants de leur Parti ou les députés pour lesquels ils allaient voter, devenir Ministres, et, qui sait, peut-être même Georges Marchais devenir Président ou vice-président du gouvernement.
L'électoralisme conjugué avec le révisionnisme moderne a provoqué les plus dangereuses illusions dans la classe ouvrière de France et parmi les masses populaires sur la possibilité d'un passage pacifique du capitalisme au socialisme. Nous devons en parler avec gravité, camarades, car c'est ce genre de rêves, c'est cette drogue qui ont paralysé pendant des années et des années les travailleurs de notre pays, qui ont affaibli leur esprit révolutionnaire pourtant conforme aux traditions historiques de notre prolétariat et de notre peuple.
Nous devons en parler avec gravité, oui, car l'expérience historique d'une telle démobilisation par les dirigeants révisionnistes, c'est le Chili et les dizaines de milliers d'ouvriers et paysans assassinés par cette armée que Luis Corvalan, le Marchais chilien, vantait si ardemment pour ses qualités démocratiques.
La période qui s'ouvre sera fertile en événements politiques, elle est une période d'instabilité politique de la France dominée par la crise générale du capitalisme ici et dans le monde. Les dirigeants du PCF proclament qu'ils n'ont pas de stratégie de rechange. Notre Parti offre à la classe ouvrière et aux masses populaires une stratégie fondée sur les principes révolutionnaires éprouvés du marxisme, du léninisme et de la pensée maotsetoung.
Notre Parti présente des candidats dans un certain nombre de circonscriptions et mène la bataille dans les conditions que vous savez, dans les circonscriptions où il ne présente pas de candidats. Mais nous n'allons pas nous arrêter longuement sur cette question dans un Congrès qui doit fixer notre ligne idéologique et politique pour une période beaucoup plus longue que les deux mois à venir. Tout en participant à cette bataille électorale législative, notre Parti sait très bien et doit dire partout qu'elle ne règlera rien en elle-même, quel qu'en soit le résultat.
Les changements profonds auxquels aspirent légitimement tous les ouvriers, les petits paysans et les masses populaires ne sortiront pas des urnes. Le seul et unique résultat que notre Parti attend des urnes, c'est le renforcement de ses liens de masse avec tous les travailleurs des villes et des campagnes, c'est l'amélioration de son édification, c'est un premier recul de l'influence des dirigeants révisionnistes sur la classe ouvrière.
Là et là seulement, réside le sens de notre participation à ces élections, que nous ne tenons ni pour une fin ni même pour un commencement, mais seulement comme un moment plus favorable à l'élévation des capacités d'intervention de notre Parti dans la bataille fondamentale qui oppose en France le prolétariat et ses alliés à la bourgeoisie capitaliste sous ses différents visages.