L'attribution des Jeux Olympiques de 2024 à Paris comme signe de l'offensive de l'impérialisme français
Submitted by Anonyme (non vérifié)L’attribution des Jeux Olympiques de 2024 à Paris a été officialisée ce mercredi 13 septembre 2017. C’est un aboutissement pour la bourgeoisie modernisatrice française qui porte le projet depuis de nombreuses années. Ces Jeux Olympiques doivent avoir une place importante dans le dispositif impérialiste afin de mettre en avant la France comme un pays moderne et à l’avant-garde des nations.
Ces Jeux de 2024 sont un symbole important puisqu’ils auront lieu cent ans après les derniers Jeux Olympiques à Paris en 1924. Depuis cette époque, la bourgeoisie française n’a pas été en mesure de faire aboutir un projet olympique, mis à part pour les Jeux d’hiver. Plusieurs candidatures, à Paris mais aussi Lyon et Lille, ont échouées.
La donne a changé. Le contexte était certes favorable avec le retrait de plusieurs candidatures importantes et la possibilité d’un accord avec Los Angeles qui a accepté de se voir attribuer les Jeux Olympiques de 2028. Néanmoins, l’obtention de ces Jeux Olympiques pour 2024 est un marqueur de la vigueur de la France, qui entend occuper une place particulière parmi les puissances impérialistes.
Le ton était donné lors de la conférence de présentation et d’attribution de ces Jeux Olympiques à Lima. Une vidéo présentant « 24 mots pour Paris » affichait des termes comme :
« open », « green », « culture », « gastronomie », « élégante », « lumière », « amour », « liberté », « joie de vivre », « unique », etc.
Cette vidéo existait déjà mais une mise à jour a été faite avec l’ajout du joueur de football du Paris Saint-Germain « Neymar » s’exclamant « ici c’est Paris ! ».
On est là en plein prolongement du rêve bourgeois du XIXe siècle qui a fait de Paris une « ville lumière », capitale de la « Belle époque » du capitalisme, et ville mondiale absorbant la culture depuis tous les pays. C’est d’ailleurs en pleine « Belle Époque », à Paris, que le Baron Pierre de Coubertin a impulsé les Jeux Olympiques modernes.
Il était expliqué lors de cette conférence à Lima que l’attribution de ces Jeux à Paris en 2024 était « le mariage du sport, du patrimoine et de la culture ». Il a été question d’art de vivre à la française et toute la communication à propos de ces Jeux insiste sur le caractère exceptionnel des épreuves qui auront lieu dans des endroits uniques : l’escrime au Grand Palais, le cyclisme sur route sur les Champs-Élysées, le tir à l’arc devant l’Hôtel des Invalides, l’équitation à Versailles, etc.
La France, via sa capitale, se présente comme différente, rayonnante, au-delà des clivages. Paris est d’ailleurs redevenue la première destination touristique mondiale, malgré une baisse ces dernières années due aux attentats. La ville de Paris fait rêver dans le monde entier.
Au XXIe siècle, Paris s’imagine toujours à l’avant-garde de son époque. La maire Anne Hidalgo expliquait à Lima à propos de ces Jeux Olympiques de 2024 que cela serait l’occasion de transmettre aux générations futures un monde respirable. Elle a bien compris et expliqué que les villes sont au coeur du problème en ce qui concerne l’urgence face au réchauffement climatique.
Elle a aussi expliqué de retour en France que c’était un véritable « projet de société », permettant de « transformer nos sociétés, à travers le sport, pour quelles soient meilleures ».
C’est que la bourgeoisie modernisatrice française s’imagine pouvoir gérer le situation via quelques mesures anecdotiques comme des autoroutes cyclables dans le centre de Paris. Elle s’imagine aussi pouvoir nier la lutte des classes en forçant l’unité nationale autour de grands projets.
Cela est bien sûr de la poudre aux yeux, bien en deçà des exigences de notre époque. Mais ces Jeux Olympiques de 2024 sont un moyen très efficace pour le dispositif bourgeois.
Les masses populaires aiment le sport. Elles se le sont attribué malgré l’élitisme aristocratique et bourgeois des origines du sport au XIXe siècle. Elles veulent en faire un moyen de vertu et d’expression de la morale, malgré la corruption induite par le capitalisme avec le business, le dopage ou la tricherie.
D’après un sondage publié par le Journal Du Dimanche, 83 % de la population française considère ces Jeux Olympiques de 2024 à Paris comme une bonne nouvelle et 95 % ont l’intention de suivre les épreuves.
Ces chiffres ne doivent pas étonner. Il y a forcément là une part de fuite en avant, d’esprit de soumission face aux grands projets de la bourgeoisie. Le président Emmanuel Macron en a d’ailleurs largement profité pour triompher en expliquant aux membres du comité olympique français qu’ils avaient « fait taire les grincheux ».
Tout le monde feint d’ignorer que la flamme olympique est une tradition instaurée par les nazis lors des Jeux Olympiques de Berlin en 1936.
Tout le monde feint d’ignorer que les processus d’attribution des Jeux Olympiques est opaque et non démocratique, avec de nombreuses affaires de corruptions.
Tout le monde feint d’ignorer que le Comité International Olympique (CIO) a à sa tête un businessman et que les Jeux Olympiques sont systématiquement le moyen pour des grands groupes monopolistes d’élargir leur emprise au détriment des comptes publics.
Mais il y a aussi de la part des masses la volonté d’avoir une démarche positive, d’apprécier la culture et les réalisations humaines. C’est un aspect positif, éminemment positif.
Ces Jeux Olympiques doivent avoir lieu dans sept ans. Le monde aura déjà beaucoup changé d’ici là. La bourgeoisie française, malgré ses prétentions, ses relais et son immense héritage, n’est pas en mesure de faire autre chose que de la communication. Tout peut s’effondrer rapidement et le mirage se dissiper.
Aujourd’hui, le consensus est quasiment général en France derrière la bourgeoisie modernisatrice et ses Jeux Olympiques à Paris en 2024. Cela ne saurait durer.