Projet de loi travail et « Nuit debout », une expression prolongée et misérabiliste de la petite-bourgeoisie
Submitted by Anonyme (non vérifié)Le mouvement contre le projet de loi travail a été récupéré par la petite-bourgeoisie : on en a une preuve flagrante avec le ridicule mouvement « Nuit debout », strict équivalent « de gauche » du mouvement des « Veilleurs » de la Manif pour tous.
« Nuit debout », qui utilise notamment twitter pour informer, consiste à se regrouper place de la République, à Paris, pour échanger des points de vue relevant du populisme anticapitaliste, de la peur du déclassement, dans l'esprit des « cahiers de doléances » de la Révolution française.
Le petit-bourgeois, pris de rage mais opposé à la révolution, cherche à trouver une solution intermédiaire sur le plan de la forme. Quant au contenu, on assiste depuis quelques mois à une débauche de dramatisation des plus pathétiques.
A lire les représentants de ces courants petit-bourgeois, la police pourchasserait les opposants sans relâche et assassinerait impunément de manière régulière comme dans une dictature fasciste, on aurait régressé socialement au XIXe siècle, les patrons seraient tout puissants, l'apartheid serait instaurée, les lesbiennes pourchassées, etc.
C'est à croire que la France n'est plus une des principales puissances impérialistes, avec des masses participant massivement à la consommation capitaliste, depuis la mode jusqu'aux produits high-tech.
C'est aussi une dramatisation ridicule si l'on compare à la violence sociale passée, ne serait-ce que celle des années 1970, sans parler de celle des années 1930.
Cependant, la petite-bourgeoise est obligée de dramatiser, d'utiliser de manière éhontée le misérabilisme, afin de se présenter comme « radicale » et ainsi d'être en mesure d'entraîner avec elles les masses vraiment appauvries et précarisées. Cette manière de jouer sur le misérabilisme est typique de l'approche petite-bourgeoise « catho de gauche », qui cherche par ce biais à contourner la question centrale de la lutte de classes : l'exploitation.
C'est là une opération de prise de contrôle des revendications dans le sens de la petite-bourgeoisie. C'est le sens de l'intense propagande menée ces dernières semaines en faveur d'un « revenu à vie », vieille lune petite-bourgeoise déjà largement mise en avant dans les années 1970, notamment en Italie par Toni Negri et défendue tout autant par la petite-bourgeoisié de gauche que par les catholiques ou les ultra-libéraux.
Les classes n'existeraient plus, il n'y aurait plus qu'un salariat qu'il faudrait « réorganiser ».
Une des figures émergentes de cette tendance est l'économiste Frédéric Lordon, professeur à l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales et collaborateur du Monde Diplomatique, qui veut limiter les bénéfices des actionnaires.
Son blog « Pompe à phynance » a comme mot d'ordre : « Contre le système bancaire-actionnaire ».
Présent avant-hier à une « nuit debout », voici ce qu'il a notamment lu devant les gens :
« En donnant au capital des marges de manœuvre sans précédent, cette loi [travail] est génératrice de la violence néolibérale qui frappe désormais indistinctement toutes les catégories du salariat et, par là, les pousse à redécouvrir ce qu’elles ont en commun : la condition salariale même.
Et ceci par-delà les différences qui les tenaient séparées.
Oui, il y a bien quelque chose de profondément commun entre les Goodyears, les Contis, les cheminots en luttes, Henri, l’ingénieur super qualifié d’un sous-traitant de Renault qui est licenciable pour avoir un peu trop parlé de « Merci patron! » sur son lieu de travail, avec Raja, salarié précarisé de la société de nettoyage Onet licencié et renvoyé à la misère pour une faute ridicule, et avec tous les étudiants qui contemplent à travers eux ce qui les attend. Je pourrais allonger cette liste indéfiniment, car la réalité, c’est qu’à l’époque que nous vivons, elle est interminable (...).
Nous laissons donc un certain syndicalisme couché à ses reptations habituelles. Et pour notre part, nous sommes maintenant bien décidés à emprunter une autre voie. La voie qui révoque les cadres, les rôles et les assignations. La voie du désir politique qui pose et qui affirme. »
C'est absolument clair politiquement : les ouvriers et les précaires devraient se mettre à la remorque de la petite-bourgeoisie, plus précisément des étudiants désireux de faire carrière, des salariés du public, des salariés protégés au sein des grandes entreprises.
Il faudrait éviter les termes et expressions « bourgeoisie », « prolétariat », « lutte des classes », « État », pour se cantonner dans une exigence de soutien de classes entre le prolétariat et la petite-bourgeoisie, cette dernière prétendant comme d'habitude représenter la société toute entière face à une poignée d'actionnaires.
Ce plan petit-bourgeois – du même type que les mouvements Occupy Wall Street, Podemos, les Indignés, dans le prolongement de l'altermondialisme – doit être réfuté, tout comme toutes les contributions de l'ultra-gauche à donner un masque « révolutionnaire » à ce qui ne l'est pas.